Paris, le 14 octobre 2017. 

Nous condamnons avec la plus grande force la tentative de déstabilisation inacceptable dont a fait l’objet l’association Mains d’Œuvres à Saint-Ouen.

L’intervention, à la fin de la semaine dernière d’une vingtaine de policiers du commissariat et de la police municipale est un mauvais signe envoyé à la culture et aux arts dans leur ensemble.

Si l’artiste Yoko Ono n’a pas été interpellée pour exhibition à travers son happening Cut Piece à Paris en 1964, c’est parce qu’il s’agissait d’une œuvre d’art. Si l’artiste Dirty Corner n’a pas été interpellé pour atteinte à l’ordre public en 2015, c’est parce que son œuvre, Le vagin de la reine était d’abord une œuvre d’art.

Dans la France de Voltaire et de l’irrévérence, nous nous désolons que la représentation artistique autour du chanvre puisse encore servir de prétexte à l’intervention des forces de l’ordre. La nudité serait-elle la seule provocation artistique tolérée ? Ou est-ce la Mairie de Saint-Ouen, principal acteur de cette mascarade, consacrant aujourd’hui le sacrifice de l’art sur l’autel de la démagogie prohibitionniste, qui profite de ce prétexte inique pour essayer à déloger un espace culturel devenu encombrant.

A l’heure où la Mairie devrait soutenir des actions de prévention pour endiguer les risques et limiter les trafics, elle sombre dans la répression de la liberté d’expression, s’en prenant avec virulence à des artistes qui n’ont commis pour seul crime que de parler de cannabis. L’exécutif participe ainsi à un mouvement de diabolisation des drogues et contribue de manière indirecte à l’insécurité sanitaire et sociale.

Nous ne pouvons pas accepter que l’expression artistique soit à ce point brimée et que la libre expression d’artistes soit remise en cause par une municipalité qui semble être à bout de souffle sur la question de la politique de gestion des stupéfiants dans sa ville.

Nous, association de citoyens soutenant une politique de réduction des risques à l’égard des usagers de drogues, invitons les Audoniens à agir en faveur d’un espace où la culture est reine, où la liberté d’expression prône, et où le seul sceptre de la justice est celui de la création artistique.

Nous affirmons par la présente notre soutien plein, entier et inconditionnel à l’association Mains d’œuvres et formons le souhait que la galerie d’art Supérettes, libre, indépendante et volontairement provocante puisse être maintenue.

A ce titre, NORML France signe la pétition pour la préservation du bail et des locaux. 

Le comité NORML Paris,
soutenu par le Bureau Exécutif NORML France.

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