Rappel à la loi : L’usage de chanvre est puni d’un an de prison et de 3750€ d’amende en France.
Les différentes formes de chanvre (cannabis)
Les produits bruts: les sommités fleuries
Les usagers consomment les sommités fleuries (« têtes ou buds ») du chanvre femelle. Ces sommités composées des fleurs non pollénisées et des feuilles apparaissant au stade floral, sont en réalité des fruits parthénocarpiques (fruit qui se développe en cas de non pollénisation d’une fleur aux dépends de cette dernière) mais le terme de fleurs apparait plus approprié que celui de fruit.
- Les jus de chanvre frais: les jus obtenus en mixant les fleurs et les feuilles de la plante femelle les jours suivants sa récolte contiennent des cannabinoïdes sous formes acides (formes non décarboxylées). C’est le chauffage qui entraine une décarboxylation des phytocannabinoïdes, et dans une moindre mesure aussi le séchage et l’affinage des fleurs au cours du temps. Le THC sous sa forme acide n’est pas psychoactif et cette forme permettrait d’ingérer de fortes doses de cannabinoïdes acides avec une bien meilleure tolérance. Les effets potentiellement bénéfiques pour la santé des formes acides commencent seulement à être étudiés et nous avons besoin de faire de la recherche dans ce domaine.
- Les fleurs de chanvre séchées et affinées: appelées classiquement herbe, weed, beuh, ganja, ou encore zamal, sont des sommités fleuries constituées d’un amas de brachtées enveloppant chacune deux stigmas femelles (pistils blancs). Les brachtées sont recouvertes de trichromes (bulles de résine) qui contiennent les principes actifs responsables de l’ivresse cannabique (THC) et de ses effets médicinaux. La période de séchage dure environ 3 semaines, suivie dans le meilleur des cas d’une période d’affinage (curing) durant 3 à 6 mois, indispensable au développement des qualités olfactives et gustatives des fleurs. Les petites feuilles riches en trichomes qui entourent les sommités fleuries sont conservées comme substitut de tabac ou retirées au ciseau après la récolte dans un processus appelé « manucure » (ou trim). Ces dernières sont généralement utilisées par les usagers pour faire du beurre et selon une tendance récente de la résine ou des concentrés. La concentration en THC et CBD varie classiquement entre 0,1% et 25% selon les variétés.
- Les médicaments à base de sommités fleuries titrés et standardisés : bedrocan (THC 22%/CBD <1.0%), bediol (THC 6.3%/CBD 8%), bedrobinol (THC 13.5%/CBD <1.0%), bedica (THC 14%/CBD <1.0%), bedrolite (THC <1.0%/CBD 9%).
Les produits transformés
- La résine de chanvre (haschich, hash, shit. teuchi, chichon, …) Elle est réalisée par une extraction mécanique soit en frottant, soit en tamisant les sommités fleuries pour récolter la résine. Cette extraction mécanique peut se faire à sec (polinator) ou à l’eau (ice-o-lator) et elle est favorisée par le froid qui décolle les trichomes. Le résultat de ces opérations se présente sous forme d’une pâte malléable dont la couleur peut varier du jaune (marocain traditionnel) au noir (afghan), en passant toutes les variantes de brun selon la variété de chanvre et le procédé d’extraction. Le haschich vendu au marché noir en France est souvent altéré par divers produits de « coupage » (henné, paraffine, plastiques, huile de vidange, colle, mercure, plomb…) et le taux de THC varie classiquement entre 3 et 30% tandis que le taux de CBD est généralement plus élevé que dans les fleurs.
- Le beurre infusé (beurre de Marrakech) : Il est réalisé par filtration puis décantation d’une infusion de feuilles ou de fleurs chauffée avec du beurre et de l’eau. Réalisé assez facilement de façon artisanale à domicile, il peut avoir des concentrations très variées et peut être difficile à doser en cuisine pour les usagers novices.
- Les médicaments à base d’extraits titrés et standardisées de sommités fleuries : Sativex, Epidiolex (GW pharmaceutical)
Les produits concentrés
Ces produits contiennent généralement de forte doses de cannabinoïdes puisqu’il s’agit de concentrés de trichomes purs, notamment les huiles qui peuvent titrer à plus de 50% de THC. A cette concentration, le THC peut être hallucinogène et le produit plus addictif.
- Les teintures-mères et extractions (Rick Simpson Oil, CBD Oil). Les préparations résultent d’une extraction à l’alcool des sommités fleuries ou de résine de chanvre. Les teintures-mères de cannabis dans de l’alcool étaient vendues par les pharmaciens au début du 20ème siècle. Certaines extractions sont plus concentrées en THC, d’autres le sont plus en CBD quand encore d’autres cherchent à atteindre un ratio THC:CBD équilibré de 1:1.
- Les multiples types de concentrés solides (cire, miel d’ange, shatter, BHO). Ces préparations résultent de différentes techniques d’extraction, soit par pression et chaleur (RosinTech), soit par extraction sous pression au butane (Butane Honey Oil), technique nécessitant une purge adéquate, ou au CO2, système le plus performant mais aussi plus onéreux.
Attention, ne pas confondre l’huile contenant des principes actifs issue des fleurs du chanvre femelle avec l’huile alimentaire issue du chènevis (graines) ou l’huile à but industriel/utilitaire, obtenue à partir des plants entiers.
- L’huile alimentaire, obtenue par pression à froid du chènevis, jouit d’une excellente réputation diététique, en raison de sa teneur en acides gras de type oméga 3 et 6 (acides gras polyinsaturés) ainsi qu’une faible teneur en Acides Gras Saturés. Non-filtrée, elle a une couleur verte, et un goût noisette. On la trouve en vente libre dans les magasins bio, les boutiques spécialisées de vente d’huile, les producteurs et revendeurs, et depuis peu dans certains supermarchés.
- L’huile carburant, obtenue par phénomène de pyrolyse, est un combustible pour moteur utilisé notamment par Rudolf Diesel lors de la création de son moteur éponyme.
Les modes d’administration
- voie orale sous forme comprimés (THC ou CBD) ou de préparations artisanales (gélules de chanvre, beurre infusé au chanvre)
- voie sublinguale sous forme de spray (Sativex)
- voie respiratoire par inhalation de vapeurs de chanvre avec un vaporisateur
- voie respiratoire par inhalation de fumée (cigarette, pipe, bang, narguilé)
La combustion, seul mode d’administration véritablement toxique, est hélas la plus répandue, faute d’éducation à l’usage.
Pour l’usage médical, les voies respiratoires et sublinguales présentent l’avantage d’un effet rapide et se prêtent volontiers à l’auto dosage. La voie orale présente l’avantage d’un effet plus durable, jusqu’à 8 heures, le premier passage hépatique dégradant le THC en un métabolite plus puissant et passant davantage la barrière méningée.
D’autres formes et modes d’administration sont en cours d’études :
- voie oculaire sous forme de collyre
- voie cutanée sous forme de cataplasme ou de patch
- voie rectale sous forme de suppositoire
Sources :
- Abrams DI, Vizoso HP, Shade SB, Jay C, Kelly ME, Benowitz NL. Vaporization as a smokeless cannabis delivery system: a pilot study. Clin Pharmacol Ther. 2007 Nov;82(5):572–8.