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Dernière mise à jour : Déc. 2017
Il existe 3 types de cannabinoïdes en fonction de leur origine:
- Les pétrocannabinoïdes synthétisés chimiquement par ingénierie pharmaceutique, molécules isolées impliquant l’absence d’effet d’entourage (Dronabinol, nabilone, HU-243 et plus d’une centaine d’autres cannabinoides de synthèse…)
- Les phytocannabinoïdes synthétisés par le chanvre (THC, CBD, CBC, CBG, CBN, THCV et plus d’une centaine d’autres..)
- Les endocannabinoïdes prélevés sur les animaux vertébrés (2 acide glycérol, anandamide, noladine, virodhamine et plus d’une dizaine d’autres …)
Les cannabinoides interagissent directement ou indirectement sur les récepteurs CB1 et CB2 présents dans tous les tissus de l’organisme, mais aussi sur des dizaines d’autres récepteurs.
Les pétrocannabinoïdes
Marinol® (Dronabinol)
Le dronabinol est le nom donné au THC de synthèse. Le Marinol est le premier médicament issu du chanvre, commercialisé aux Etats-Unis depuis 1986 et disponible en France depuis 2001 (Sous le régime de l’Autorisation Temporaire d’Utilisation, ATU)
Présentation et dosage:
Gélule 2,5mg / 5mg /10 mg
Indications :
anorexie ou vomissements rebelles induits par le cancer, le VIH ou leur traitement (chimiothérapie, radiothérapie).
Posologie :
2,5mg à 40 mg/jour, 2 prises par jour à prendre 1 heure avant les repas. Titration progressive en commençant par 2,5 mg matin et soir. Posologie moyenne 20 mg/j
Conservation :
Endroit sec et frais (15-30 °C), à l’abri de la lumière et hors de la portée des enfants.
Effets indésirables:
Ils disparaissent souvent en quelques jours à mesure que l’organisme s’habitue au médicament. Instabilité, étourdissements, somnolence, euphorie, anxiété, nausées, vomissements, douleur abdominale, confusion, hallucinations et paranoïa, tachycardie et rougeur au visage.
Contre-indications absolues:
Allergie à l’huile de sésame, au dronabinol ou au chanvre, grossesse ou allaitement, personne de moins de 18 ans, antécédent d’épisode psychotique.
Contre-indications relatives:
Antécédents cardiaques (trouble du rythme, angine de poitrine) ou psychiatriques (dépression, maladie bipolaire).
Interactions médicamenteuses:
les interactions les plus cliniquement significatives peuvent se produire lorsque le cannabis est consommé en association avec d’autres médicaments dépresseurs du SNC, comme les sédatifs hypnotiques ou l’alcool
- Augmentation de la biodisponibilité du Δ9-THC (et des effets secondaires), en cas d’inhibition des oxydases à fonctions mixtes 2C9, 2C19 et 3A4 du cytochrome P450 : certains anti-dépresseurs, inhibiteurs de la pompe à protons, macrolides, antifongiques, inhibiteurs calciques, les inhibiteurs de la protéase du VIH, amiodarone et soniazide
- Diminution de la biodisponibilité du Δ9-THC (et de l’efficacité) en cas d’activation des isoenzymes 2C9 et 3A4 : rifampicine, carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne, primidone, rifabutine, troglitazone et le millepertuis
- Augmentation de la biodisponibilité de l’alcool et de certains médicaments car le Δ9-THC inhibe les isoenzymes CYP1A1, 1A2 et 1B1 : amitryptiline, phénacétine, théophylline, granisétron, dacarbazine, flutamide.
Précautions d’emploi:
- éviter de conduire un véhicule, une machine ou d’avoir une activité pouvant être dangereuse, en cas d’étourdissements ou de perte de vigilance.
- éviter d’associer le dronabinol à l’alcool ou à d’autres dépresseurs du système nerveux central (benzodiazépines, barbituriques, opioïdes, antihistaminiques, relaxants musculaires)
- aviser son médecin et son pharmacie en cas de prises d’autres médicaments remis sur ordonnance ou non. Vous devriez également leur dire si vous prenez des produits naturels.
Modalité de prescription en France :
Dans le cadre d’ une Autorisation Temporaire d’Utilisation nominative ou dans le cadre d’une préparation magistrale
Depuis 2001, seulement 74 ATU nominatives ont été délivrées pour le Marinol® dans les indications suivantes : douleurs résistantes aux traitements standards, affections inflammatoires du système nerveux, maladie d’Unverricht-Lundborg, stimulation de l’appétit, syndrome de la Tourette, dystonie résistante aux traitements usuels, douleurs paroxystiques. Parallèlement, 20 demandes d’ATU ont été refusées pour les indications suivantes sans motifs évidents : douleurs résistantes aux traitements standards, spasticité de la sclérose en plaques, paraparésie spastique douloureuse, appétit/nausées, douleurs chroniques.
Accessibilité en France:
Délivrance en pharmacie hospitalière sur ATU nominative (importation). En France, seules les gélules de 2,5 mg sont disponibles. Une demande de licence d’importation peut être effectuée par une officine pour une préparation magistrale
Cesamet® (Nabilone)
Présentation et dosage:
gélule 0,25mg / 0,5mg / 1 mg
Indications :
Vomissements rebelles induits par le cancer, le VIH ou leur traitement (chimiothérapie, radiothérapie).
Posologie :
0,25 à 6 mg/jour; La dose usuelle de nabilone pour adulte est 1 mg ou 2 mg pris 2 fois par jour. La première dose se prend généralement la veille au soir du début de la chimiothérapie et la deuxième 1 à 3 heures avant la chimiothérapie. Le traitement peut se poursuivre jusqu’à 24 heures après la chimiothérapie.
Contre-indications absolues:
Allergie à la nabilone ou à l’un des constituants du médicament, grossesse ou allaitement, personne de moins de 18 ans, antécédent d’épisode psychotique.
Contre-indications relatives:
Antécédents cardiaques (trouble du rythme, angine de poitrine) ou psychiatriques (dépression, maladie bipolaire).
Effets indésirables:
Ils disparaissent souvent en quelques jours à mesure que l’organisme s’habitue au médicament. Effets peu fréquents (1%): cauchemars, étourdissements, maladresse ou instabilité, maux de tête, anxiété, perte de l’appétit, perte de coordination musculaire, sécheresse buccale, somnolence, altération des sensations. Effets rares (0,1%) nécessitant une consultation rapide auprès de votre médecin: vision floue ou anomalie du champ visuel. tachycardie, confusion, convulsions, état délirant, hallucinations, trouble de l’humeur, étourdissements ou une syncope, fatigue intense.
Interactions médicamenteuses possibles:
Aclidinium, alcool, amphétamines, antidépresseurs tricycliques, antihistaminiques, antipsychotiques, barbituriques, benzodiazépines, décongestionnants, indacatérol, antiépileptiques, narcotiques, prégabaline, myorelaxants, salmétérol, scopolamine, sédatifs, théophylline, tiotropium, tramadol, uméclidinium.
Précaution d’emploi:
Identiques au dronabinol
Modalités de prescription en France :
Dans le cadre d’une ATU nominative à caractère dérogatoire ou dans le cadre d’une préparation magistrale
Accessibilité en France:
Demande d’une licence d’importation (inutile si ATUn)
Les phytocannabinoïdes (issus du chanvre)
Depuis plus d’une décennie déjà, des préparations médicales mises au point à partir de phytocannabinoïdes (cannabinoïdes issus du chanvre) sont produites au Royaume-Uni et au Canada par le laboratoire GW Pharmaceuticals mais aussi aux Pays-Bas par le laboratoire Bedrocan, au Canada (Tilray) ou en Israël.
Notre système médical est plus à l’aise avec des substances uniques et isolées, qui peuvent être avalées ou injectées. Malheureusement, ce modèle limite considérablement le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes. L’intérêt d’utiliser, non pas des molécules isolées, mais des produits naturels contenant l’ensemble des principes actifs de la plante est aujourd’hui clairement démontré par les travaux d’Ethan Russo et d’autres chercheurs: l’effet d’entourage lié aux autres principes actifs assure une action synergique qui améliore l’efficacité du traitement et réduit ses effets secondaires, notamment le Cannabidiol (1,2),
Sativex® (ou nabiximols)
Présentation et dosages:
C’est un spray buccal de 10 ml prêt à l’emploi, fabriqué au travers d’une série contrôlée de processus, aboutissant à un produit fini reproductible (90 pulvérisations). Chaque pulvérisation d’environ 100 microlitres contient 2,7 mg de THC et 2,5 mg de CBD.
La formulation contient également d’autres cannabinoïdes, terpénoïdes et flavonoïdes à des doses standardisées, qui contribuent à l’unicité du médicament (3) et 0,04 g d’éthanol. La solution de couleur jaune-brunâtre est obtenue à partir de deux extraits mous de Cannabis sativa (feuille et fleur). Le solvant d’extraction est le dioxyde de carbone liquide.
Posologie:
Augmentation progressive des doses jusqu’à réponse attendue. Posologie maximum :12 vaporisation par jour en respectant un intervalle de 15 minute entre chaque dose. Arrêt du traitement après un mois si patient non répondeur.
Indications médicales:
- spasticité
Depuis 2010, le Sativex a obtenu des A.M.M. en Europe dans le traitement auxiliaire pour le soulagement symptomatique de la spasticité chez les adultes souffrant de sclérose en plaques qui n’ont pas suffisamment répondu à d’autres formes de traitement et chez qui l’on décèle une amélioration significative lors d’un essai initial du traitement (4). Depuis le 10 janvier 2014, le sativex à également une AMM dans cette indication en France.
On observe en moyenne 60% de patients répondeurs aux nabiximols dans cette indication selon des études observationnelles menées en Espagne et en Allemagne (5,6) corroborée par une méta-analyse récente (7) avec persistance de l’effet sur long terme excluant tout phénomène de tolérance. Chez les personnes atteintes de SEP, le Sativex améliore également la mobilité, les troubles du sommeil (7), et probablement l’appétit, le moral et l’hyperactivité de la vessie, autant d’éléments qui contribuent à un meilleur confort de vie pour les patients.
- +/- douleur chronique rebelle
Au Canada, le Sativex est également mis sur le marché comme traitement auxiliaire pour le soulagement symptomatique de la douleur neuropathique chez les adultes souffrant de sclérose en plaques et pour les patients adultes atteints d’un cancer avancé qui présentent une douleur modérée ou grave pendant un puissant traitement opioïde administré à la plus forte dose tolérée contre une douleur de fond persistante (7), bien qu’un récent essai de phase 3 mené aux États-Unis ait conclu à l’inefficacité du Sativex dans cette dernière indication.
Contre indications:
- Pour les personnes possédant une hypersensibilité au chanvre
- Pour les personnes ayant des antécédents connus de troubles psychiatriques et notamment de schizophrénie, de psychoses et de dépression,
- Pour les femmes enceintes ou allaitantes.
Précautions d’emploi:
- Surveillance particulière pour les patients présentant des troubles cardiovasculaires graves, pour les insuffisants rénaux et hépatiques et les sujets ayant des antécédent d’épisodes convulsifs.
- Utilisation d’une contraception efficace pendant toute la durée du traitement et 3 mois après son arrêt pour les femmes et les hommes en âge de procréer,
Effets indésirables :
- Réactions au niveau de la muqueuse buccale : douleur, gêne, picotements, dysgueusie. Ces effets indésirables sont fréquents surtout en début de traitement,
- Sensations d’étourdissement, de fatigue surtout au début du traitement et durant la phase de titration. Quelques rares cas d’évanouissement et de perte de connaissance ont été notés,
- Plus rarement, il a été observé des troubles psychiatriques : hallucinations, changement de l’humeur, anxiété, voire l’apparition d’idées suicidaires : dans ce cas, le traitement doit être immédiatement arrêté,
- Risque de chutes par diminution de la force musculaire surtout si le patient prend d’autres myorelaxants associés comme les benzodiazépines, –
- Le risque de dépendance au Sativex® est nul et il n’y a pas de syndrome de sevrage après arrêt brutal du traitement.
D’une manière générale, le médicament est bien toléré et les effets indésirables les plus fréquents sont des irritations de la muqueuse buccale, de la fatigue et des étourdissements disparaissant rapidement après quelques semaines de traitement.
Interactions médicamenteuses:
Sativex® est contre-indiqué avec aucune autre molécule active mais il existe certaines associations déconseillées :
- Avec les inhibiteurs enzymatiques du CYP450 : itraconazole, macrolides…
- Avec les inducteurs enzymatiques du CYP450 : rifampicine, millepertuis…
- Avec les médicaments sédatifs et myorelaxants : baclofène, benzodiazépines, hypnotiques,
- Avec l’alcool
Modalité de prescription en France :
Sativex® est un médicament appartenant à la classe des stupéfiants, sa prescription et sa dispensation sont donc soumises à des règles strictes :
- Prescription initiale hospitalière semestrielle et réservée à certains spécialistes : neurologues et médecins spécialistes en médecine physique et de réadaptation –
- Prescription limitée à 28 jours
- Prescription sur ordonnance sécurisée, nombre d’unités de prise et dosage inscrits en toutes lettres manuellement ou informatiquement
- Renouvellement non restreint
- Délai de 3 jours pour la présentation de l’ordonnance –
- Chevauchement interdit sauf mention expresse du prescripteur
A noter que la primo prescription fait l’objet de nombreuses restrictions qui paraissent injustifiées au vu de la tolérance du traitement et du faible risque de dérive dans un tel cadre.
Accessibilité au produit en France:
Médicament autorisé mais non remboursé et non commercialisé (voir analyse critique de la HAS). La délivrance est prévue en pharmacie hospitalière et pharmacie de ville. La seule solution de se procurer actuellement le Sativex en France est de faire la demande d’une importation auprès de l’Agence Nationale de Santé et du médicament.
Fleurs de chanvre médicinales
En 2016, seuls les produits BEDROCAN® cultivés à la demande du ministère de la santé néerlandais et placés sous le contrôle du bureau du cannabis médical néerlandais sont actuellement disponibles pour les citoyens européens. Cependant, ces produits ne sont pas reconnus comme des spécialités pharmaceutiques en France, faute d’AMM ou d’ATUc en cours. Une demande de licence d’importation reste possible dans le cadre de prescription magistrale.
Pour plus d’information sur les produits Bedrocan: https://www.bedrocan.nl/francais/produits.html
Une production de fleurs de chanvre à visée médicale est également sous contrôle gouvernemental au Canada, en Israël, en Uruguay, en Italie et prochainement en Suisse, en Irlande et en Allemagne (en 2020).
Composition:
Cinq variétés de fleurs standardisées et stérilisées sont commercialisées.
Fleurs brutes administrées par vaporisation
- Sativa Bedrocan®: 22% THC et <1% CBD, soit environ 110 mg de THC et 5 mg de CBD pour 0,5 gr de fleur
- Sativa Bedrobinol flos ® : 13,5% THC et <1% CBD
Fleurs compressées en granule avec cuillère mesure de 0.5 gr en ingestion
- Sativa Bediol flos ® : 6,3% THC et 8% CBD
- Indica Bedica flos ® : 14% THC et <1% CBD
- Bedrolite flos ® : 0.4% THC et 9% CBD
Conservation:
A conserver au réfrigérateur. Conditionnement en pot ou en sachet de 5 grammes.
Posologie:
0.5 à 3 grammes de fleurs /jour avec titrage progressif (8) soit THC: 0,1 à 10 mg/kg/j et CBD : 0,1 à 5mg/kg/j. Posologie moyenne 2gr/ jour de fleurs
Mode d’administration:
- Ingestion pour une action longue
- Vaporisation pour une action rapide.
La vaporisation nécessite un appareil prévu à cet usage, utile également dans le cadre d’un usage adulte sans nocivité (9). Un seul vaporisateur est homologué actuellement pour l’usage médical : le Volcano de Storz and Bickel (400 €).
Bio-équivalence selon la voie d’administration :
La biodisponibilité moyenne est de l’ordre de 50% sous forme vaporisée, 25 % sous forme inhalée (selon protocole standardisé) et 10 % sous forme orale. Il y a donc un facteur de conversion de 2.5 entre la dose absorbée per os et par inhalation (10) et de 5 entre la dose absorbée per os et par vaporisation.
Attention cependant à ne pas comparer directement les posologies entre la posologie par ingestion et par inhalation. En effet, le premier passage hépatique sous forme orale hydroxyle le THC en un métabolite ayant une plus grande perméabilité de la barrière hémato-méningéee et une plus grande affinité sur les récepteurs CB1 entraînant une augmentation considérable des effets psychotropes du THC (intensité x 50) et de leur durée.
Dose standard et équivalence clinique :
- = 50 mg en combustion (joint avec 0,5 gramme de fleurs titrés à 10% de THC), soit environ 12,5 mg de THC biodisponible
- = 25mg en vaporisation, soit envron 12,5mg de THC biodisponible
- = 5 mg en ingestion, soit 0,5 mg de THC biodisponible et une quantité variable de 11 hydroxy THC
Indications des fleurs de chanvre BEDROCAN:
Les études cliniques sur l’efficacité de ces produits dans différentes indications médicales (phase 3) sont en cours et les premiers résultats sont attendus pour 2019. Toutefois, quelques études cliniques ont révélé une efficacité du cannabis sous sa forme fumée ou vaporisée, notamment pour stimuler l’appétit, lutter contre les nausées et améliorer le confort de vie chez les patients traités par chimiothérapie (cancer, VIH, VHC). De plus, de nombreux rapports de cas on été rapportés dans différentes indications, supportés par des résultats probants d’études réalisées sur les modèles animaux. C’est pourquoi les produits sont distribués dans les officines pharmaceutiques des Pays bas au titre de l’usage compassionnel.
Les indications validées par le ministère de la santé néerlandais sont les suivantes :
- Crampes et spasmes musculaires provoqués par la sclérose en plaques ou des atteintes de la moelle épinière
- Nausées, perte d’appétit, perte de poids et faiblesse dues au cancer et au SIDA
- Nausées et vomissements provoqués par la médication, la chimiothérapie ou la radiothérapie en cas de cancer, hépatite C, VIH/SIDA
- Douleurs chroniques, particulièrement en rapport avec le système nerveux ou provoquées par une détérioration des nerfs
- Glaucome résistant à une thérapie
- Syndrome de Gilles de la Tourette
Contre indications:
En cas d’épilepsie, d’anxiété ou de troubles psychotiques, les variétés à haut ratio THC/CBD sont contre indiquées et seuls Bediol ou mieux Bedrolite peuvent éventuellement être utilisées.
Modalité de prescription en France:
La prescription est possible dans le cadre d’une ATU de cohorte, d’une préparation magistrale ou des produits dérivés du chanvre en vente libre (contenant moins de 0,2% de THC)
Modalité d’accés en France :
Demande d’une licence de production ou d’importation par une pharmacie ou un établissement de santé agrée (inutile si ATU)
Le Cannabidiol (ou CBD)
Le CBD, bien qu’issu du cannabis, n’est pas un stupéfiant car il est dépourvu de caractère euphorisant et antagonise les effets anxiogènes du THC. Depuis des décennies, certaines variétés de cannabis qui sont cultivées en France légalement (variétés autorisée contenant moins de 0,2% de THC) présentent des fleurs contenant du cannabidiol, comme par exemple la carmagnola, dont le pourcentage de CBD s’élève à plus de 6%. Cependant des variétés plus riches en cannabinoïdes et un taux de THC un peu plus élevé, qui peuvent contenir jusqu’à 22% de CBD, sont cultivées là où c’est autorisé pour obtenir un meilleur CBD.
Le CBD est produit actuellement par plusieurs sociétés pharmaceutiques en Europe comme Trigal Pharma en Autriche, Cibdol en Suisse ou GW Pharmaceutical (UK) qui a récemment mis au point l’Epidiolex.
Présentation et dosage:
- EPIDIOLEX, suspension buvable, 100mg/mL (10%)
- CIBDOL, suspension buvable 2,5%, 4%,10%
- CBD capsule Trigal pharma: 50mg / 100mg / 200 mg
- CBD sirop Trigal PHarma: 10 mg/ml
Posologie adulte:
- Adulte : 2 à 50mg/kg/jour chez l’adulte en une à deux prises par jour. Posologie usuelle chez l’adulte 300 à 600 mg/j.
- Enfant : 1 à 25 mg/kg/ jour en 2 prises par jour.
Indications:
- Épilepsie : 300 à 400 mg/j (maximum 1200 mg/j) dans les syndrome de Dravet et de Lenox Gastaut
Certaines épilepsies congénitales sévères peuvent entraîner dès l’enfance de nombreux troubles comportementaux et un décès prématuré dans 15% des cas. La prise en charge thérapeutique correspond généralement à une association de deux antiépileptiques : le valproate de sodium et une benzodiazépine ou le topiramate mais l’efficacité est limitée et les effets secondaires de ces traitements sont très importants. De récentes études ont démontré que le cannabidiol permettait de réduire de manière significative les crises d’épilepsie observées dans le syndrome de Dravet.
Une étude a été réalisée aux États-Unis entre 2014 et 2015 chez plusieurs jeunes sujets atteints du syndrome de Dravet et résistants aux traitements antiépileptiques standards. 214 patients âgés de 1 à 30 ans ont participé à cette étude. L’objectif était de déterminer si le CBD permettait de réduire la fréquence moyenne des crises d’épilepsie avec une bonne tolérance. Le CBD a été administré par voie orale à raison de 2 à 5 mg/kg/jour avec une dose maximale de 50 mg/kg/jour. Après 12 semaines de traitement, il a été observé que la fréquence moyenne des crises fut réduite de 36,5%. Le traitement fut généralement bien toléré mais quelques effets indésirables ont été rapportés : – Somnolence (25%), – Perte d’appétit (19%), – Diarrhées (19%), – Fatigue (13%). Il a été conclu que le CBD présentait une réelle efficacité dans la réduction des crises d’épilepsie observée dans le syndrome de Dravet. Cette molécule pourrait constituer un espoir pour de nombreux patients résistants aux traitements standards d’autant plus qu’elle est bien tolérée. Une autre étude a été réalisée aux États-Unis en 2013 par l’université de Stanford chez 19 enfants atteints d’épilepsie rebelle. Ces patients avaient été traités auparavant par 12 antiépileptiques différents. Après introduction de cannabidiol dans le traitement, il a été rapporté une réduction des crises chez 84% des sujets .
- Schizophrénie 300 à 400 mg/j (maximum 1000 mg/j)
Alors que le THC peut induire à haute dose des troubles psychotiques chez des personnes prédisposées, le cannabidiol (CBD) exerce un effet antipsychotique certain. Son action contrebalance les effets psychoactifs du THC. Se basant sur l’hypothèse que l’augmentation du taux d’anandamide induite par le CBD était à l’origine de l’atténuation des symptômes psychotiques, une étude a été réalisée à Cologne en Allemagne en 2012.
42 patients âgés de 18 à 50 ans et tous atteints de schizophrénie ont participé à cette étude. Celle-ci s’est déroulée en double aveugle dans le but de comparer l’effet du cannabidiol à l’amisulpride qui est un neuroleptique. 21 patients ont été traités par amisulpride et 21 par cannabidiol pendant 4 semaines consécutives. La dose initiale administrée était de 200 mg par jour avec augmentation progressive de la posologie pour atteindre un palier de 800 mg par jour. L’évaluation de la sévérité des symptômes psychotiques s’est faite à l’aide de l’échelle des symptômes positifs et négatifs (Positive And Negative Sydrome Scale, PANSS), un outil de mesure largement utilisé pour tester l’efficacité d’un traitement antipsychotique. Après 4 semaines d’étude, les médecins ont conclu que le cannabidiol réduisait de manière significative les symptômes négatifs et positifs de la maladie.
Les résultats n’ont pas montré de différence réelle ni de supériorité d’efficacité du cannabidiol par rapport à l’amisulpride. Néanmoins, les patients traités par CBD ont rapporté nettement moins d’effets indésirables que ceux traités par le neuroleptique : syndrome extrapyramidal, prise de poids, galactorrhée… Ainsi, le cannabidiol pourrait constituer à l’avenir un traitement efficace de la schizophrénie, finalement autant efficace que les antipsychotiques standards mais avec une meilleure qualité de vie et moins d’effets indésirables.
- Trouble anxieux et état de stress post traumatique (16): 300 à 500 mg/j (maximum 600 mg)
- Douleur Chronique : 300 à 400 mg/j (maximum 600 mg/j) dont la fibromyalgie
Effets indésirables:
Sédation, bouche sèche, diarrhées, principalement à haute dose (>1gr/j)
Modalités de prescription:
L’accès à ce produit commercialisé librement dans plusieurs pays de l’UE est également en vente libre en France et apparaît comme légal selon les déclarations du ministère de la santé. On trouve très facilement le CBD sur internet (attention aux arnaques qui pullulent) mais aussi depuis peu dans des boutiques ayant pinions sur rue.
Actuellement, le CBD peut revêtir le caractère de médicament d’un coté (disponible actuelllement sur ATU) si la finalité est de traiter une pathologie ou le cas échéant, de complément alimentaire ou de produits cosmétiques. La notion de dosage en principes actifs est sous souvent utilisée pour établir la frontière entre produit de bien être et produit de santé, mais cette valeur seuil n’est à ce jour pas établie par l’ANSM.
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