Du 26 septembre au 1er octobre 2025, la Cannabis Embassy, accompagnée par NORML France, FAAAT et l’ENCOD (dont NORML France est membre), a participé au plus grand sommet mondial sur la culture de l’UNESCO : le MONDIACULT 2025. Une présence historique pour rappeler que les cultures liées aux multiples usages du cannabis font partie intégrante du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Une période charnière pour les cultures du cannabis
Organisé par l’UNESCO, le MONDIACULT 2025 s’est tenu à Barcelone du 26 septembre au 1er octobre 2025, réunissant plus de 160 pays, 100 ministres de la culture, et plus de 2000 artistes, chercheurs, élus, et acteurs de la société civile.
L’événement entrait aussi en résonance avec une autre date symbolique : le centenaire de la prohibition internationale du cannabis (1925–2025) dont le 29 septembre 2025 constitue une date mémorielle.
Une occasion historique pour remettre en lumière les cultures vivantes associées à cette plante et les droits des communautés qui les perpétuent et les font évoluer depuis des générations.
Grâce à l’expertise de nos militants rôdés au système ONUsien, Farid Ghehiouèche et Kenzi Riboulet-Zemouli et de leur think-tank FAAAT-FDM, la Cannabis Embassy a pu accéder à cette rencontre internationale en tant que représentant de la société civile mondiale, ainsi que NORML France, par l’intermédiaire d’ENCOD mais aussi le soutien d’autres groupes cannabis d’Afrique (Fields Of Green For All) et d’Amérique latine (ELEVA).
L’objectif : faire reconnaître les pratiques culturelles liées au cannabis — qu’elles concernent le chanvre ou la « marijuana » — comme des éléments constitutifs d’un patrimoine culturel immatériel (PCI), au sens de la Convention de 2003 de l’UNESCO.
L’Agora Civique : la société civile prend la parole
Avant l’ouverture officielle du MONDIACULT, du 26 au 28 septembre, la Àgora Cívica a rassemblé plus de 8000 participants issus d’ONG, d’universités, de collectivités locales et d’agences des Nations Unies, dont la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits culturels, Alexandra Xanthaki.
Le 28 septembre, la Cannabis Embassy, y organisait un événement parallèle intitulé “Living Cannabis Cultures”. La rencontre s’est tenue dans le social club “La Crème Gràcia” au cœur de Barcelone, un lieu emblématique de la scène cannabique locale et galerie d’art accueillant la magnifique exposition The Grand History of Cannabis.
En plus de Florent Buffière de NORML France, ce panel a réuni des intervenants venus du Chili, d’Afrique du Sud, de Catalogne, d’Argentine, d’Italie, du Japon et de Suède, pour présenter les spécificités de leurs pratiques culturelles liées au cannabis et les efforts de documentation déjà en cours.
Le MONDIACULT 2025 : culture, droits et reconnaissance

Le rapport majeur qui intègre les différents usages du chanvre dans les objectifs de développement durable de l’agenda 2030.
Du 29 septembre au 1er octobre, c’est ensuite à la conférence officielle de l’UNESCO d’accueillir plus de 2500 participants, dont plus de 100 ministres de la Culture. Les discussions ont consacré la culture comme un droit humain fondamental et un pilier du développement durable.
Aussi pour appuyer cette démarche pionnière, la délégation a diffusé deux outils de plaidoyer auprès des personnes qui participaient à ce sommet mondial :
- le Sustainable Cannabis Policy Toolkit, un guide de politiques publiques durables,
- la brochure “Living Cannabis Cultures”, présentant quatre démarches de reconnaissance du patrimoine cannabique (y-compris en France : voir ci-dessous),
- une Contribution soumise officiellement à l’UNESCO : « Cannabis : Une plante sans frontières. Diagnostic culturel, cent ans après sa prohibition » (en anglais).
Ces documents ont circulé largement parmi les participants et suscité un fort intérêt dans de nombreux pays où les traditions culturelles liées au cannabis restent vivantes mais menacées. On a pu notamment discuter « landraces » (variétés locales de cannabis) avec des délégations d’Afrique centrale et méridionale, cultures contemporaines avec des ministres de la culture de l’océan pacifique, aliments traditionnels au chanvre avec des délégués d’Europe de l’Est, ou encore échanger quelques bouffées de culture avec quelques ministres dont nous tairons le nom.
À l’UNESCO, que l’on aime le cannabis ou pas, on respecte celles et ceux pour qui c’est un fait culturel.
Le MONDIACULT 2025 : culture, droits et reconnaissance

Sauvegarde du patrimoine, musique, art, IA, traditions… Des conférences toutes plus intéressantes les unes que les autres.
Du 29 septembre au 1er octobre, c’est ensuite à la conférence officielle de l’UNESCO d’accueillir plus de 2500 participants, dont plus de 100 ministres de la Culture. Les discussions ont consacré la culture comme un droit humain fondamental et un pilier du développement durable.
La Déclaration finale a souligné qu’« il n’y a pas de futur sans culture » et que « la diversité culturelle va de pair avec les droits humains et les libertés fondamentales », réaffirmant la nécessité de protéger les pratiques minoritaires et marginalisées — un message directement en écho avec la situation des collectifs en lien avec le cannabis.
Au cours de la conférence, la délégation de la Cannabis Embassy a rencontré de nombreux ministres de la culture, fonctionnaires de l’UE, de l’ONU et de l’UNESCO, ainsi que sa directrice générale, Audrey Azoulay, qui a salué l’approche patrimoniale et participative des quatre projets de “Cultures Cannabiques Vivantes” initiés, et encouragé la poursuite du travail de documentation.
Nous avons particulièrement apprécié sa phrase de conclusion énoncée lors de la plénière : « C’est peut-être seulement par la culture que nous pouvons aujourd’hui retrouver le consensus. » Une phrase symbolique qui résume bien l’esprit de cette édition.
Une déclaration symbolique pour un centenaire historique
Le 29 septembre 2025, jour mémoriel du centenaire de la prohibition internationale du cannabis, l’ambassade a profité du cadre du MONDIACULT pour proclamer sa Déclaration d’indépendance.
Ce texte fondateur affirme la souveraineté des communautés cannabiques et la légitimité de leurs droits et leurs pratiques en tant que patrimoine vivant, transmis à travers les générations malgré un siècle de stigmatisation et de répression.
Adoptée à Barcelone, cette déclaration pose les bases d’un mouvement mondial pour la reconnaissance, la protection et l’autodétermination des cultures du cannabis, dans le respect des droits humains et de la diversité culturelle.
« Cultures Cannabiques Vivantes » : vers la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel ?
Ce MONDIACULT 2025 nous a confirmé la pertinence de l’approche “patrimoine culturel immatériel” (PCI) pour les cultures du cannabis. Il est important de rappeler qu’un patrimoine immatériel n’a pas besoin d’être inscrit dans un registre officiel pour exister : il suffit qu’il soit vivant, transmis de génération en génération, et significatif par la communauté qui le porte. L’inscription dans un « registre » n’est qu’un pas de plus pour protéger les cultures et patrimoines immatériels menacés.
Après 100 ans de prohibition mondiale, et aujourd’hui même certaines « légalisations » laissant de côté les cultivateurs et usagers traditionnels et ignorant leurs cultures cannabiques singulières, le temps est venu de franchir le pas de la documentation et l’« enregistrement » des patrimoines culturels cannabiques vivants, avant qu’ils ne disparaissent.
C’est le sens des projets de documentation déjà engagés — notamment en France, Chili, Catalogne et Afrique du Sud — devraient permettre, à moyen terme, d’avancer vers une reconnaissance officielle, voire une inscription dans les registres nationaux du PCI. Lors de MONDIACULT, les discussions laissaient déjà entendre que d’autres pays pourraient également engager des processus similaires.
La Culture Cannabique comme Boussole de la Santé ?
Les discussions du sommet ont aussi souligné les dimensions sanitaires et sociales des savoirs et pratiques constituant le patrimoine immatériel des groupes et collectifs cannabiques. Ces traditions, souvent fondées sur des usages rituels, communautaires et responsables, peuvent inspirer des stratégies de Réduction des Dommages et Risques (RDR) et de bien-être collectif. Elles rappellent que la santé publique ne se limite pas aux médicaments, mais inclut les pratiques culturelles et sociales favorisant l’équilibre et la cohésion.
L’Union Européenne travaille d’ailleurs sur une « Boussole de la Culture », un grand plan qui définira les politiques culturelles de l’UE pour les prochaines décennies. Le lien entre culture et santé y est central, avec une reconnaissance dans un récent rapport remis à la Commission Européenne que « la participation aux activités culturelles est bénéfique pour la santé, au même titre qu’une activité physique régulière, une alimentation équilibrée ou le contact avec la nature » :
« Au cours des dernières décennies, les recherches et collaborations interdisciplinaires ont établi que la participation aux activités artistiques et culturelles peut contribuer à la promotion d’une bonne santé, à la prévention des maladies ainsi qu’à la prise en charge et au traitement des affections. De la même manière, permettre à tout un chacun, quel que soit son état de santé, de prendre part à la vie culturelle, renforce la résilience culturelle. Cette relation dynamique ouvre de nouvelles pistes de réflexion pour imaginer des solutions innovantes, équitables et durables face aux enjeux mondiaux contemporains à la croisée de la culture et de la santé. »
Comment le modèle des CSC rentre en resonance avec ces enjeux :
Les pratiques culturelles liées au cannabis incluent des modalités de consommation à petite échelle, responsables et partagées au sein de groupes socio-culturels, où l’échange d’informations entre pairs et les approches de RDR jouent un rôle central. Les espaces culturels de convivialité et de partage cannabique, aussi connus comme Cannabis Social Clubs (CSC), sont le lieu idéal permettant la transmission de ces savoirs de manière sûre et informelle, tout en renforçant la cohésion sociale. Ces bien encadrées et conseillées par le secteur médico-social, peuvent constituer un véritable atout pour la santé public et le bien-être collectif, en complément des approches classiques de prévention, et en rites et modes usages « à la roots », loin de stigmatiser, montrent que des pratiques socio-culturelles augmentent l’efficacité de la transmission d’informations de santé publique parmi les usagers.
Vu que « La participation aux activités culturelles et la santé sont non seulement reconnues comme des droits humains, mais aussi comme des facteurs déterminants du bien-être individuel et sociétal », l’usage socio-culturel du cannabis est, en soi, un déterminant de santé positif pour les personnes qui consomment la plante.
Et après ?
L’année 2025 aura marqué les cent ans de prohibition mondiale du cannabis, une expérimentation sociale à l’échelle internationale ayant lamentablement échoué, aussi bien à éradiquer la plante qu’à en faire cesser l’usage. Mais, nous l’espérons aussi, grâce à vous, 2025 marque aussi le début d’une nouvelle ère de reconnaissance de l’histoire et de toutes les cultures liés à cette plante, chanvre ET marijuana à la fois, faisant partie intégrante de l’humanité — que l’on la consomme ou pas, que l’on l’aime ou pas, qu’on le veuille ou non.
Dans son article « Cannabis : Un Siècle de Mise sous Silence — Voix pour les Cent Prochaines Années », l’Ambassade annonce le programme du siècle à venir en termes de politiques publiques du Cannabis : le « Centenaire 5R : 2025–2125 » autour de la Re-légalisation et la Régulation de la plante, le Respect des personnes, cultures, et écosystèmes liés au Cannabis, mais aussi les Recours et Réparations, un terme légal équivalent à la justice historique pour les collectifs cannabiques victimes de cent ans de persécutions.
La Cannabis Embassy et leurs partenaires préparent désormais une série d’initiatives pour poursuivre ce dialogue entre culture, droit et santé publique, dans le cadre du centenaire de la prohibition et d’autres rencontres internationales à venir.
NORML France via ses adhérents et ses partenaires, continuera à soutenir et participer aux activités de l’Ambassade du Cannabis — et dans l’hexagone, nous allons nous engager pleinement dans le processus de documentation participative des cultures et patrimoines immatériels vivants de cette plante, cultivée dans notre pays depuis 7000 ans.