Au début du mois de septembre, un signalement nous a été remonté par l’un de nos adhérents sur la circulation sur le marché noir de fleurs séchées de cannabis aux effets indésirables dans la région de Nevers (58). Quelques instants après leur consommation, les usagers ont ressenti des effets indésirables totalement inhabituels comme des picotements sur la langue, des troubles de la vision, des pertes d’équilibre, des vomissements, de la tachycardie voire des sensations d’étouffement.

Nous avons alors organisé la collecte d’un échantillon du produit concerné, avec l’aide de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), dans le cadre du dispositif SINTES (Système d’Identification National des Toxiques Et Substances).

L’analyse de l’échantillon a révélé que les fleurs séchées ont été adultérées à l’aide de néocannabinoïdes. Ces fleurs de cannabis sont initialement des fleurs de cannabis à forte teneur en CBD (appelées communément “cannabis CBD”) provenant sûrement de lots d’invendus actuellement disponibles à bas prix sur la marché de gros en Suisse (Cannabis riche en CBD à moins de 1% de THC). Ces fleurs de chanvre ont ensuite été vaporisées par ces néocannabinoïdes, qui miment les effets du THC.

La molécule mise en cause dans ce signalement est un néocannabinoïde appelé “MDMB-4en-PINACA”.

Ce type d’adultération a déjà été signalé sur des produits disponibles le marché noir suisse et autrichien. Dans ces deux pays, les alertes sur ce type de produit sont de plus en plus nombreuses depuis fin 2019. Deux néocannabinoïdes sont identifiés dans ces alertes : le “MDMB-4en-PINACA” et le “5F-MDMB-PICA”.

Pourquoi différencier entre “néocannabinoïdes” et “cannabinoïdes de synthèse” ?

Les appellations “cannabinoïdes de synthèse” ou “cannabinoïdes synthétiques” sont couramment utilisées pour évoquer ces éléments présents dans le cannabis adultéré. Cependant, cette utilisation n’est pas tout à fait exacte et le terme qu’il faudrait utiliser est bien celui de “néocannabinoïde”, à l’instar des néonicotinoïdes.

Les cannabinoïdes de synthèse ne sont pas dangereux pour la santé. Il s’agit dans ces cas de cannabinoïdes créés en laboratoire et qui reprennent les formes chimiques naturelles des cannabinoïdes : il existe du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) de synthèse et du cannabidiol (CBD) de synthèse par exemple, qui ont exactement les mêmes effets que leur équivalent d’origine végétale.

Les néocannabinoïdes en revanche sont, comme leur nom l’indique, des nouvelles molécules créées artificiellement pour “mimer” l’effet des cannabinoïdes naturels comme le THC. Les néocannabinoïdes n’existent pas à l’état naturel ; ils sont généralement plus puissants et dangereux pour la santé. Les effets qu’ils procurent sont intenses et indésirables.

Les risques liés à la consommation de néocannabinoïdes

La consommation de néocannabinoïdes peut être à l’origine de réactions variées en fonction des usagers et d’intensité variable compte tenu de la répartition inégale des néocannabinoïdes sur les fleurs séchées.

En plus des réactions observées par les usagers français, le site suisse infodrog.ch précise que “la consommation peut entraîner, entre autres, évanouissements rapides, tachycardie, hypertension artérielle, convulsions, nausées avec vomissements, confusions, hallucinations, psychose aigües (…) et jusqu’à une crise cardiaque.”

Comment éviter ces risques ?

En cas de doute sur le produit que vous avez acheté, nous vous recommandons de tester une petite quantité lors de la première consommation et attendre quelques minutes jusqu’à ce que l’effet s’installe. Si vous remarquez un effet inhabituel, cessez de consommer votre produit.

Évitez d’utiliser vos outils de parapharnélie habituels (grinders, plateaux, bols à mix, pipes, vaporisateurs ou bongs) pour éviter tous cas de contact avec votre matériel. Si cela à été le cas, les nettoyer soigneusement à l’alcool isopropylique et à l’eau claire pour ne pas contaminer les futurs produits consommés avec vos outils traditionnellement utilisés.

Nous vous invitons également à bien mélanger vos fleurs séchées avant de les consommer pour éviter une forte concentration d’éventuels néocannabinoïdes. Infodrog.ch recommande de faire particulièrement attention aux restes de matière tombée des parties extérieures de la plante, plus susceptibles de contenir une concentration élevée de néocannabinoïdes.

Enfin, il est recommandé d’éviter la polyconsommation (y compris avec de l’alcool ou des médicaments) qui est très risquée en raison des interactions imprévisibles que cela pourrait provoquer.

Si des effets indésirables et intenses se font ressentir :

Cesser immédiatement de consommer les produits achetés.

Nous mettons en place une adresse email pour nous signaler les produits pouvant être adultérés :

alerte-produits@norml.fr

Si cela s’avère nécessaire et possible, les produits pourront être testés dans le cadre du dispositif SINTES.

Pour aller plus loin :