Applications cliniques pour l’usage du cannabis et des cannabinoïdes en médecine

Maladies traitées schema
Cette page est une traduction de la septième édition (2016) du « Clinical Applications for Cannabis and Cannabinoids » un document original de NORML USA édité à destination des médecins américains par Paul Armentano. Une actualisation en a été faite en 2017, mise à jour en français par nos soins en 2018.

Avant propos:

Les peuples cultivent et consomment les sommités fleuries de la plante femelle communément appelée marijuana ou cannabis depuis pratiquement depuis le début de l’Histoire humaine. Des textiles à base de cannabis datant de 7’000 av. J.-C. ont été récupérés dans le nord de la Chine et l’utilisation de la plante en tant qu’agent médicinal et agent de modification de l’humeur remonte à presque aussi loin. En 2008, des archéologues d’Asie Centrale ont découvert près d’un kilo de cannabis dans une tombe d’un ancien chaman vieille de 2’700 ans. Après avoir mené des tests approfondis pour évaluer la puissance des plantes séchées retrouvées, des scientifiques ont affirmé: « La conclusion la plus probable est que les cultures anciennes ont cultivé du cannabis à des fins pharmaceutiques, psychoactives et divinatoires. »

Les cultures modernes continuent à se livrer à la consommation de cannabis à ces mêmes fins, en dépit des décennies d’interdiction virtuelle de la culture et de l’usage de cette plante. Aux États-Unis, les interdictions fédérales bannissant l’utilisation du cannabis à des fins récréatives, industrielles et thérapeutiques ont été imposées par le Congrès en 1937, puis elles ont été renforcées plus tard par la décision des législateurs fédéraux de classer la plante de cannabis et ses composés chimiques organiques (connus sous le nom de cannabinoïdes) en tant que substances inscrites à l’annexe I de la loi sur les substances contrôlées de 1970. Cette classification, qui classe la plante au même niveau que l’héroïne et définit le cannabis et ses douzaines de cannabinoïdes distincts comme “possédant un gros potentiel d’abus, … aucun usage médical actuellement accepté, … [et] un manque de normes de sécurité connues pour l’utilisation de cette substance … sous surveillance médicale” place en revanche la cocaïne et les méthamphétamines – qui demeurent illicites à des fins récréatives mais peuvent toutefois être consommées sous la supervision d’un médecin – sont classées comme substances de l’annexe II. L’alcool et le tabac sont eux tous les deux absents de cette liste.

Le défi de l’actuel statut du cannabis (NORML USA)

Les récents efforts administratifs et législatifs en vue de modifier le statut du cannabis dans la loi fédérale n’ont pas été couronnées de succès. En juillet 2011, l’administration Obama avait rejeté une demande administrative vieille de huit ans qui demandait de réévaluer le statut de “Schedule I” du cannabis, étant d’avis « [Q]’il n’y a aucune étude adéquate et correctement contrôlée prouvant l’efficacité médicinale (du cannabis); que la substance n’est pas acceptée par les experts qualifiés. … A ce jour, les risques connus de l’usage du cannabis n’ont pas pu prouver être moins importants que ses bénéfices spécifiques, lors d’essais cliniques bien contrôlés qui évaluent scientifiquement sa sûreté et son efficacité.”

Récemment, en avril 2015, un juge fédéral a soutenu que maintenir le cannabis en “Schedule I” était conforme à la constitution, dans une affaire portée par les membres du comité juridique de NORML qui demandaient que le cannabis soit retiré du Controlled Substance Act pour que les différents Etats puissent légiférer et réglementer le cannabis sur leur territoire à l’abri d’interférences fédérales illégitimes. Après une semaine d’auditions publiques, le juge a statué que la loi fédérale devait rester inchangée tant qu’il restait des contradictions parmi les experts à propos de la sûreté et l’efficacité du cannabis.

Plus récemment, en 2016, la DEA a rejeté deux pétitions administratives qui voulaient initier des procédures législatives visant à réévaluer la position du cannabis dans la loi fédérale. L’agence émettant l’avis “[Q]’il n’y a aucune preuve substantielle que le cannabis doive être retiré de la liste de sa position en Schedule I des substances contrôlées”.

Au contraire, il existe de nombreuses preuves scientifiques et empiriques pour contrer les affirmations du gouvernement fédéral. Malgré une prohibition presque centenaire de la plante, le cannabis est néanmoins une des substances actives les plus étudiées dans l’Histoire. A ce jour, il y a plus de 26’000 études ou analyses publiées dans la littérature scientifique référençant la plante de cannabis et ses cannabinoïdes, selon une recherche par mots-clés sur le moteur de recherches PubMed Central, le site du gouvernement américain pour les recherches scientifiques évaluées par les pairs qui compte plus de 1,000 nouvelles études publiées chaque année. Alors qu’une grande partie du renouveau d’intérêt pour les thérapies utilisant les cannabinoïdes est le résultat de la découverte d’un système endocannabinoïde régulateur (décrit en détail plus loin), une autre grande partie est la conséquence de l’augmentation de témoignages provenant de patients utilisant du cannabis à des fins médicinales et de leurs médecins, ainsi que des changements du statut de la plante au niveau des États.

Les conclusions scientifiques de la majorité des recherches modernes sont directement en conflit avec l’affirmation du gouvernement fédéral disant que le cannabis est une substance hautement dangereuse méritant d’être complètement criminalisée. Par exemple, une compilation des essais cliniques randomisés approuvés par la FDA évaluant la sûreté et l’efficacité du cannabis végétal sur diverses populations de patients, trouve que “Les preuves s’accumulent pour démontrer que le cannabis peuvent être utiles en médecine pour certaines indications. … La classification du cannabis comme une drogue de Schedule I ainsi que la controverse continuelle sur le fait que le cannabis aurait ou non une valeur médicale sont des obstacles aux progrès médicaux dans ce domaine. Si on se base sur les preuves disponibles actuellement, la Schedule I n’est plus tenable; il n’est pas exact que le cannabis n’a aucune valeur médicale ou que des information sur sa sûreté soient manquantes.” Encore plus récemment, en 2017, une analyse de plus de 10’000 études récentes par la National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine a conclu que “des preuves concluantes et substantielles” existent pour soutenir l’usage clinique de cannabis dans le traitement de la douleur chronique ainsi que d’autres affections.

A ce jour, plus de 140 essais cliniques “gold-standard” portant sur plus de 8’000 patients existent, qui examinent la sûreté et l’efficacité du cannabis ou des cannabinoïdes isolés. Par contraste, de nombreuses substances approuvées par la FDA sont sujettes à beaucoup moins d’essais cliniques incluant un nombre bien moins élevé de patients avant d’obtenir leur approbation de mise sur le marché. En fait, selon une analyse publiée en 2014 dans le Journal of the American Medical Association, le nombre médian d’essais pivots (ou essais-clé) effectués avant l’approbation par la FDA est au nombre de deux, et plus d’un tiers des médicaments nouvellement approuvés sont mis sur le marché sur la base d’une étude pivot seulement.

Le changement d’orientation de la recherche cannabique

Alors que les recherches cliniques dans la valeur thérapeutique des cannabinoïdes ont proliféré de manière exponentielle, la ‘compréhension du cannabis’ des chercheurs a fait de même sur ses remarquables capacités à lutter contre la maladie. Là où les chercheurs des années 1970, 80 et 90 mesuraient surtout la capacité du cannabis à soulager certains symptômes — comme la nausée associée à la chimiothérapie du cancer — les scientifiques d’aujourd’hui explorent le rôle potentiel des cannabinoïdes pour moduler les maladies.

Par exemple, les scientifiques étudient la capacité des cannabinoïdes à modérer les désordres auto-immunitaires comme la sclérose en plaques, l’arthrite rhumatoïde et les maladies inflammatoires de l’intestin, mais aussi leur rôle dans le traitement de désordres neurologiques comme la maladie d’Alzheimer et la sclérose latérale amyotrophique (appelée aussi maladie de Lou Gehrig)

Les chercheurs étudient aussi les activités anti-cancer du cannabis, un ensemble croissant de données précliniques concluant que les cannabinoïdes peuvent réduire la dissémination des cellules cancéreuses via l’apoptose (mort cellulaire programmée) et l’inhibition de l’angiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins).

Les chercheurs explorent aussi l’usage de cannabis comme alternative de réduction des risques chez les patients souffrant de douleurs chroniques. Selon les découvertes d’une  étude de 2015 publiée par le National Bureau of Economic Research, un think-tank  non-partisan, « [L]es Etats ayant autorisé les dispensaires de cannabis médical voient un recul relatif des dépendances aux opiacés ainsi qu’un recul des décès par surdose, comparés aux Etats ne l’ayant pas fait.” Les constatations du NBER sont similaires à celles publiées en 2014 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), Internal Medicine, qui rapporte que l’adoption d’une loi régissant le cannabis médical est associée au niveau de l’État à une baisse significative des taux de mortalité par overdose d’opiacés. Les chercheurs avaient conclu “Les États ayant des lois sur le cannabis médical ont eu un taux annuel de mortalité par overdose d’opiacés inférieur de 24.8 pour cent en comparaison avec les États qui n’en ont pas”.

Ces récentes découvertes représentent sans doute des applications bien plus vastes et d’importance plus grande que ce que beaucoup de chercheurs auraient pu imaginer quelques vingt ou trente ans plus tôt.

Le profil de sécurité du cannabis médical

Les cannabinoïdes possèdent un profil de sécurité remarquable, en particulier par comparaison avec d’autres substances thérapeutiques, notamment les médicaments délivrables sur ordonnance. De façon significative, la consommation de cannabis ne peut pas entraîner d’overdose fatale, quelle que soit la quantité ou la qualité du produit. Selon une étude réalisée en 1995 pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), “Il n’existe aucun cas enregistré d’overdose fatale attribuée au cannabis et la dose létale estimée par extrapolation des études sur les animaux est si importante qu’elle ne peut pas être atteinte par les usagers”.

L’usage de cannabis pour des raisons thérapeutiques est également rarement associée à des effets secondaires importants. Une analyse majeure de données d’essais cliniques, sur une période de plus de 40 ans, “n’a pas trouvé de taux d’incidence d’effets secondaires supérieur en cas d’usage de cannabinoïdes” comparé au groupe de contrôle non-usager.

Une analyse plus récente de la littérature correspondante conclut que parmi l’usager adulte moyen, les risques pour la santé associés au cannabis “ne sont pas plus à risque d’être dangereux” que de nombreux autres comportements ou activités, ce qui inclut la consommation d’acétaminophen (ou paracétamol, l’ingrédient anti-douleur du Tylénol).

Ceci dit, le cannabis ne devrait pas être vu comme une substance “sans danger”. Ses composés actifs peuvent produire une gamme variée d’effet physiologiques et modificateurs de l’humeur. En conséquence, il peut y avoir des populations qui seraient vulnérables à des risques accrus face à l’utilisation du cannabis, comme les adolescent.e.s, les femmes enceintes ou allaitantes, et les patients qui ont un historique familial de maladies psychiatriques ou avec un risque clinique élevé de développer un désordre psychotique. Les patients ayant un historique de désordres cardiovasculaires, maladies ou attaque cardiaque ont certainement aussi un risque plus élevé de développer des effets secondaires dus au cannabis, surtout sous sa forme fumée. Comme pour toute médication, les patients devraient consulter minutieusement leur médecin avant de décider si l’usage de cannabis est sûr et approprié pour eux.

Note de NORML France : dans tous les cas d’usage médical il faut surveiller étroitement les interactions médicamenteuses possibles, dues au cytochrome P450 du foie.

Comment utiliser ces données ?

A mesure que les États continuent d’implémenter des législations permettant l’utilisation sous contrôle médical du cannabis, de plus en plus de patients souffrant de types de maladies différents explorent son utilisation thérapeutique. Beaucoup de ces patients et leur médecins abordent actuellement cette question pour la première fois et cherchent des conseils pour savoir si l’usage du cannabis thérapeutique peut ou non être conseillé. Ce rapport cherche à apporter ces conseils en récapitulant les recherches scientifiques les plus récentes (2000-2015) sur l’usage thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes.

Dans certain cas, la science moderne confirme maintenant les constats empiriques d’usagers de cannabis thérapeutique (par exemple, l’usage du cannabis pour soulager les troubles gastro-intestinaux).  Dans d’autre cas, la recherche met en avant de toutes nouvelles utilités cliniques potentielles des cannabinoïdes (par exemple, l’usage des cannabinoïdes pour modifier la progression des diabètes.)

Les sujets abordés dans ce rapport ont été choisis parce que les patients se posent souvent la question de l’usage du cannabis pour traiter leurs troubles. En outre, un grand nombre des maladies incluses dans le présent rapport peuvent être modulées par le cannabis thérapeutique. Dans plusieurs cas, les données précliniques et cliniques indiquent que les cannabinoïdes peuvent mettre un terme à l’avancement de ces maladies d’une manière plus efficace que les médicaments actuellement disponibles.

Pour les patients et leur médecin, ce rapport peut servir d’amorce à ceux qui envisagent d’utiliser ou de recommander le cannabis médical. Pour d’autres, ce rapport peut servir d’introduction à la vaste gamme d’applications cliniques émergentes pour le cannabis et ses divers composés.

Paul Armentano Directeur adjoint NORML | Fondation NORML Washington, DC
20 novembre 20, 2017
* L’auteur voudrait remercier Drs Dale Gieringer, Estelle Goldstein, Dustin Sulak, Gregory Carter, Steven Karch et Mitch Earleywine, ainsi que Bernard Ellis Phd et les ex-stagiaires de NORML John Lucy, Christopher Rasmussen et Rita Bowles, pour avoir fourni de l’aide et de l’assistance pour ce rapport. La Fondation NORML voudrait aussi remercier Dale Gieringer, Paul Kuhn, et Richard Wolfe pour leurs contributions financières en vue de la publication de ce rapport.

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Préambule

Dr Gregory T. Carter, 
Providence Medical Group
Washington, USA

“La marijuana” est le terme familier utilisé en Amérique pour désigner les sommités florales séchées des plantes femelles de Cannabis Sativa et Cannabis Indica. Le cannabis, selon son nom plus correct, fait partie de la pharmacopée de l’humanité depuis au moins les débuts de l’Histoire et les premiers écrits.
Les diverses variétés de plantes de cannabis sont très complexes et contiennent plus de 400 composés chimiques différents. Environ 60 de ces composés sont répertoriés en tant que cannabinoïdes. Le delta-9-tetrahydrocannabinol (THC), l’ingrédient actif de médicaments vendus sur ordonnance comme le dronabinol (Marinol) et la nabilone (Cesamet), fait partie des plus psychoactifs de ces cannabinoïdes. Les autres cannabinoïdes principaux sont le cannabidiol (CBD) et le cannabinol (CBN), tous deux n’étant pas psychoactifs et possédant des effets pharmacologiques distincts.

Le cannabis a été formellement introduit dans la Pharmacopée des USA (USP) en 1854, même si des références écrites relatant l’usage thérapeutique de la plante remontent à plus de 2800 avant JC. Vers 1900 le cannabis, derrière l’alcool et les opiacés, était le troisième ingrédient utilisé selon le nombre de brevets pour médicaments vendus en Amérique.

Mais, suite à la Révolution Mexicaine de 1910 quand les immigrés mexicains affluèrent aux Etats-Unis d’Amérique, introduisant l’usage social du cannabis dans la culture américaine, les activistes des ligues anti-drogue se mirent à dénoncer l’envahissante “Marijuana Menace”, affirmant que l’usage de la substance était responsable d’une puissante et grave vague de criminalité violente. En 1937, après le témoignage de Harry Anslinger — un farouche opposant au cannabis à la tête du Federal Bureau of Narcotics dès 1930 — et contre l’avis de la American Medical Association, la Marijuana Tax Act fut votée au Congrès, prohibant expressément toute possession et usage du cannabis.

A l’époque où cette loi fut votée, il y avait au moins 28 médicaments sous license contenant du cannabis, disponibles sous ordonnance médicale dans les pharmacies américaines.
Ces médicaments à base de cannabis étaient fabriqués par des compagnies pharmaceutiques réputées, telles que Squibb, Merck et Eli Lilly . Elles étaient couramment utilisées par des dizaines de milliers de citoyens américains et l’adoption du Marijuana Tax Act mit abruptement fin à la production et à l’usage du cannabis médical aux USA, qui fut officiellement exclu du Physician’s Desk Reference en 1942.

Heureusement, un important regain d’intérêt à propos des usages viables du cannabis médical a émergé au cours des dernières décennies. Le gros de ce regain d’intérêt dans le cannabis en tant que médicament ne repose pas seulement sur son efficacité mais aussi sur sa toxicité remarquablement faible. Aucun dosage létal chez l’humain n’a pu être recensé. Ce niveau de sécurité est très rare parmi les médicaments modernes, y compris parmi ceux en vente libre. Par conséquent les National Institutes of Health (NIH), la National Academy of Sciences Institute of Medicine et même le US Food and Drug Administration ont tous publié des déclarations appelant à des recherches supplémentaires sur l’usage thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes.

La découverte d’un système cannabinoïde endogène, avec ses récepteurs spécifiques et ses ligands, a fait progresser notre compréhension des actions thérapeutiques du cannabis, qui sont passés d’un registre folklorique à celui d’une science légitime. Il apparaît à présent que le système endocannabinoïde a évolué avec notre espèce et qu’il est intimement lié à une physiologie humaine normale, plus particulièrement dans le contrôle des mouvements, de la douleur, de la reproduction, de la mémoire et de l’appétit, parmi d’autres fonctions biologiques. De plus, la prévalence des récepteurs cannabinoïdes dans le cerveau et les tissus périphériques suggère que le système cannabinoïde représente un vaste maillage, autrefois méconnu, au sein de notre système nerveux.

Des récepteurs cannabinoïdes endogènes existent dans les systèmes nerveux de tous les animaux qui sont plus évolués que les hydres et les mollusques. Ceci est le résultat d’une évolution initiée il y a au moins 500 millions d’années. Il est maintenant prouvé que les systèmes neurologique, circulatoire, endocrinien, digestif et musculosquelettique du corps humain possèdent tous des récepteurs cannabinoïdes. Même les tissus cartilagineux en possèdent, ce qui fait du cannabis un agent thérapeutique de premier ordre pour traiter l’ostéoarthrite. Il a été démontré que les cannabinoïdes produisent un effet anti-inflammatoire en inhibant la production et l’action du facteur de nécrose tumorale (TNF) ainsi que d’autres cytokines de phase aigüe, ce qui fait aussi d’eux des composés idéaux pour le traitement des formes auto-immunes d’arthrite. Des chercheurs suggèrent actuellement que ces systèmes de récepteurs cannabinoïdes, si largement répandus, sont le mécanisme par lequel les corps maintiennent leur homéostasie (la régulation des fonctions de ses cellule) et permettent aux tissus du corps de communiquer entre eux dans cette danse cellulaire complexe que nous appelons “la vie”. Avec cette connaissance de la vaste action des cannabinoïdes au sein du système corporel, il devient bien plus facile de conceptualiser la manière dont les diverses formes de cannabinoïdes peuvent potentiellement avoir des effets thérapeutiques sur toutes sortes de symptômes et de maladies.

La douleur chronique est un autre de ces domaines thérapeutiques prometteurs que le cannabis pourrait impacter. Les cannabinoïdes agissent sur la douleur en modulant l’activité neuronale du noyau ventromédial de la moëlle épinière de façon similaire à la morphine, mais d’une manière différente pharmacologiquement. Cet effet analgésique est aussi exercé par quelques cannabinoïdes endogènes (anandamide) et synthétiques (méthanandamide).

Dans un idéal futur, les cannabinoïdes pourront être employés, seuls ou en association avec des opiacés, pour traiter les personnes souffrant de douleurs chroniques, améliorer leur qualité de vie et leur permettre de redevenir des citoyens actifs.

Lors des discussions sur l’usage thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes, les détracteurs répondent inévitablement que les patients ne doivent pas fumer leurs médicaments. Les patients n’y sont plus obligés. Les patients usagers de cannabis médical qui recherchent la rapidité de l’effet thérapeutique qui est associé avec l’inhalation, mais qui veulent éviter les dangers potentiels des fumées toxiques, éliminent toute absorption de composés carcinogènes en pratiquant la vaporisation à la place de la combustion.

La vaporisation du cannabis limite les toxines nocives pour le système respiratoire en chauffant la matière jusqu’à ce qu’une vapeur contenant les composés du cannabis se forme (généralement entre 170 et 190°) tout en restant en dessous du point de combustion (autour de 230°), qui engendre la combustion nocive et ses toxines (e.g., hydrocarbures carcinogènes). La vaporisation élimine l’inhalation de ces toxines et supprime les risques pour la santé liés à la fumée. Dans des essais cliniques, la vaporisation a démontré pouvoir délivrer sûrement, efficacement et profondément dans les poumons, sous forme d’aérosol où le milieu richement vascularisé les amènera vers l’ensemble des tissus de l’organisme, les cannabinoïdes pharmacologiquement actifs. 

Le rapport suivant résume les plus récentes recherches scientifiques publiées concernant l’usage thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes dans plus d’une douzaine de pathologies, qui incluent la maladie d’Alzheimer, la sclérose latérale amyotrophique, le diabète, l’hépatite C, la sclérose en plaques, l’arthrite rhumatoïde et le syndrome Gilles de la Tourette. Mon souhait est que les lecteurs/trices du présent rapport acquièrent un point-de-vue juste et équilibré sur le cannabis — un point-de-vue étayé par des études scientifiques et non pas par des opinions anecdotiques ou de la paranoïa. Le cannabis n’est ni une substance miracle ni la réponse à tous les maux de chacun. Toutefois, il apparaît avoir vraiment des effets thérapeutiques remarquables, qui ne demanderaient qu’à être étudiés si les obstacles gouvernementaux empêchant d’avantage de recherches poussées étaient levés.

La plante de cannabis ne justifie pas l’énorme tumulte légal et sociétal qui s’est créé autour d’elle. Durant ces 40 dernières années, les États-Unis ont dépensé des milliards pour stopper l’usage des drogues illicites, en particulier le cannabis, avec un succès plus que limité. De nombreuses personnes gravement malades ont dû livrer de longues batailles judiciaires pour se défendre d’avoir utilisé un composé qui les soulageait. Les esprits rationnels doivent sortir des concepts de guerre aux drogues en séparant les mythes de la réalité, le vrai du faux, ce qui est juste de ce qui ne l’est pas ainsi que différencier l’usage responsable à visée médicale des usages moins essentiels.

L’usager/ère de cannabis médical ne devrait être considéré.e comme un criminel dans aucun État (USA). La plupart des grands groupes médicaux, y compris l’Institute of Medicine, conviennent que le cannabis est un composé ayant un potentiel thérapeutique important et dont les “effets indésirables… entrent dans la fourchette de ceux tolérés pour les médicaments conventionnels”. Il y a plus de 30 ans, la Drug Enforcement Administration (DEA) a étudié les propriétés médicinales du cannabis. Après des recherches considérables, le juge administratif Francis L. Young, expert légal de la DEA a conclu: “ Les indices montrent clairement que le cannabis peut soulager la détresse d’un grand nombre de personnes gravement malades, cela de manière sûre sous supervision médicale. … Il serait déraisonnable, arbitraire et fantasque pour la DEA de continuer à faire obstacle entre ces patients qui souffrent et les bénéfices de cette substance”.

Malgré cette conclusion, plus de trois décennies plus tard, la DEA et le reste du gouvernement fédéral persistent dans leur politique d’interdiction absolue. Néanmoins, la science suit son cours et continue à évaluer les effets thérapeutiques du cannabis par des recherches continues et par l’évaluation des données disponibles. En ce qui concerne l’usage médicinal du cannabis, notre système législatif devrait opter pour une approche semblable en utilisant la science et la logique comme base de décision au lieu de compter sur des rhétoriques politiciennes et des perceptions erronées concernant les effets nocifs présumés de l’usage sociétal du cannabis.


Maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer (MA) est un trouble neurologique d’origine inconnue qui se caractérise par une perte progressive de la mémoire et des comportements acquis. Les patients souffrant d’Alzheimer sont également susceptibles de souffrir de dépression, d’agitation et de perte d’appétit, entre autres symptômes. On estime que plus de 4,5 millions d’Américains sont atteints de la maladie. Il n’existe pas de traitements ou de médicaments approuvés pouvant arrêter la progression de la MA, et peu de produits pharmaceutiques ont été approuvés par la FDA pour traiter les symptômes de la maladie.

Des données précliniques montrent le potentiel des cannabinoïdes pour ralentir la progression de la maladie, alors que les données cliniques démontrent que ces composés peuvent procurer un soulagement des symptômes.

Dans le numéro de février 2005 du Journal of Neuroscience, les chercheurs de l’Université Complutense et de l’Institut Cajal à Madrid en Espagne ont signalé que l’administration intra-cérébroventriculaire du cannabinoïde synthétique WIN 55,212-2 empêchait l’atteinte cognitive et diminuait la neurotoxicité chez des rats qui avaient reçu un peptide bêta-amyloïde (une protéine que l’on pense induit la maladie d’Alzheimer). D’autres cannabinoïdes synthétiques ont également montré qu’ils diminuaient l’inflammation associée à la maladie d’Alzheimer dans des cultures de tissu cérébral humain. Les chercheurs ont conclu [1] : “Nos résultats indiquent que … les cannabinoïdes réussissent à empêcher le processus neurodégénératif qui se produit dans cette maladie”. Des études suivantes ont démontré que l’administration de cannabidiol (CBD), phytocannabinoïde non-psychoactif atténuait aussi la perte de mémoire chez le modèle-souris de la maladie.[2]

Les chercheurs de l’Institut de Recherche Scripps de Californie ont rapporté que le THC inhibe l’enzyme responsable de l’agrégation de la plaque amyloïde – le marqueur principal de la maladie d’Alzheimer – d’une manière « considérablement supérieure » aux médicaments approuvés contre l’Alzheimer, comme le donepezil et la tacrine. Les chercheurs ont conclu : “Nos résultats fournissent un mécanisme dans lequel la molécule de THC peut impacter directement la pathologie de la MA. Le THC ainsi que ses analogues peuvent fournir une option thérapeutique améliorée pour la maladie d’Alzheimer [en]… traitant simultanément les symptômes et la progression de la maladie.”[3] Des chercheurs de l’Institut Stalk ont rapporté en 2016 des constatations similaires suite à une série d’études exploratoires.[4]

L’administration simultanée de THC et d’agonistes synthétiques de cannabinoïdes ont montré qu’ils agissaient sur la perte de mémoire, dans des modèles-animaux. Par exemple, des chercheurs du département de Psychologie et de Neurosciences de l’Université d’État de l’Ohio ont rapporté que des rats plus âgés à qui ils avaient administré des doses quotidiennes de WIN 55,212-2 durant trois semaines réussissaient considérablement mieux un test de mémoire dans un labyrinthe aquatique que les rats-contrôles non-traités. Écrivant dans le journal Neuroscience, ces scientifiques ont rapporté que les rats traités avec le composé avaient, en comparaison avec le groupe de contrôle, une mémoire améliorée de 50 pour cent et une réduction de l’inflammation de 40 à 50 pour cent.[5] Des chercheurs israéliens ont rapporté en 2017 que l’administration de THC pouvait inverser les déficiences mémorielles liés à l’âge chez les rats, et que cela pourrait offrir une option de traitement chez les patients souffrant de démence ou d’autres maladies neurodégénératives.[6] 

Des études précliniques antérieures ont démontré que les cannabinoïdes peuvent prévenir la mort de cellules neuronales.[7] Certains experts pensent que les propriétés neuroprotectrices des cannabinoïdes pourraient aussi jouer un rôle de modérateur de la MA.[8] Les chercheurs de l’Institut de Neuroscience du Trinity Collège en Irlande concluaient, dans la revue British Journal of Pharmacology, “Les cannabinoïdes offrent un approche multiforme pour le traitement de la maladie d’Alzheimer en fournissant de la neuroprotection et en réduisant l’inflammation, tout en soutenant simultanément les mécanismes réparateurs intrinsèques au cerveau, en augmentant l’expression de la neurotrophine et en renforçant la neurogenèse. … La manipulation des trajectoires cannabinoïdes offre une approche pharmacologique pour le traitement de la MA qui semble plus efficace que les schémas thérapeutiques actuels.”[9]

Des essais cliniques indiquent que la thérapie aux cannabinoïdes peut atténuer certains symptômes de la MA. Par exemple, des chercheurs de la Charite Universitatmedizin de Berlin, Département de Psychiatrie et de Psychothérapie, ont rapporté que l’administration quotidienne de 2.5mg de THC synthétique sur une période de deux semaines avait réduit l’activité motrice et l’agitation nocturne de patients souffrant de MA lors d’une étude-pilote ouverte.[10]

Les données cliniques présentées lors de l’assemblée annuelle 2003 de l’Association Psychogériatrique Internationale avaient auparavant rapporté que l’administration orale de jusqu’à 10mg de THC synthétique, lors d’une étude clinique ouverte, réduisait l’agitation et stimulait la prise de poids chez les patients souffrant d’Alzheimer à un stade avancé.[11] Une prise de poids accrue et une diminutions des pensées négatives parmi les patients MA ayant reçu des cannabinoïdes avaient déjà été reportés par des chercheurs dans le International Journal of Geriatric Psychiatry de 1997.[12]

Plus récemment, des chercheurs israéliens ont évalué la sûreté et l’efficacité d’une préparation huileuse infusée au THC sur des patients souffrant de MA, avec un essai de quatre semaines. Les participants ont fait l’expérience d’une diminution des incidences des idées délirantes, de l’agitation, de l’irritabilité et de l’apathie suite à ce traitement. La qualité de leur sommeil s’est aussi améliorée. « L’ajout du cannabis médical à la pharmacothérapie des patients MA est une option de traitement sûr et prometteuse », ont conclu les chercheurs.[13]

Bibliographie / Références

[1] Ramirez et al. 2005. Prevention of Alzheimer’s disease pathology by cannabinoids. The Journal of Neuroscience 25: 1904‐1913. (Prévention de la pathologie de la maladie d’Alzheimer par les cannabinoides)

[2] Israel National News, 16 décembre 2010. ʺIsraeli research shows cannabidiol may slow Alzheimer’s diseaseʺ (ʺUne recherche israélienne démontre que le cannabidiol pourrait ralentir [la progression de] la maladie d’Alzheimerʺ).

[3] Eubanks et al. 2006. A molecular link between the active component of marijuana and Alzheimer’s disease pathology. Molecular Pharmaceutics 3: 773‐777. (Un lien moléculaire entre le composé actif du cannabis et la pathologie de la maladie d’Alzheimer)

[4] Salk News. June 27, 2016. « Cannabinoids remove plaque-forming Alzheimer’s proteins from brain cells » (Les cannabinoïdes éliminent les protéines formant des plaques des cellules cérébrales)

[5] Marchalant et al. 2007. Anti-inflammatory property of the cannabinoid agonist WIN-55212-2 in a rodent model of chronic brain inflammation. Neuroscience 144: 1516‐1522. (Propriétés anti‐inflammatoires du cannabinoïde agoniste  WIN‐55212‐2 dans un modèle murin d’inflammation cérébrale chronique)

[6] Science Daily. May 8, 2017. « Cannabis reverses aging process in the brain, study suggests. » (Une étude suggère que le cannabis inverse le processus de vieillissement du cerveau)

[7] Hampson et al. 1998. Cannabidiol and delta-9-tetrahydrocannabinol are neuroprotective antioxidants. Proceedings of the National Academy of Sciences 95: 8268‐8273.
(Le cannabidiol et le delta‐9‐tetrahydrocannabinol sont des antioxydants neuroprotecteurs)

[8] Science News. June 11, 1998. ʺMarijuana chemical tapped to fight strokes
(ʺUn composé du cannabis exploité afin de combattre les AVCʺ)

[9] Campbell and Gowran. 2007. Alzheimer’s disease; taking the edge off with cannabinoids? British Journal of Pharmacology 152: 655‐662. (Maladie d’Alzheimer; l’atténuer avec des cannabinoïdes?)

[10] Walther et al. 2006. Delta-9-tetrahydrocannabinol for nighttime agitation in severe dementia. Psychopharmacology 185: 524‐528.
(Le delta‐9‐tetrahydrocannabinol contre l’agitation nocturne dans les démences sévères)

[11] BBC News. August 21, 2003. Cannabis lifts Alzheimer’s appetite.ʺ (ʺLe cannabis augmente l’appétit chez les patients Alzheimerʺ)

[12] Volicer et al. 1997. Effects of dronabinol on anorexia and disturbed behavior in patients with Alzheimer’s disease. International Journal of Geriatric Psychiatry 12: 913‐919. (Effets du dronabinol sur l’anorexie et les troubles du comportement chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer)

[13] Shelef et al. 2016. Safety and efficacy of medical cannabis oil for behavioral and psychological symptom of dementia: An open label, add-on, pilot study. Journal of Alzheimers Disease 51: 15-19.(La sûreté et l’efficacité de l’huile de cannabis sur les symptômes comportementaux et psychosociaux de la démence: une étude pilote ouverte complémentaire)

Sclérose Latérale Amyotrophique – SLA

La Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), connue aussi sous les noms de maladie de Lou Gehrig ou plus rarement maladie de Charcot, est un désordre neurodégénératif mortel caractérisé par la perte sélective de neurones moteurs dans la moelle épinière, le tronc cérébral et le cortex moteur. On estime qu’environ 30’000 Américains vivent avec la SLA, qui surgit souvent spontanément et affecte des adultes par ailleurs en bonne santé. Plus de la moitié des patients avec la SLA décèdent dans les 2.5 années qui suivent l’apparition des symptômes.

Actuellement, il y a une absence d’essais cliniques examinant l’usage des cannabinoïdes comme thérapie pouvant changer le cours de la maladie. Toutefois, des modèles précliniques indiquent que les cannabinoïdes peuvent ralentir la progression de la SLA, appuyant des rapports anecdotiques de patients disant que les cannabinoïdes pourraient être efficaces pour ralentir le développement de la maladie et soulager certains symptômes liés à la SLA tels que les douleurs, la perte d’appétit, la spasticité, la dépression et la salivation excessive.[1]

Par exemple, les chercheurs du California Pacific Medical Center de San Francisco rapportent dans le journal Amyotrophic Lateral Sclerosis & Other Motor Neuron Disorders que l’administration de THC avant et après l’apparition des symptômes de la SLA contrait la progression de la maladie et prolongeait la survie des animaux par rapport à un groupe de contrôle non-traité.[2] Les chercheurs de l’Université de l’Arkansas ont rapporté que l’administration de l’agoniste cannabinoïde AM-1241 faisaient plus que doubler les taux de survie, par rapport aux groupes de contrôle. Les auteurs conclurent : « La magnitude de l’effet produit par un traitement d’AM-1241 initié au début des symptômes rivalise avec les meilleurs agents pharmaceutiquse actuellement en notre possession, même avec ceux donnés préventivement, »[3] Une étude utilisant des extraits végétaux a aussi relaté un ralentissement de la progression de la SLA aux premiers stades de la maladie.[4]

En conséquence, des experts en appellent à des essais cliniques pour évaluer l’efficacité des cannabinoïdes dans le traitement de la progression de la SLA. Écrivant dans l’American Journal of Hospice & Palliative Medicine, une équipe de chercheurs publia : “En se basant sur les données scientifiques actuellement disponibles, il est raisonnable de penser que le cannabis peut ralentir significativement la progression de la SLA et potentiellement augmenter l’espérance de vie en réduisant substantiellement le fardeau global de la maladie.” Ils concluent: “Il y a une quantité énorme de preuves cliniques et pré-cliniques pour justifier le lancement d’un essai multicentrique randomisé, en double-aveugle, contrôlé par placebo, sur le cannabis comme un composé modifiant la maladie SLA.”[5] En 2016, les auteurs d’une analyse dans le journal Neural Regeneration Research se sont faits l’écho de ces découvertes en déclarant: « Il y a des raisons valables de proposer l’usage des composants cannabinoïdes dans la gestion pharmacologique des patients souffrant de SLA.[6]

Bibliographie / Références

[1] Amtmann et al. 2004. Survey of cannabis use in patients with amyotrophic lateral sclerosis. The American Journal of Hospice and Palliative Care 21: 95‐104. (Enquête sur l’usage de cannabis chez les patients souffrant de Sclérose Latérale Amyotrophique)

[2] Raman et al. 2004. Amyotrophic lateral sclerosis: delayed disease progression in mice by treatment with a cannabinoid. Amyotrophic Lateral Sclerosis & Other Motor Neuron Disorders 5: 33‐39. (Sclérose Latérale Amyotrophique: progression de la maladie retardée chez des souris traitées avec un cannabinoïde)

[3] Shoemaker et al., 2007. The CB2 cannabinoid agonist AM-1241 prolongs survival in a transgenic mouse model of amyotrophic lateral sclerosis when initiated at symptom onset. Journal of Neurochemistry 101: 87. (L’AM-1241, cannabinoïde agoniste du CB2, prolonge la survie dans un modèle transgénique murin de la sclérose latérale amyotrophique, quand administré dès l’apparition des symptômes)

[4] Moreno-Martet et al. 2014. Changes in endocannabinoid receptors and enzymes in the spinal cord of SOD1(G93A) transgenic mice and evaluation of Sativex-like combination of phytocannabinoids: Interest for future therapies in amyotrophic lateral sclerosis. CNS Neuroscience and Therapeutics 20: 809-815. (Changements dans les récepteurs endocannabinoïdes et les enzymes de la moelle épinière chez des souris transgéniques SOD1(G93A) et évaluation d’une association de phyto-cannabinoïdes similaires au Sativex: intérêt pour les thérapies futures de la sclérose latérale amyotrophique)

[5] Carter et al. 2010. Cannabis and amyotrophic lateral sclerosis: hypothetical and practical applications, and a call for clinical trials. American Journal of Hospice & Palliative Medicine 27: 347‐356. (Le cannabis et la Sclérose Latérale Amyotrophique: applications théoriques et pratiques, ainsi qu’une demande d’études cliniques)

[6] Giacoppo and Mazzon. 2016. Can cannabinoids be a potential therapeutic tool in amyotrophic lateral sclerosis? Neural Regeneration Research 11: 1896-1899. /Les cannabinoïdes peuvent-ils être un potentiel outil thérapeutique dans la sclérose latérale amyotrophique?)

Douleurs chroniques

Un Américain sur cinq souffre de douleur chronique.[1] Beaucoup d’entre eux souffrent de douleur neuropathique (douleur reliée aux nerfs) – un état qui est associé avec de nombreuses maladies incluant le diabète, le cancer, la sclérose en plaques et le VIH. Dans la plupart des cas, l’usage de médicaments analgésiques de références tels que des opiacés et les AINS (substances anti-inflammatoires non-stéroïdiennes) est inefficace pour soulager la douleur neuropathique. De plus, l’usage à long-terme des anti-douleur les plus conventionnels, incluant l’acétaminorphène, les opiacés et les AINS, est associé avec une foule de potentiels effets secondaires nocifs incluant dépendance, crise cardiaque, hépatoxicité et surdosages accidentels fatals.

Les données d’un sondage indiquent que l’usage de cannabis est courant parmi les patients souffrant de douleur chronique[2] et  la majorité des patients qui l’utilisent pour cette indication témoignent de son efficacité.[3] Une majorité déclare également que le cannabis induit moins d’effets secondaires que les médicaments anti-douleurs usuels et qu’il en contrôle mieux les symptômes que les opioïdes.[4]

En plus de ces affirmations anecdotiques, de nombreux tests cliniques rapportent que l’inhalation de cannabis soulager la douleur neuropathique. Un récent examen identifie 35 études contrôlées spécifiques à l’usage de cannabis dans le traitement de la douleur, impliquant plus de 2 000 sujets.[5] Ceux-ci incluent deux essais cliniques randomisés, contrôlés par placebo, démontrant qu’inhaler du cannabis réduisait de plus de 30 % la neuropathie des patients ayant le VIH comparé au groupe ayant reçu le placebo.[6-7] (Des détails additionnels sur ces études se trouvent dans la section VIH de cette publication). Un test de l’Université de Californie à San Diego, contrôlé en double aveugle contre placebo, a démontré que du cannabis inhalé réduisait significativement la douleur induite par la capsaïcine chez des volontaires sains.[8] Une étude clinique randomisée en double aveugle de l’Université de Californie à Davis a reporté qu’à la fois des grandes et des petites doses de cannabis inhalé réduisaient les douleurs neuropathiques dues à diverses causes chez des sujets qui ne répondaient pas aux thérapies anti-douleur habituelles.[9] Une étude de l’Université McGill indique que la fumée du cannabis améliore significativement les mesures de la douleur, de la qualité du sommeil et de l’anxiété chez les participants ayant des douleurs réfractaires que les thérapies conventionnelles ne soulageaient pas.[10] Une autre étude clinique  a rapporté que le cannabis inhalé ainsi que le THC ingéré diminuaient significativement la sensibilité à la douleur et augmentaient la tolérance à celle-ci chez des sujets sains exposés à des stimuli douloureux pour l’expérience.[11]

Les tests cliniques indiquent également que le cannabis vaporisé est efficace pour modérer la douleur. En 2013 un essai approuvé par la FDA évaluant l’impact du cannabis vaporisé sur la douleur neuropathique a rapporté que même de petites doses de THC (1.29 pour cent) « ont procuré une amélioration statistiquement significative de 30 % de réduction de la douleur comparé au placebo. »[12] Un test clinique ouvert israélien de 2014 a rapporté que l’administration d’une dose unique de cannabis végétal via un vaporisateur gradué était efficace et bien tolérée parmi les patients souffrant de douleurs névralgiques.[13] Des données contrôlées contre placebo publiées en 2015 dans le Journal of Pain ont de plus rapporté que le cannabis vaporisé procurait « une réduction dose-dépendante de la douleur liée à la neuropathie diabétique périphérique chez les patients ayant des douleurs réfractaires aux traitements. »[14]  En 2016 un essai contrôlé par placebo sur une cohorte de 42 sujets avec une neuropathie induite par des lésions à la moelle épinière a rapporté que la vaporisation de cannabis ayant un taux bas ou modéré de THC induisait « une réponse analgésique significative » chez les participants de l’étude.[15]

Dans une analyse de ces tests ainsi que d’autres tests, le British Journal of Clinical Pharmacology a conclu, « Il est raisonnable de considérer les cannabinoïdes comme une option de traitement pour gérer la douleur neuropathique avec de preuves d’efficacité dans d’autres types de douleurs chroniques tels que la fibromyalgie ainsi que l’arthrite rhumatoïde. »[16] Une analyse séparée, publiée dans le Clinical Journal of Pain conclut également que, « En général, selon la base de données sur les essais cliniques existants, les médications cannabiques antalgiques se sont avérées des traitements d’une certaine efficacité et sécurité chez des patients souffrant de divers états de douleur chronique. … Il semble justifié et approprié d’incorporer le thème de la médication cannabique dans l’enseignement de la médecine contre la douleur et de continuer les recherches cliniques ainsi que des essais empiriques de traitements. »[17] Une autre analyse de données rapporte de manière similaire, « les cannabinoïdes sont sûrs, ils démontrent un effet analgésique modéré et fournissent une option de traitement raisonnable pour le traitement de douleurs chroniques non-cancéreuses. »[18] Plus récemment, une analyse de plus de 10,000 études scientifiques par le National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine a conclu que le mélange de cannabinoïdes contenus dans la plante de cannabis est efficace dans le traitement des douleurs chroniques chez l’adulte. Ils ont déterminé que « Parmi les adultes souffrant de douleur chronique, les patients qui étaient traités avec du cannabis ou des cannabinoïdes étaient davantage susceptibles de faire l’expérience d’une réduction clinique significative des symptômes de la douleur ».[19]

Des essais longitudinaux ont aussi démontré que la thérapie au cannabis est sûre et efficace dans le traitement de la douleur. Une évaluation sur une année de patients canadiens souffrant de douleur chronique a rapporté que l’usage quotidien de cannabis végétal était associé à une efficacité et à une sécurité suffisantes. Comparés au groupe de contrôle, les patients qui utilisaient le cannabis expérimentaient une réduction moyenne significative dans l’intensité de la douleur sans qu’il y ait une augmentation du risque d’avoir des effets cognitifs ou pulmonaires indésirables. Les auteurs ont conclu : « Cette étude suggère que les effets indésirables du cannabis médical sont modestes et qu’ils sont comparables, quantitativement et qualitativement aux cannabinoïdes prescriptibles. Les résultats suggèrent que le cannabis en doses moyennes de 2.5g/j. chez des usagers de cannabis pourrait être sans risque en tant que partie d’un programme de traitement soigneusement surveillé pour gérer la douleur, là où les traitements conventionnels ont été considérés médicalement inappropriés ou inadéquats. »[20]

Les données précliniques indiquent que les cannabinoïdes, quand ils sont administrés conjointement entre eux, sont plus efficaces pour atténuer la douleur neuropathique que l’utilisation d’un agent unique – un phénomène parfois appelé « effet d’entourage ». Des scientifiques de l’Université de Milan ont rapporté que l’administration d’un cannabinoïde unique comme le THC ou le CBD procuraient un soulagement limité comparé à l’administration d’extraits végétaux contenant des cannabinoïdes multiples, des terpènes (huiles) et des flavonoïdes (pigments). Les chercheurs ont conclu : « L’utilisation d’un extrait standardisé de Cannabis sativa … a suscité un soulagement total de l’hyperalgésie thermique lors d’un modèle expérimental de douleur neuropathique, … améliorant les effets des cannabinoïdes isolés, … Collectivement, ces constats soutiennent fortement l’idée que l’association de composés cannabinoïdes et non-cannabinoïdes, tels que présents dans des extraits [issus de la plante], procurent des avantages significatifs dans le soulagement de la douleur neuropathique comparé aux seuls cannabinoïdes isolés. »[21] D’autres études ont rapporté des effets similaires.[22]

Prescrire du cannabis permet également à des patients souffrant de douleurs chroniques de réduire significativement leur usage d’opioïdes. En 2011 une essai clinique évaluant l’administration de phyto-cannabis vaporisé chez des patients souffrant de douleurs chroniques, soumis à un régime quotidien de morphine et d’oxycodone a rapporté que « le cannabis  inhalé augmente l’effet analgésique des opioïdes ». Les auteurs en concluent « L’association (d’opioïdes et de cannabinoïdes) peut permettre un traitement avec de plus faibles doses d’opioïdes et avec moins d’effets secondaires »[23] Un essai clinique Israélien de 2016 sur des patients souffrant de douleurs rebelles a de manière similaire rapporté que le ca.nnabis inhalé réduisait la sévérité des symptômes et était également associé à une réduction globale de 44 pour cent de leur usage d’opiacés .[24] Une étude séparée de l’University du Michigan sur 244 sujets souffrant de douleurs chroniques a rapporté de manière similaire que l’usage de cannabis amenait une diminution de  64 pour cent de la consommation d’opiacés[25] Un examen des données de patients publiée en 2017 a rapporté que 97 pour cent des répondeurs « étaient fortement d’accord avec l’affirmation « qu’ils pouvaient diminuer la quantité d’opiacés qu’ils consommaient quand ils utilisaient également du cannabis.[26]

Les patients utilisent moins d’opioïdes dans les juridictions qui leur donnent accès au cannabis médical. Selon les conclusions d’une étude de 2015 du National Bureau of Economic Research, « Les États qui permettent l’accès au cannabis médical voient une diminution à la fois de l’addiction aux opiacés et des décès par overdose, comparés aux États qui ne permettent pas cet accès. »[27] Les constats du NBER sont similaires à ceux publiés en 2014 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Internal Medicine qui rapporte également que l’adoption de lois de cannabis médical à l’échelle de l’État est associée avec une mortalité par surdose d’opiacés de 24.8 pour cent inférieure, comparée aux États qui n’ont pas de lois permettant le. cannabis médical.[28] Une étude de 2016 faite par Castlight Health rapporte de manière similaire que les taux d’usage illégal d’opiacés sont significativement moindres dans les juridictions autorisant le cannabis médical. L’incidence des hospitalisations liées aux opiacés [29] et les décès liés aux trafics[30] ont aussi baissé, tout comme les dépenses pour les prescriptions de médicaments [31] (Pour un résumé complet des études pertinentes montrant que l’accès à du cannabis légal est associé avec une diminution de l’usage d’opiacés, de leur abus, des hospitalisations et de la mortalité, veuillez vous référer au Fact sheet de NORML, Relations entre le cannabis et les opiacés). Par conséquent, certains experts en matière de douleur conseillent maintenant que les médecins prescrivent une thérapie cannabique en supplément ou à la place des prescriptions de médicaments contre la douleur pour « réduire les taux de morbidité et de mortalité associée à ces prescriptions de médicaments ». [32]

Bibliographie / Références

[1] New York Times. October 21, 1994. ʺStudy says 1 in 5 Americans suffers from chronic pain.ʺ (“Selon une étude, un cinquième des Américains souffre de douleur chronique”).

[2] Cone et al. 2008. Urine drug testing of chronic pain patients: licit and illicit drug patterns. Journal of Analytical Toxicology 32: 532‐543. (tests urinaires de dépistage de drogues chez des patients souffrant de douleur chronique: schémas des drogues licites et illicites)

[3] Ryan‐Ibarra et al. 2014. Prevalence of medical marijuana use in California, 2012. Drug and Alcohol Review 34:141‐146.
(Prévalence de l’usage de cannabis en Californie, 2012)

[4] Reiman et al., 2017. Cannabis as a substitute for opioid-based pain medication: Patient self-report. Cannabis and Cannabinoid Research 2: [open access journal].

[5] Grotenhermen and Muller-Vahl. 2017. Medicinal uses of marijuana and cannabinoids. Critical Reviews in Plant Sciences 35: 378-405.

[6] Abrams et al. 2007. Cannabis in painful HIV-associated sensory neuropathy: a randomized placebo-controlled trial. Neurology 68: 515‐521. (Le cannabis dans les neuropathies sensorielles douloureuses associées au VIH: un test randomisé contrôlé contre placebo)

[7] Ellis et al. 2008. Smoked medicinal cannabis for neuropathic pain in HIV: a randomized, crossover clinical trial. Neuropsychopharmacology 34: 672‐80. (Du cannabis fumé contre les douleurs neuropathiques du VIH: un essai clinique randomisé croisé)

[8] Wallace et al. 2007. Dose‐dependent effects of smoked cannabis on Capsaicin‐induced pain and hyperalgesia in healthy volunteers. Anesthesiology 107: 785‐796.  (Effets dose-dépendants du cannabis sur la douleur induite par capsaïcine et l’hyperalgie chez des volontaires sains)

[9] Wilsey et al. 2008. A randomized, placebo-controlled, crossover trial of cannabis cigarettes in neuropathic pain. Journal of Pain 9: 506‐521. (Un essai croisé, randomisé et contrôlé contre placebo sur l’usage de cigarettes de cannabis dans la douleur neuropathique)

[10] Ware et al. 2010. Smoked cannabis for chronic neuropathic pain: a randomized controlled trial (La fumée de cannabis contre la douleur neuropathique chronique: un essai randomisé contrôlé). CMAJ 182: 694‐701. (La fumée de cannabis contre la douleur neuropathique chronique: un essai randomisé contrôlé)

[11] Cooper et al. 2013. Comparison of the analgesic effects of dronabinol and smoked marijuana in daily marijuana smokers. Neuropsychopharmacology 38: 1984‐1992.(Comparaison des effets analgésiques du dronabinol et de la fumée de cannabis chez des fumeurs de canna bis quotidiens)

[12] Wilsey et al. 2013. Low-dose vaporized cannabis significantly improves neuropathic pain. The Journal of Pain 14: 136‐148. (De faibles doses de cannabis vaporisé améliorent significativement la douleur neuropathique)

[13] Eisenberg et al. 2014. Pharmacokinetics, Efficacy, Safety, and Ease of Use of a Novel Portable Metered-Dose Cannabis Inhaler in Patients With Chronic Neuropathic Pain: A Phase 1a Study. Journal of Pain and Palliative Care Pharmacotherapy 28: 216‐225. (Pharmacocinétique, efficacité, innocuité et facilité d’utilisation d’un nouveau vaporisateur portable gradué pour les patients: Une étude en phase 1a)

[14] Wallace et al., 2015. Efficacy of inhaled cannabis on painful diabetic neuropathy. Journal of Pain 7: 616‐627. (Efficacité du cannabis vaporisé sur la neuropathie douloureuse liée  au diabète)

[15] Wilsey et al. 2016. An exploratory human laboratory experiment evaluating vaporized cannabis in the treatment of neuropathic pain from spinal cord injury and disease. The Journal of Pain 17: 982-1000.

[16] Lynch and Campbell. 2011. Cannabinoids for treatment of chronic non-cancer pain; a systematic review of randomized trials. British Journal of Clinical Pharmacology 72: 735‐744.
(Les cannabinoïdes dans le traitement des douleurs non cancéreuses: un examen systématique de tests randomisés)

[17] Sunil Aggerwal. 2012. Cannabinergic pain medicine: a concise clinical primer and survey of randomized-controlled trial results. The Clinical Journal of Pain 29: 162-171.  (Médecine cannabique anti-douleur: amorce clinique concise et examen des résultats de l’essai randomisé contrôlé)

[18] Lynch and Ware. 2015. Cannabinoids for the treatment of chronic non-cancer pain: An updated systematic review of randomized controlled trials.  Journal of Neuroimmune Pharmacology 10: 293‐301.  (Les cannabinoïdes dans le traitement des douleurs chroniques non-cancéreuses: Un examen méthodique actualisé d’essais randomisés contrôlés)

[19] National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. 2017. The Health Effects of Cannabis and Cannabinoids: Chapter Highlights.

[20] Ware et al. 2015. Cannabis for the Management of Pain: Assessment of Safety Study. Journal of Pain. In print. (Le cannabis dans la gestion de la douleur: étude d’évaluation de son innocuité)

[21] Comelli et al. 2008. Antihyperalgesic effect of a Cannabis sativa extract in a rat model of neuropathic pain. Phytotherapy Research 22: 1017‐1024.  (Effet antihyperalgésique d’un extrait de Cannabis sativa dans un modèle murin de douleur neuropathique)

[22] Johnson et al. 2009. Multicenter, double-blind, randomized, placebo-controlled, parallel-group study of the efficacy, safety and tolerability of THC: CBD extract in patients with intractable cancer-related pain. Journal of Symptom Management 39: 167‐179.
(Étude multicentrique, randomisée, contrôlée contre placebo en double-aveugle avec groupes parallèles sur l’efficacité, l’innocuité et la tolérabilité d’extraits de THC:CBD chez des patients avec une douleur liée au cancer résistante aux médicaments)

[23] Abrams et al. 2011. Cannabiniod-opioid interaction in chronic pain. Clinical Pharmacology & Therapeutics 90: 844-851. (Interaction entre cannabinoïdes et opioïdes dans la douleur chronique)

[24] Haroutounian et al. 2016. The effect of medicinal cannabis on pain and quality of life outcomes in chronic pain: A prospective open-label study. The Clinical Journal of Pain 32: 1036-1043.

[25] Boehnke et al. 2016. Medical cannabis use is associated with decreased opiate medication use in a retrospective cross-sectional survey of patients with chronic pain. The Journal of Pain 17: 739-744.

[26] Reiman et al., 2017. op. cit.

[27] Powell et al. 2015. Do medical marijuana laws reduce addictions and deaths related to pain killers? NBER Working Paper No. 21345. (Les lois en faveur du cannabis médical réduisent-elles les dépendances et les décès liés aux anti-douleurs?)

[28] Bachhuber et al. 2014. Medical cannabis laws and opioid analgesic overdose mortality in the United States, 1999-2010. Journal of the American Medical Association 174: 1688‐1673. (lois permettant le cannabis médical et mortalité par surdose d’antalgiques opioïdes aux USA, 1999-2010)

[29] Shi. 2017. Medical marijuana policies and hospitalizations related to marijuana and opioid pain reliever. Drug and Alcohol Dependence 173: 144-150.

[30] Kim et al. 2016. Medical marijuana laws and the prevalence of opioids detected among fatally injured drivers. American Journal of Public Health 106: 2032-2037.

[31] Bradford and Bradford. 2016. Medical marijuana laws reduce prescription medication use in Medicare Part D. Health Affairs 35: 1230-1236.

[32] Mark Collen. 2012. Prescribing cannabis for harm reduction.
Harm Reduction Journal 9: 1.  (Prescrire du cannabis pour la réduction des risques)

 

Diabète sucré (Diabetes Mellitus)

Le diabète sucré est un ensemble de maladies auto-immunes caractérisées par des défauts de la sécrétion d’insuline menant à l’hyperglycémie (une concentration anormalement élevée de glucose dans le sang). Il existe deux types primaires de diabète. Les personnes diagnostiquées avec un diabète de type 1 (connu aussi sous le nom de diabète juvénile) sont incapables de produire de l’insuline pancréatique et doivent compter sur de l’insuline médicamenteuse pour survivre. Les personnes qui ont un diabète de type 2 (connu aussi sous le nom de diabète de l’adulte) produisent des quantités inadéquates d’insuline. Le diabète de type 2 est une pathologie moins grave, typiquement contrôlée par un régime. Au fil du temps, le diabète peut mener à la cécité, l’insuffisance rénale, à des dommages neurologiques, au durcissement des artères et à la mort. Cette maladie est la troisième plus importante cause de décès aux USA, après les maladies coronariennes et le cancer.

Des études précliniques et d’observation indiquent que les cannabinoïdes sont inversement corrélés au diabète,[1] qu’ils pourraient modifier la progression de la maladie ainsi que procurer un soulagement des symptômes à ceux souffrant de cette maladie.[2-3] Une étude de 2006 publiée dans le journal Autoimmunity a rapporté que des injections quotidiennes de 5mg du cannabinoïde non-psychoactif CBD réduisaient significativement l’incidence du diabète chez les souris. Les enquêteurs ont rapporté que 86% des souris de contrôle non-traitées avaient développé du diabète. Par contraste, seulement 30% des souris traitées au CBD ont développé la maladie.[4] Dans une expérience séparée faite par la même équipe de recherche, les chercheurs ont signalé que toute les souris de contrôle avaient développé un diabète après une moyenne de 17 semaines (champ de 15 à 20 semaines), alors qu’une majorité (60 pour cent) des souris traitées au CBD étaient toujours exemptes de diabète après 26 semaines.[5] Une étude de 2013 évaluant l’effet du THCV (tétrahydrocannabivarine) chez des souris génétiquement modifiées obèses a rapporté que l’administration de cannabinoïdes a produit divers effets bénéfiques relatifs au diabète, incluant une intolérance au glucose réduite, une tolérance au glucose améliorée, de meilleurs taux de triglycérides dans le foie et une sensibilité à l’insuline accrue. Les auteurs ont conclu, « En se basant sur ces données, il peut être suggéré que le THCV peut être utile dans le traitement du syndrome métabolique et/ou le diabète de type 2 (diabète adulte), seul ou en addition à des traitements existants. »[6]

D’autres tests pré-cliniques rapportent que les cannabinoïdes pourraient atténuer divers symptômes de la maladie. Par exemple, écrivant dans le numéro de l’American Journal of Pathology de mars 2006, les chercheurs du Medical College of Virginia ont rapporté que des rats traités avec du CBD durant des périodes allant de une à quatre semaines avaient développé une protection significative contre la rétinopathie diabétique[7] — une des causes majeures de cécité chez les adultes en âge de travailler.

Il a également été démontré que les cannabinoïdes soulageaient les symptômes de la maladie à la fois dans les modèles animaux et humains. Deux études publiées dans le journal Neuroscience Letters en 2004 ont relevé que des souris à qui on avait administré un agoniste de récepteur cannabique expérimentaient une diminution de l’allodynie tactile liée au diabète (douleurs résultant de stimuli non-traumatiques sur la peau), comparées aux souris-contrôles non-traitées.[8-9] Les conclusions suggèrent que « les cannabinoïdes ont un effet potentiellement bénéfique sur l’expérience de la douleur neuropathique liée au diabète. » De manière similaire, des chercheurs provenant des USA, de Suisse et d’Israël ont écrit dans le Journal of the American College of Cardiology que l’administration de CBD réduit divers symptômes de cardiomyopathie diabétique (affaiblissement du muscle cardiaque) dans un modèle-souris du diabète de type 1. Les auteurs ont conclu que « [C]es résultats, couplés avec l’excellent profil d’innocuité et de tolérabilité du CBD chez les humains, suggère fortement qu’il pourrait avoir un grand potentiel thérapeutique pour le traitement des complications liées au diabète.[10]

Très récemment, des données cliniques contrôlées par placebo, publiées en 2015 dans The Journal of Pain relatent que du cannabis provenant de la plante entière, vaporisée, réduisait significativement la neuropathie liée au diabète chez des patients résistants aux autres analgésiques. Les auteurs ont rapporté : « Ce petit test à court-terme contrôlé par placebo avec du cannabis inhalé démontre un diminution dose-dépendante de la douleur neuropathique périphérique liée au diabète. … Par dessus tout, nos résultats montrant un effet analgésique du cannabis sont cohérents avec d’autres essais de cannabis sur divers syndromes de douleur neuropathique. »[11] En 2017, un essai clinique contrôlé par placebo publié dans le journal Diabetes Care a rapporté que l’administration de THC « a amené une baisse significative des niveaux de glycémie plasmatique à jeun » et a amélioré le fonctionnement des cellules pancréatiques dans le diabète de type 2.[12]

Plusieurs tests observationnels ont révélé que les consommateurs de cannabis ont un risque moindre de contracter le diabète de type 2 par rapport aux non-usagers. Par exemple, des chercheurs de l’Université of California à Los Angeles ont évalué l’association entre le diabète sucré et l’usage de cannabis sur 10’896 adultes âgés entre 20 et 59 ans, parmi un échantillon représentatif d’adultes de la population nationale des USA. Ils ont observé que les consommateurs de cannabis, actuels ou passés, avaient une prévalence moindre de diabète adulte, même après que les auteurs de l’enquête aient ajusté les variables sociétales (ethnie, niveau d’activité physique, etc.) et malgré un historique familial similaire vis à vis du diabète. Les chercheurs n’ont trouvé aucune association entre l’usage de cannabis et d’autres maladies chroniques incluant l’hypertension, les attaques, l’infarctus du myocarde ou problèmes au coeur, comparé aux non-usagers. Les auteurs ont conclu « Nos analyses … ont montré que les participants qui utilisaient du cannabis avaient une prévalence moindre de diabète adulte et en général moins de risques de diabète comparé aux personnes qui n’en consommaient pas. »[13]

Des données similaires provenant d’un test observationnel ont été publiées dans le American Journal of Medicine en 2013. Des scientifiques de la Harvard Medical School et du Beth Israel Deaconess Medical Center à Boston ont évalué la relation entre l’usage de cannabis et les niveaux d’insuline à jeun, de glucose, et de résistance à l’insuline sur un échantillon de 4’657 sujets masculins. Ils ont conclu, « [L]es sujets qui ont relaté avoir consommé du cannabis durant le mois écoulé avaient des niveaux plus bas d’insuline à jeun et d’HOMA-IR (résistance à l’insuline), ainsi qu’un plus petit tour de taille et des niveaux plus élevés de HDL-C (Lipoprotéine à haute densité, ou « bon » cholestérol). Ces associations étaient moindres parmi ceux qui avaient déclaré avoir consommé du cannabis au moins une fois, mais pas dans les 30 derniers jours, suggérant que l’impact de la consommation de cannabis sur l’insuline et la résistance à l’insuline existe pendant les périodes d’usage récent. »[14]

Commentant cette étude, l’éditeur en chef du journal écrit : « Ce sont indéniablement des observations remarquables qui sont appuyées, note l’auteur, par des expériences scientifiques de base qui sont arrivées à des conclusions semblables. … Nous avons désespérément besoin de beaucoup plus de recherches basiques et cliniques sur les effets à court et à long terme du cannabis dans différents domaines cliniques comme le cancer, le diabète et les maux des personnes âgées. Je voudrais demander à la NIH et la DEA de collaborer pour développer des moyens de mettre en oeuvre des études scientifiques solides menant à des informations pour aider les médecins à utiliser et à prescrire correctement du THC dans sa forme végétale ou synthétique. »[15]

Très récemment, les chercheurs de la Conférence des Centres de Santé de l’Université de Québec ont évalué les schémas d’usage de cannabis et l’indice corporel (IMC) dans un échantillon de 786 Inuits (peuple indigène de l’Arctique) adultes ayant entre 18 et 74 ans. Les scientifiques ont noté que les sujets qui avaient consommé du cannabis durant l’année écoulée avaient plus de probabilités d’avoir des taux moins élevés d’IMC, d’insuline à jeun et de HOMA-IR (résistance à l’insuline) comparé à ceux qui ne consommaient pas la substance.[16] Leurs résultats sont en accord avec les recherches précédentes montrant une relation inverse entre l’usage de cannabis et les marqueurs du diabète et soutiennent les données de population précédentes montrant que ceux qui utilisent le cannabis, en moyenne, ont un tour de taille plus petit que ceux qui ne l’utilisent pas.[17], moins de risques d’un syndrome métabolique[18-19] et de stéatose hépatique non-alcoolique[20] et sont aussi moins à risque de souffrir d’obésité, comparés à ceux qui ne l’utilisent pas [21-22]

Bibliographie / Références

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(Cannabis fumé et diabète sucré: résultats d’une méta-analyse avec huit exemples répliqués indépendants)

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(Les Cannabinoïdes et le système immunitaire: Potentiels pour le traitement de maladies inflammatoires)

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[5] Ibid

[6] Wargent et al. 2013. The cannabinoid Δ9-tetrahydrocannabivarin (THCV) ameliorates insulin sensitivity in two mouse models of obesity. Nutrition & Diabetes 3 [e-pub ahead of print]  
(Le cannabinoïde Δ9‐tétrahydrocannabivarine (THCV) améliore la sensibilité à l’insuline dans deux modèles-souris de l’obésité)

[7] El‐Remessy et al. 2006. Neuroprotective and blood-retinal barrier preserving effects of cannabidiol in experimental diabetes. American Journal of Pathology 168: 235‐244. (Les effets neuroprotecteurs et préservateurs de la barrière hémato-rétinienne du cannabis lors de diabète expérimental)

[8] Dogrul et al. 2004 Cannabinoids block tactile allodynia in diabetic mice without attenuation of its antinociceptive effect. Neuroscience Letters 368: 82‐86. (Les cannabinoïdes bloquent l’allodynie tactile chez des souris diabétiques, sans diminution de son effet antinociceptif)

[9] Ulugol et al. 2004. The effect of WIN 55,212-2, a cannabinoid agonist, on tactile allodynia in diabetic rats. Neuroscience Letters 71: 167‐170. (L’effet du WIN 55,212-2, un agonniste cannabinoïde, sur l’allodynie tactile de rats diabétiques)

[10] Rajesh et al. 2010. Cannabidiol attenuates cardiac dysfunction, oxidative stress, fibrosis, and inflammatory and cell death signaling pathways in diabetic cardiomyopathy. Journal of the American College of Cardiology 56: 2115‐2125. (Le cannabidiol atténue les dysfonctions cardiaques, le stress oxydatif, les fibroses, et les voies inflammatoires et de mort cellullaire siglalant la cardiomyopathie du diabète)

[11] Wallace et al. 2015. Efficacy of inhaled cannabis on painful diabetic neuropathy. The Journal of Pain 16: 616‐627.
(Efficacité du cannabis inhalé sur les neuropathies douloureuses dues au diabète)

[12] Jadoon et al. 2017. Efficacy and safety of cannabidiol and tetrahydrocannabivarin on glycemic and lipid parameters in patients with type 2 diabetes: A randomized, double-blind, placebo-controlled, parallel group pilot study. Diabetes Care 39: 1777-1786. (Efficacité et sûreté du cannabidiol et du tetrahydrocannabivarin sur les paramètres lipidiques et glycémiques chez des patients ayant un diabète de type 2: Une étude pilote aléatoire en groupes parallèles, controlée par placebo en double aveugle)

[13] Rajavashisth et al. 2012. Decreased prevalence of diabetes in marijuana users. BMJ Open 2
(Prévalence moindre du diabète chez les usagers de cannabis)

[14] Penner et al. 2013. Marijuana use on glucose, insulin, and insulin resistance among US adults. American Journal of Medicine 126: 583‐589. (Usage de cannabis et taux de glucose, d’insuline et de résistance à l’insuline chez des adultes américains)

[15] Science Daily. May 15, 2013 ʺMarijuana users have better blood sugar controlʺ.
(ʺLes utilisateurs de cannabis ont un meilleur taux de glycémieʺ)

[16] Ngeuta et al. 2015. Cannabis use in relation to obesity and insulin resistance in the inuit population. Obesity 23: 290‐295.  
(La relation entre l’usage de cannabis et la résistance à l’insuline dans la population Inuit)

[17] Beulaygue and French. 2016. Estimating the Relationship between Marijuana Use and Body Mass Index. The Journal of Mental Health Policy and Economics. (Estimation des relations entre l’usage de cannabis et l’indice de masse corporelle)

[18] Vidot et al. 2016. Metabolic syndrome among marijuana users in the United States: An analysis of National Health and Nutrition Examination Survey Data. The American Journal of Medicine 129: 173-179. (Syndrome métabolique parmi les usagers de cannabis aux USA: Une analyse des données d’enquête de l’Office National de Santé et Nutrition)

[19] Waterreus et al. 2016. Metabolic syndrome in people with a psychotic illness: Is cannabis protective? Psychological Medicine 46: 1651-1662. (Syndrome métabolique chez les personnes souffrant d’une maladie psychotique: Le cannabis protège-t-il?)

[20] Adejumo et al. 2017. Cannabis use is associated with reduced prevalence of non-alcoholic fatty liver disease: A cross-sectional study. PLOS ONE [open access journal]. (L’usage de cannabis est associé avec une prévalence réduite de stéatose hépatique non-alcoolique)

[21] Le Strat and Le Foll. 2011. Obesity and cannabis use: Results from 2 representative national surveys. American Journal of Epidemiology 174: 929‐933. (Usage de cannabis et obésité: Résultats de deux sondages nationaux représentatifs)

[22] Li et al. 2016. Associations between body weight status and substance use among African American women in Baltimore, Maryland: The CHAT Study. Substance Use & Misuse. (associations entre le poids corporel et l’usage de substances parmi les femmes Afro-Américaines de Baltimore: étude CHAT)

Dystonie

La dystonie est un trouble moteur d’origine neurologique caractérisé par une tension anormale des muscles et des contractions involontaires et douloureuses des muscles. C’est le troisième trouble moteur le plus fréquent après la maladie de Parkinson et les tremblements, affectant plus de 300’000 personnes en Amérique du Nord.

Un petit nombre de rapports de cas et d’études pré-cliniques[1] indiquent que les cannabinoïdes ont une activité anti-dystonique.

Une étude de cas publiée dans The Journal of Pain and Symptom Management a rapporté des symptômes de dystonie atténués après avoir fumé du cannabis chez un patient de 42 ans souffrant de douleurs chronique. Les chercheurs signalent que la douleur subjective du patient est tombée de 9 à zéro (Sur une échelle visuelle analogique allant de zéro à 10) suite à l’inhalation de cannabis, et que le sujet n’a pas eu besoin de médication analgésique additionnelle durant les 48 heures suivantes. Les auteurs ont conclu : « Aucun autre traitement à ce jour n’a provoqué une telle amélioration spectaculaire de l’état [du patient]. »[2]

Une deuxième étude de cas publiée dans le journal Movement Disorders  a rapporté « une amélioration clinique significative » suite à l’inhalation de cannabis chez un patient de 25 ans ayant une dystonie généralisée due à la maladie de Wilson.[3]

Une équipe de chercheurs allemands de la Hannover Medical School a rapporté le traitement réussi de la dystonie d’un musicien, pianiste professionnel de 38 ans, suite à l’administration de 5 mg de THC lors d’un essai à dose unique contrôlé par placebo.[4] Les chercheurs ont cité « une claire amélioration du contrôle moteur » de la main du sujet atteinte, et ils ont noté « [Deux] heures après la prise de THC, le patient a été capable de jouer des morceaux techniquement difficiles, ce qui n’avait pas été possible avant le traitement. » Avant le traitement avec le cannabinoïde, le sujet ne répondait pas aux médications standard et ne pouvait plus jouer sa musique en public. « Les résultats fournissent des preuves que … la prise de THC … améliore significativement [les symptômes de] … la dystonie focale », ont conclu les chercheurs.

Une étude randomisée contrôlée par placebo de 2002 enquêtant sur l’usage du cannabinoïde synthétique oral nabilone (Cesamet) par 15 patients affligés de dystonie généralisée et segmentale primaire n’a pas montré de réduction significative des symptômes.[5] Par contraste, un rapport de cas a démontré que l’administration quotidienne de dronabinol était associée avec une diminution des symptômes de dystonie paroxystique.[6]

Les chercheurs ont émis l’hypothèse que ces résultats pourraient être liés aux doses, et que l’administration d’une dose plus grande aurait pu donner un résultat différent.

En 2015, un examen de la littérature conclut que les produits dérivés du cannabis  possèdent un « rôle prometteur » dans le traitement de divers troubles du mouvement, incluant la dystonie.[76]

Bibliographie / Références

[1] Richter et al. 2002. Effects of pharmacological manipulations of cannabinoid receptors on severe dystonia in a genetic model of paroxysmal dyskinesia. European Journal of Pharmacology 454: 145-151. (Effets de manipulations pharmacologiques des récepteurs cannabinoïdes sur la dystonie sévère dans un modèle génétique de dyskinésie paroxystique)

[2] Chatterjee et al. 2002. A dramatic response to inhaled cannabis in a woman with central thalamic pain and dystonia. The Journal of Pain and Symptom Management 24: 4‐6.
(Une réponse spectaculaire au cannabis inhalé chez une femme souffrant de douleur centrale thalamique et de dystonie)

[3] Roca et al. 2004. Cannabis sativa and dystonia secondary to Wilson’s disease. Movement Disorders 20: 113‐115. (Le cannabis sativa et la dystonie due à la maladie de Wilson)

[4] Jabusch et al. 2004. Delta-9-tetrahydrocannabinol improves motor control in a patient with musician’s dystonia. Movement Disorders 19: 990‐991. (Le Delta-9-tétrahydrocannabinol améliore le contrôle moteur chez un patient atteint de dystonie musculaire)

[5] Fox et al. 2002. Randomised, double-blind, placebo-controlled trial to assess the potential of cannabinoid receptor stimulation in the treatment of dystonia. Movement Disorders 17: 145‐149. (Essai randomisé en double-aveugle, contrôlé contre placebo, pour évaluer le potentiel de la stimulation des récepteurs cannabinoïdes dans le traitement de la dystonie)

[6] Deutsch et al. 2008. Current status of cannabis treatment in multiple sclerosis with an illustrative case presentation of a patient with MS, complex vocal tics, paroxysmal dystonia, and marijuana dependence treated with dronabinol. CNS Spectrums 13: 393-403.
(État actuel du traitement de la sclérose en plaques avec la présentation de cas d’un patient souffrant de SEP, de tics vocaux complexes, dystonie paroxystique et dépendance au cannabis, traité avec du dronabinol)

[7] Barbara Koppel. 2015. Cannabis in the treatment of dystonia, dyskinesias, and tics. Neurotherapeutics 12: 788-792.
(Le cannabis dans le traitement de la dystonie, la dyskinésie et des tics)

 

Épilepsie

L’épilepsie est un trouble du système nerveux central caractérisé par des contractions incontrôlables des membres et/ou des crises convulsives. Un Américain sur 26 va développer de l’épilepsie au cours de sa vie. Les traitements conventionnels destinés à atténuer les symptômes de ce trouble incluent des médications ou parfois la chirurgie. Néanmoins, même sous traitements conventionnels, on estime que 30 pour cent des personnes qui souffrent d’épilepsie continueront à avoir des crises.

Les patients épileptiques rapportent fréquemment un soulagement subjectif provenant de l’apport de cannabis.[1] Ces dernières années, une attention accrue a été portée sur l’usage de thérapies au cannabis par des adolescent.e.s souffrant de formes sévères d’épilepsie.

Les parents d’enfants épileptiques plaident depuis longtemps en faveur de l’efficacité thérapeutique du cannabis, en particulier l’usage de produits riches en CBD, dans les médias[2] et des études scientifiques.[3-4]

Un nombre croissant d’études sont maintenant disponibles dans la littérature scientifique attestant l’activité anti-crise épileptique du CBD chez des patients adolescents. Par exemple, l’examen des dossiers d’enfants et d’adolescents à qui l’on a donné oralement des extraits de cannabis dans un centre contre l’épilepsie au Colorado a révélé une diminution de la fréquence des crises pour 57 pour cent des sujets.[5] Les bénéfices additionnels qui ont été rapportés incluent: amélioration du comportement/de l’éveil (33 pour cent), amélioration du langage (10 pour cent) et amélioration des capacité motrices (10 pour cent), et des compétences motrices améliorées (10 pour cent).

En 2016, des chercheurs israéliens ont évalué rétrospectivement les effets de l’huile de CBD cur un groupe multicentrique de patients ayant une épilepsie intractable. Les participants à l’essai étaient résistants au traitement conventionnel de l’épilepsie et ont été traités avec des extraits de CBD durant une période d’au moins trois mois. Les extraits de cette études étaient fournis par deux cultivateurs-sous-licence israéliens et ont été standardisés pour avoir un ratio de CBD par rapport au THC de 20 à 1. Les chercheurs ont constaté: “Le traitement au CBD a produit un effet positif significatif sur le fardeau des crises. La plupart des enfants (89 pour cent) a vu une diminution de la fréquence des crises. … De plus, nous avons observé une amélioration dans le comportement, la vivacité, le langage, la communication, les compétences motrices et le sommeil.”[6]

Ils ont conclu, “Les résultats de cette étude multicentrique sur le traitement au CBD pour l’épilepsie intractable chez les enfants et adolescents sont hautement prometteurs. De nouveaux essais cliniques bien conçus utilisant du cannabis médiacal enrichi au CBD sont justifiés.”

A l’automne 2003, la Food and Drug Administration étasunienne a accordé le statut de médicament orphelin à un extrait de CBD pharmaceutiquement standardisé, importé sous le nom d’Epidiolex, pour son utilisation dans le cadre de traitements pédiatriques expérimentaux. Des essais cliniques évaluant la sûreté et l’efficacité du traitement chez les enfants avec des formes sévères d’épilepsie, comme le syndrôme de Dravet, commencèrent en 2014.[7] Les résultats de plusieurs de ces essais sont devenus disponibles récemment.

Les résultats des essais cliniques, rendus publics en avril 2015 lors de la 67ème Rencontre Annuelle de l’Académie Américaine de Neurologie, ont montré que l’administration de ces extraits avait diminué la fréquence des crises de 54 pour cent sur une période de 12 semaines chez des enfants ayant une épilepsie résistante aux traitements.[8] Les données d’essai rapportées en automne 2015 lors de l’assemblée annuelle de l’American Epilepsy Society ont conclu que l’adjonction d’Epidiolex était associée avec un soulagement à long terme de l’activité épileptique chez 40 pour cent des adolescents sujets de l’étude.[9] Les données d’un essai ouvert publiées par le journal Lancet Neurology ont aussi rapporté une réduction des crises moyenne chez des patients adolescents traités avec de l’Epidiolex qui approchait les 40 pour cent. Les auteurs ont conclu, “Nos constatations suggèrent que le cannabidiol pourrait réduire la fréquence des crises et aurait un profil d’innocuité adéquat pour les enfants et les jeunes adultes souffrant d’épilepsie sévère résistante aux traitements.”[10] Des données préliminaires fournies par un de ces essais financés par l’état, provenant de l’Université de l’Alabama à Birmingham en 2016, ont rapporté qu’environ 90 pour cent des sujets souffrant d’épilepsie pédiatrique  montraient « un certaine amélioration » suite au traitement par le CBD.[11]

Les données cliniques ont aussi démontré que le traitement avec de l’Epidiolex atténue la fréquence des crises et est bien toléré dans le traitement du syndrome Lennox-Gastaut, une forme rare et sévère d’épilepsie.[12-13] Le traitement à l’Epidiolex/CBD est aussi associé avec des symptômes améliorés et une réduction de la prise des médicaments prescrits chez les patients pédiatriques souffrant du syndrome épileptique lié à une fièvre infectieuse, une forme dévastatrice d’épilepsie affectant des enfants sains après une fièvre liée à une infection,[11] ainsi qu’une réduction des crises chez des patients atteints d’épilepsie induite par une sclérose tubéreuse complexe.[15]

Des données observationnelles séparées publiées dans le journal Epilepsia concluent que 70 pour cent des enfants à qui l’on a administré de l’Epidiolex en adjonction avec du clobazam voient une diminution de plus de 50 pour cent de la fréquence des crises. Les auteurs constatent, “Le CBD est un traitement sûr et efficace de l’épilepsie réfractaire chez les patients traités au CLB”.[16] Des essais cliniques additionnels avec de l’Epidiolex, parallèlement à plusieurs essais parrainés par l’État, sont en cours.

De plus, « la plupart des études suggèrent l’effet anticonvulsivant du CBD et considèrent les effets secondaires indésirables comme faibles », écrivent les chercheurs dans le Journal of Epilepsy Research en 2017.[17]

Du fait de cet ensemble de preuves croissant, l’Epilepsy Foundation of America s’est décidée en faveur de “changements des lois étatiques afin augmenter l’accès au cannabis médical comme option de traitement pour l’épilepsie, incluant un usage pédiatrique s’il est recommandé par un médecin traitant.” [18] Une requête à l’US Food and Drug Administration pour l’Epidiolex est en attente.[19]

Bibliographie / Références

[1] Massot-Tarrus and McLachian. 2016. Marijuana use in adults admitted to a Canadian epilepsy monitoring unit. Epilepsy & Behavior 63: 73-78. (L’usage de cannabis par les adultes admis dans une unité canadienne de surveillance de l’épilepsie)

[2] Saundra Young, CNN.com. August 7, 2013. ʺMarijuana stops child’s severe seizuresʺ
(ʺLe cannabis stoppe les graves convulsions d’un enfantʺ)

[3] Porter and Jacobson. 2013. Report of a parent survey of cannabidiol-enriched cannabis use in pediatric treatment-resistant epilepsy. Epilepsy & Behavior 29: 574‐577.
(Rapport d’un sondage auprès de parents sur l’utilisation de cannabis enrichi en cannabidiol dans le traitement pédiatrique de l’épilepsie résistante aux traitements)

[4] Hussain et al. 2015. Perceived efficacy of cannabidiol-enriched cannabis extracts for treatment of pediatric epilepsy: A potential role for infantile spasms and Lennox-Gastaut syndrome. Epilepsy & Behavior 47: 138‐141.  (Perception de l’efficacité des extraits de cannabis enrichis en cannabidiol pour le traitement de l’épilepsie pédiatrique: Un rôle potentiel contre les spasmes infantiles et le syndrome de Lennox-Gastaut)

[5] Press et al. 2015. Parental reporting of response to oral cannabis extracts for treatment of refractory epilepsy. Epilepsy & Behavior 45: 49‐52. (Rapports de parents sur le résultat du traitement de l’épilepsie réfractaire par des extraits de cannabis ingérés oralement)

[6] Tzadok et al. 2016.CBD-enriched medical cannabis for intractable pediatric epilepsy: The current Israeli experience. Seizure. (Du cannabis médical enrichi en CBD contre l’épilepsie pédiatrique intraitable: l’expérience israélienne actuelle)

[7] New Jersey Star-Ledger. December 6, 2013. « FDA-approved medical marijuana clinical trial gets underway next month for kids with epilepsy. »
(Un essai clinique approuvé par la FDA débute le mois prochain pour des enfants souffrant d’épilepsie)

[8] American Academy of Neurology press release, « Medical marijuana liquid extract may bring hope for children with severe epilepsy, » April 13, 2015.
(Un extrait liquide de cannabis médical pourrait apporter de l’espoir aux enfants souffrant d’épilepsie sévère)

[9] HealthDay. December 8, 2015. « Marijuana chemical shows promise for hard-to-treat epilepsy in kids. »
(Un composant du cannabis se montre prometteur pour l’épilepsie résistante de l’enfant)

[10] Devinsky et al. 2015. Cannabidiol in patients with treatment-resistant epilepsy: an open-label interventional trial. Lancet Neurology [E-pub ahead of print]. (Du cannabidiol  pour les patients souffrant d’épilepsie résistante aux traitements : un essai ouvert interventionnel)

[11] Al.com/Birmingham News. January 29, 2016. « Does medical marijuana oil work? UAB shares insight into Carly’s Law study. » (Le cannabis médical fonctionne t-il ? Point de vue de l’UAB dans l’étude légale de Carly)

[12] EpilepsyResearch.org. June 28, 2016. « Results of Epidiolex trial in Lennox-Gastaut Syndrone announced. » (Les résultats de l’essai  d’Epidiolex dans le syndrome de Lennox-Gastaut sont annoncés)

[13] « GW Pharmaceuticals announces second positive Phase III pivotal trial for Epidiolex (cannabidiol) in the treatment of Lennox-Gastaut syndrome, » September 26, 2016. (GW Pharmaceuticals annonce une deuxième étude pivot positive de Phase III pour l’Epidiolex (cannabidiol) dans le traitement du syndrome de Lennox-Gastaut)

[14] Gofshteyn et al. 2016. Cannabidiol as a potential treatment for febrile infection-related epilepsy syndrome (FIRES) in the acute and chronic phases. Journal of Child Neurology [E-pub ahead of print]. (Le cannabidiol comme agent de traitement potentiel du syndrome fébrile épilepsie liée aux infections (FEUX) dans les phases aigües et chroniques)

[15] Hess et al. 2016. Cannabidiol as a new treatment for drug-resistant epilepsy in tuberous sclerosis complex. Epilepsia [E-pub ahead of print].

[16] Geffrey et al. 2015. Drug–drug interaction between clobazam and cannabidiol in children with refractory epilepsy. Epilepsia 56: 1246-1251.

[17] Mo Koo and Kang. 2017. Could cannabidiol be a treatment option for intractable childhood and adolescent epilepsy? Journal of Epilepsy Research 7: 16-20.

[18] Epilepsy Foundation of America press release, « Epilepsy Foundation calls for increased medical marijuana access and research, » February 20, 2014. (La Fondation pour l’Épilepsie demande davantage d’accès au cannabis médical et à la recherche)

[19] GW Pharmaceuticals plc reports fiscal third quarter 2017 financial results and operational progress. August 7, 2017.

 

Fibromyalgie

La fibromyalgie (FM) est un syndrome de douleur chronique d’éthiologie inconnue. La maladie est caractérisée par des douleurs musculo-squelettiques généralisées, de la fatigue et de multiples points sensibles dans le cou, la colonne vertébrale, les épaules et les hanches. On estime qu’entre 3 et 6 millions d’Américains sont affectés par la fibromyalgie, qui est souvent mal maîtrisée par les médicaments de référence contre la douleur.

Les patients souffrant de fibromyalgie déclarent souvent utiliser du cannabis en auto-médication pour traiter les symptômes de la maladie,[1-4] et les médecins – dans les situations où c’est légal pour eux de le faire – recommandent souvent l’usage de cannabis pour traiter les troubles musculo-squelettiques.[5-6] Toutefois, à ce jour il n’y a que peu d’essais cliniques évaluant l’usage de cannabinoïdes pour traiter la maladie.

Écrivant dans le journal Current Medical Research and Opinion, les chercheurs de l’Université allemande d’Heidelberg ont évalué les effets analgésiques de THC oral sur une durée de trois mois chez neuf patients souffrant de fibromyalgie. Ils ont administré des doses quotidiennes allant de 2.5mg à 15mg de THC aux sujets de cet essai, qui ne recevaient aucun autre médicament anti-douleur pendant l’essai. Parmi les participants de l’essai, tous ont relevé une réduction significative de la douleur quotidienne et de la douleur produite électroniquement.[7]

Une autre étude, publiée dans le Journal of Pain observe que l’administration du cannabinoïde synthétique nabilone diminuait la douleur de façon significative chez 40 sujets fibromyalgiques lors d’un essai randomisé en double aveugle contrôlé contre placebo. Les chercheurs ont conclu: “Puisque le nabilone a amélioré les symptômes en étant bien toléré, il pourrait être un supplément utile pour la gestion de la douleur fibromyalgique”.[8] Un essai séparé réalisé en 2010 par l’Université McGill de Montréal rapporte que de faibles doses de nabilone amélioraient de façon significative la qualité du sommeil des patients chez qui la maladie avait été diagnostiquée.[9] Toutefois, une analyse documentaire récente a critiqué ces essais en le jugeant de qualité médiocre [10] 

En 2011, un test d’observation de cas-témoins a montré que l’utilisation de phyto-extraits de cannabis est associée avec des effets bénéfiques sur divers symptômes de la fibromyalgie , comme le soulagement de la douleur et de la rigidité des muscles. Les scientifiques de l’Institut de Recherche de l’Hospital del Mar à Barcelone en Espagne ont évalué l’association des bénéfices du cannabis chez des patients atteints de fibromyalgie comparés à des patients FM qui n’utilisaient pas la substance. Il y avait vingt-huit participants utilisateurs et non-utilisateurs dans cette étude.

Ses auteurs ont conclu que “Les patients utilisaient non seulement le cannabis pour soulager la douleur mais aussi pour à peu près tous les symptômes associés à la FM, et aucun d’entre-eux n’a signalé une aggravation des symptômes suite à l’emploi de cannabis. … Une amélioration significative de la douleur, de la rigidité, de la relaxation, de la somnolence et de la perception de bien-être, évaluée par EVA (Échelle Visuelle Analogue) avant et deux heures après l’auto-administration de cannabis fut observée.” Les usagers de cannabis de cette étude ont aussi obtenu de meilleurs classements au niveau de la santé mentale globale que les non-usagers. Les chercheurs conclurent: “Ces résultats couplés avec les preuves précédentes semblent confirmer les effets bénéfiques des cannabinoïdes sur les symptômes de la FM.”[11]

Des analyses documentaires sur diverses sortes de préparations issues du cannabis cannabis révèlent que les cannabinoïdes sont efficaces pour soulager divers types de douleur, y compris les douleurs neuropathiques, les désordres musculosquelettiques, la fibromyalgie et d’autres affections chroniques.[12]De plus, l’effet immunomodulateur des cannabinoïdes fait d’eux des agents prometteurs pour le traitement de la fibromyalgie et les autres troubles connexes.”[13-16]

Bibliographie / Références

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Troubles gastro-intestinaux

Les troubles gastro-intestinaux (TGI), qui comprennent les maladies du transit intestinal telles que le syndrome du côlon irritable (colopathie fonctionnelle) et les maladies inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH), affectent plus des millions de Français, dont une majorité de femmes. Bien que quelques TGI peuvent être maîtrisés par un régime et des médicaments pharmaceutiques, d’autres ne sont que faiblement atténués par les traitements conventionnels. Les symptômes TGI comprennent souvent crampes, douleurs abdominales, inflammation des parois du petit et/ou du gros intestin, diarrhée chronique, saignements rectaux et perte de poids.

Les patients avec ces troubles rapportent fréquemment faire usage de cannabis thérapeutique contre divers symptômes, incluant les douleurs abdominales, les crampes abdominales et la diarrhée.[1-9] Selon les données d’une enquête publiée en 2011 dans l’European Journal of Gastroenterology & Hepatology, “L’usage de cannabis pour soulager les symptômes est fréquent parmi les patients souffrant de SCI, particulièrement parmi ceux ayant un historique de chirurgies abdominales, de douleurs abdominales chroniques ou/et ceux qui ont une mauvaise qualité de vie en général.”[10] Des données d’enquête plus récentes sur des patients atteints de colopathie fonctionnelle affirment: “[Un] nombre significatif de patients souffrant de colopathie fonctionnelle utilisent régulièrement du cannabis. La plupart des patients trouvent qu’il est très utile pour le contrôle des symptômes.”[11]

Des études pré-cliniques démontrent que l’activation des récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2 exerce des fonctions biologiques dans l’appareil gastro-intestinal.[12] Les effets de leur activation dans des modèles animaux incluent la suppression de la motilité intestinale,[13] l’inhibition des sécrétions intestinales,[14] un reflux acide réduit[15] et une protection contre l’inflammation,[16] tout en favorisant la cicatrisation épithéliale des tissus humains,[17]  Les experts suggèrent que le système cannabinoïde endogène joue « un rôle clé dans la partenogenèse des TGI »[18] et que « les cannabinoïdes pourraient, en conséquence, se révéler bénéfiques contre les troubles inflammatoires » comme la colite et les autres maladies digestives.[19]

Les données de tests d’observation indiquent que l’usage de cannabis est associée avec une réduction de l’activité de la maladie de Crohn et des hospitalisation dues à la maladie. Les enquêteurs du Meir Medical Center, Institut de Gastroentérologie et d’Hépatologie ont évalué “l’activité de la maladie, la prise de médicaments, la nécessité d’intervention chirurgicale et le taux d’hospitalisation” avant et après usage de cannabis chez 30 patients ayant la maladie de Crohn. Les auteurs constatent que “Tous les patients ont déclaré que la consommation de cannabis a eu un effet positif sur l’activité de leur maladie” et documentent “des améliorations significatives” chez 21 sujets.

Plus précisément, les chercheurs ont trouvé que les sujets qui consommaient du cannabis avaient “diminué significativement” leur besoin de prendre autres médicaments. Les participants de ce test ont aussi rapporté nécessiter moins d’actes de chirurgie suite à leur consommation de cannabis. Les auteurs rapportent: “Quinze de ces patients avaient subi 19 interventions chirurgicales durant une période moyenne de neuf ans avant leur usage de cannabis, mais seulement deux d’entre eux ont dû recourir à la chirurgie durant une période moyenne de trois ans d’usage de cannabis.” Ils ont conclu: “Les résultats indiquent que le cannabis peut avoir un effet positif sur l’activité de la maladie, comme l’indique la réduction de l’indice d’activité de la maladie ainsi que la nécessité moindre de recourir à d’autres médicaments et à la chirurgie.”[20]

Dans un test de suivi contrôlé par placebo, l’inhalation de cannabis a provoqué une diminution des symptômes de la maladie de Crohn chez des sujets ayant une forme de la maladie résistante aux traitements. Presque la moitié des participants à l’essai ont atteint un état de rémission de la maladie.[21] En revanche, l’administration de CBP par voie orale n’a pas démontré avoir un effet thérapeutique bénéfique chez des patients souffrant de la maladie de Crohn lors d’un essai contrôlé.[22]

Se basant sur des preuves, une partie des experts sont maintenant persuadés que la modulation du système cannabinoïde endogène représente une nouvelle approche thérapeutique pour le traitement de nombreuses pathologies gastro-intestinales – incluant les maladies inflammatoires de l’intestin, les maladies fonctionnelles de l’intestin, les états de reflux gastro-oesophagiens, la diarrhée chronique, les ulcères gastriques et le cancer du colon.[23-25]  

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Gliomes / cancers

Les gliomes (tumeurs du cerveau) sont des formes de cancer malin particulièrement agressifs, aboutissant souvent au décès des patients affectés dans les une à deux années suivant le diagnostic. Il n’y a pas de remèdes contre les gliomes et la plupart des traitements disponibles ne procurent qu’un soulagement minime des symptômes.

Un examen le la littérature scientifique moderne révèle de nombreuses études pré-cliniques et une étude pilote clinique qui démontre la capacité des cannabinoïdes à agir en agents antinéoplasiques, particulièrement sur les lignées cellulaires gliales.

Écrivant dans le numéro de septembre 1998 du journal FEBS Letters, des chercheurs de L’Université Complutense de Madrid, département de Biologie, sont les premiers à rapporter que le delta-9-THC induisait l’apoptose (mort programmée des cellules) dans des cultures de cellules de gliome.[1] Les chercheurs, effectuant un suivi de leurs observations datant de l’année 2000, ont rapporté que l’administration des deux composants, le THC et l’agoniste cannabinoïde synthétique WIN 55,212-2, « ont induit une régression considérable des gliomes malins » dans des modèles animaux.[2] Les chercheurs confirmèrent une nouvelle fois en 2003 la capacité des cannabinoïdes à inhiber la croissance des gliomes chez les animaux.[3]

La même année, des chercheurs italiens ont rapporté de manière similaire que le cannabinoïde non-psychoactif cannabidiol (CBD) inhibait la croissance de diverses lignées de cellules de gliome humaines in vivo et in vitro, de façon dose-dépendante. Ils conclurent, dans le numéro de novembre 2003 du Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics Fast Forward “Le CBD non-psychoactif … produit une activité anti-tumorale significative à la fois in vitro et in vivo, suggérant par cela une possible application du CBD en tant qu’agent antinéoplasique.”[4]

En 2004, Guzman et ses collègues ont signalé que les cannabinoïdes inhibaient la croissance des tumeurs gliales chez les animaux et dans des échantillons de tumeurs glioblastome multiforme (GBM) de provenance humaine, en altérant la morphologie des vaisseaux sanguins de la tumeur (ex. voie VEGF). Les chercheurs ont conclu, dans le numéro d’août 2004 du journal Cancer Research, “Les observations cliniques et en laboratoire actuelles fournissent un nouvel objectif pharmaceutique pour le développement de thérapies basées sur les cannabinoïdes”[5]

Des enquêteurs du California Pacific Medical Center Research Institute ont rapporté que l’administration de THC sur des lignes de cellules humaines de glioblastome multiforme réduisait la prolifération des cellules malignes et induisait une mort cellulaire plus rapide que ne le faisait l’agoniste cannabinoïde synthétique WIN 55,212-2. Les chercheurs ont aussi noté que l’action du THC ciblait sélectivement les cellules malignes en ignorant les cellules saines d’une manière plus intense que l’alternative synthétique.[6] Une étude pré-clinique séparée a rapporté que l’administration simultanée de THC et de l’agent pharmaceutique témozolomide (TMZ) “augmentait l’autophagie” (le suicide programmé des cellules) dans les tumeurs au cerveau résistantes aux traitements anti-cancer conventionnels.[7]

Guzman et ses collègues ont aussi rapporté que l’administration de THC diminuait la croissance des tumeurs glioblastome multiforme chez certains patients souffrant de GBM récurrente. Dans le tout premier essai clinique pilote du genre évaluant l’usage de cannabinoïdes pour les GBM, les chercheurs ont constaté que l’administration intra-tumorale de THC était associée avec la diminution de la prolifération des cellules tumorales chez deux des neuf sujets. Les chercheurs ont conclu : “Le bon profil d’innocuité du THC, couplé à son action antiproliférative probable sur les cellules tumorales, rapportée ici ainsi que dans d’autres études, pourrait poser les bases pour de futurs essais destinés à évaluer la potentielle activité antitumorale des cannabinoïdes”[8] Plusieurs autres chercheurs ont récemment également préconisé des enquêtes supplémentaires sur des thérapies basées sur les cannabinoïdes pour le traitement des gliomes.[9-10] Un rapport de cas séparé, publié en 2011 dans le journal “International Society for Pediatric Neurosurgery”, documente également la régression spontanée de tumeurs résiduelles du cerveau chez deux enfants, coïncidant avec leur usage de cannabis.[12]

En plus de la capacité des cannabinoïdes à ralentir les cellules du gliome, des études pré-cliniques séparées démontrent que les cannabinoïdes et les endo-cannabinoïdes peuvent aussi inhiber la prolifération d’autres lignées cellulaires cancéreuses[13-14], incluant le carcinome du sein[15-19], le carcinome de la prostate[20-24], le carcinome colorectal[25-26], l’adénocarcinome gastrique[27], le carcinome de la peau[28], les cellules leucémiques[29-33], le neuroblastome[34-35], le carcinome des poumons[36-37], le carcinome de l’utérus[38], l’épithélioma de la thyroïde[39], l’adénocarcinome du pancréas[40-41], le carcinome cervical[42-44], le cancer buccal[45], le cancer des voies biliaires (cholangiome malin)[46], les cancers urologiques[47],et le lymphome[48-49], parmi d’autres. Dans certains cas, une activité anti-cancer renforcée a été rapportée lorsque les cannabinoïdes sont administrés conjointement entre-eux, plutôt qu’isolés.[50-51] Un rapport de cas publié dans le journal Case Reports in Oncology mentionne également un traitement avec des extraits de cannabis couronné de succès chez un patient de 14 ans diagnostiqué avec une forme agressive de leucémie lymphoblastique aiguë.[52] Des études démographiques rapportent également une relation inversée entre l’usage de cannabis et la prévalence de divers types de cancers, incluant le cancer du poumon[53], cancer cervico-facial[54] et cancer de la vessie.[55]

Les experts reconnaissent qu’il existe “des preuves scientifiques solides soutenant que les cannabinoïdes démontrent une activité anti-cancer considérable dans des modèles pré-cliniques de cancer”,[56] et que les cannabinoïdes pourraient un jour “représenter une nouvelle classe de médicaments anticancer qui ralentissent la progression du cancer, inhibent l’angiogenèse et la propagation métastatique des cellules cancéreuses”.[57-58]. Actuellement, l’usage médical de cannabis est répandu parmi des patients souffrant de types de cancers variés, malgré le fait que la plupart disent « ne pas recevoir les informations qu’ils auraient désiré sur l’usage de cannabis de la part de leurs médecins oncologues. » [59] Malgré une absence d’essais cliniques, « d’abondants rapport de cas anectotiques décrivent des patients ayant des réponses spectaculaires au cannabis comme agent anti-cancer, spéciallement quand il est ingéré sous forme concentrée hyper-puissante. … Les études sur l’humain devraient être entreprises pour répondre aux questions cruciales liés aux effets à long-terme. »[60]

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Référence additionnelle : propriétés du #cannabis contre le #cancer : étude de la littérature, 2018
https://bpspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/bph.14426

Hépatite C

L’hépatite C est une maladie virale du foie qui affecte environ quatre millions d’Américains. L’Hépatite C chronique est typiquement associée avec fatigue, dépression, douleurs articulaires et insuffisance hépatique, incluant cirrhose et cancer du foie.

Les scientifiques soutiennent que le système endo-cannabinoïde pourrait atténuer certains aspects des affections chroniques du foie.[1-2] Des données démographiques montrent que les adultes ayant un historique d’usage de cannabis sont moins susceptibles de souffrir de certains problèmes au foie, comme la stéatose hépatique non alcoolique (SHNA), que les non-usagers. Plus spécifiquement, une étude de l’Université du Massachusetts de 2017 a rapporté que les usagers réguliers de cannabis avaient 52% de risques en moins de se voir diagnostiquer un SHNA par rapport aux non-usagers, alors que les usagers occasionnels voyaient le risque de souffrir de cette maladie diminué de 15%.[3] Une étude de l’Université de Stanford a rapporté, de manière similaire, que l’usage de cannabis prédisait de manière indépendante un risque diminué de souffrir de SHNA, d’une manière dose-dépendante. Les auteurs concluant : « L’usage actif de cannabis a procuré un effet protecteur contre la SHNA, indépendamment des facteurs de risques connus ».[4]

Les patients ayant reçu un diagnostic d’hépatite C signalent fréquemment qu’ils utilisent du cannabis pour traiter à la fois les symptômes de leur maladie et la nausée associée à la thérapie anti-virale.[5-6] Une étude d’observation réalisée par les enquêteurs de l’Uneversité de Californie à San Francisco (UCSF) ont constaté que les patients atteints d’hépatite C qui utilisaient du cannabis avaient plus tendance à respecter leur schéma thérapeutique que ceux qui n’en utilisaient pas.[7] Néanmoins, il n’existe aucun test clinique évaluant l’usage de cannabinoïdes pour cette pathologie dans la littérature scientifique.

Alors que quelques études observationnelles plus anciennes préviennent qu’un usage intensif par des patients souffrant d’hépatite C pourrait impacter défavorablement le foie, [8-10] de plus récentes études rapportent que l’inhalation de cannabis n’est pas associé avec une intensification des maladies du foie chez les sujets souffrant d’hépatite C,[11] et, dans certains cas, pourrait même agir en tant qu’agent protecteur contre la stéatose.[12] Des données longitudinales séparées montre que les patients co-infectés avec l’hépatite C et le VIH et consommant du cannabis sont moins enclins de souffrir de résistance à l’insuline, comparé aux non-usagers.[13]

Les experts dans ce domaine offrent des opinions divergentes en ce qui concerne l’usage thérapeutique de cannabinoïdes dans le traitement de l’hépatite C. Alors que certains experts sont d’avis que « les bénéfices potentiels du cannabis concernant une meilleure probabilité de succès du traitement [des patients souffrant d’hépatite C] semblent l’emporter sur [ses] risques »[14] d’autres en découragent l’emploi chez les patients souffrant d’hépatite chronique tant que des études plus poussées n’auront pas été réalisées.[15-19]

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[17] David Berstein. 2004. op. cit.

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Virus de l’Immunodéficience Humaine – VIH

Le virus humain de l’immunodéficience est un rétrovirus qui envahit les cellules du système immunitaire humain, le rendant extrêmement vulnérable aux maladies infectieuses. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, plus de 500’000 Américains sont morts à cause du VIH/SIDA et plus d’un million de citoyens de ce pays vivent avec la maladie.

Des données d’enquête indiquent que le cannabis est utilisé par un tiers des patients Nord Américains vivant avec le VIH/SIDA, pour traiter les symptômes de leur maladie ainsi que les effets secondaires des divers médicaments antirétroviraux.[1-4] Une étude récente a rapporté que plus de 60 pour cent des patients VIH/SIDA se définissent comme des “usagers de cannabis médical”[5] Les patients qui vivent avec le VIH/SIDA déclarent le plus souvent utiliser du cannabis pour contrer des symptômes d’anxiété, de perte d’appétit et de nausées, et au moins une étude a constaté que les patients qui utilisent le cannabis pour raisons thérapeutiques sont plus de trois fois plus enclins à se conformer à leur schéma thérapeutique, comparé aux non-usagers.[6]

Une analyse longitudinale de 2008 sur à la fois des hommes positifs au VIH et d’autres non ont montré que l’usage de cannabis n’impacte pas négativement le nombre des lymphocytes T CD4 et CD8, [7] alors que des publications plus récentes rapportent que l’exposition au cannabis est liée à des taux de lymphocytes plus élevés[8-9] et pourraient améliorer la fonction immunitaire.[10-11] La prévalence du cannabis n’est associée avec aucun effet négatif induisant un su-risque de mortalité.[12] Chez les patients infectés à la fois par le HIV et l’hépatite C, l’usage quotidien de cannabis est « indépendamment associé avec une prévalence réduite de stéatose (maladie du « foie gras ») ».[13] Les patients co-infectés sont moins à risque de souffrir de résistance à l’insuline quand comparés aux non-usagers.[14]

Des données de test clinique ont rapporté que les patients atteints de VIH qui inhalalaient du cannabis quatre fois par jour voyaient ʺune importante augmentation de leur prise de nourriture … avec peu d’inconfort et aucune détérioration de leurs capacités cognitives.ʺ Ils ont conclu ʺle cannabis fumé … procure un bénéfice médical évident chez les [sujets] séropositifs.ʺ[15]

D’autres données cliniques ont montré que l’inhalation de cannabis réduisait la neuropathie associée au VIH de façon significative, comparée au placebo. Les chercheurs ont rapporté que l’inhalalation de cannabis trois fois par jour réduisait la douleur des patients de 34 pour cent. Ils ont conclu ʺle cannabis fumé était bien toléré et soulageait efficacement la douleur neuropathique des neuropathies associées au VIH [d’une manière] semblable aux médicaments utilisés pour la douleur neuropathique chronique.ʺ[16]

En 2008 des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego sont arrivés aux mêmes conclusions. Écrivant dans le journal Neuropsychopharmacology, ils constatent : « Le cannabis fumé … a réduit de manière significative l’intensité de la douleur neuropathique … dans la polyneuropathie associée au HIV, comparé au placebo, quand il est ajouté à des analgésiques concomitants stables. … Les désordres de l’humeur, les incapacités physiques ainsi que la qualité de vie se sont tous améliorés durant le traitement étudié. … Nos résultats suggèrent que le traitement avec des cannabinoïdes pourrait être une option efficace pour le soulagement de la douleur chez les patients ayant des douleurs rebelles dues au VIH.ʺ[17]

Plus récemment, des tests cliniques ont démontré que l’inhalation de cannabis est associée avec des niveaux accrus d’hormones de l’appétit dans le sang des sujets atteints de VIH.[18] Dans des modèles animaux, l’administration de delta-9-THC est associée avec une diminution de la mortalité et ʺune évolution améliorée de la maladie.ʺ[19] Dans des modèles précliniques, les cannabinoïdes on aussi démontré qu’il diminuaient la réplication du VIH.[20]

Certains experts pensent maintenant que ʺle cannabis représente une option de traitement supplémentaire dans la gestion de la santéʺ des patients atteints de VIH/SIDA[21] et que les cannabinoïdes « pourraient potentiellement être utilisés conjointement avec les médicaments antirétroviraux actuels,  ouvrant la voie à une nouvelle génération de thérapies médicamenteuses du VIH/SIDA. »[22]

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Maladie de Huntington

La maladie de Huntington (MH) est un trouble dégénératif du cerveau héréditaire caractérisé par des anomalies motrices et de la démence résultant de lésions sélectives dans le cortex cérébral et, en particulier, le striatum. On ne connaît actuellement pas de thérapies conventionnelles à même de soulager les symptômes de MH ou de retarder la dégénérescence du striatum associée à la MH.

Les cannabinoïdes possèdent plusieurs propriétés qui le s rendent attractifs pour le traitement de désordres neurodégénératifs comme la maladie de Huntington,[2-3] et l’administration de cannabidiol a démontré son efficacité dans cette maladie dans des modèles pré-cliniques[4-6] et lors d’études de cas.[7] Au final, les scientifiques ont appelé à faire des essais cliniques pour évaluer l’efficacité de la pharmacologie du cannabis sur des patients atteints de la maladie de Huntington.[8-9] Toutefois, à ce jour, aucun essai clinique contrôlé n’a pris place pour attester de l’effet du cannabis sur cette pathologie clinique.

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Hypertension

On estime que la pression sanguine élevée, ou l’hypertension, affecte un quart des adultes américains. Cet état affecte le coeur ainsi que les vaisseaux sanguins et augmente fortement le risque d’AVC et de maladies cardiaques.

Des recherches émergentes indiquent que le système cannabinoïde endogène joue un rôle dans la régulation de la pression sanguine, même si son mécanisme d’action n’est pas bien compris.[1] Des études sur l’animal démontrent que l’anandamide et les autres endocannabinoïdes suppriment considérablement la contractilité cardiaque due à l’hypertension et qu’ils peuvent normaliser la pression sanguine,[2-3] amenant certains experts à supposer que la manipulation du système endocannabinoïde « pourrait offrir de nouvelles approches thérapeutiques dans une variété de troubles cardiovasculaires. »[4]

L’administration de cannabinoïdes naturels a produit des effets cardiovasculaires conflictuels entre humains et animaux de laboratoire.[5-9] La réponse vasculaire des humains à qui on a administré du cannabis dans dans un cadre expérimental est typiquement caractérisée par une légère augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine. Toutefois, une tolérance complète à ces effets se développe rapidement et les risques potentiels pour la santé semblent minimes.[10-11]

Chez les animaux, l’administration de cannabinoïdes est typiquement associée avec une vasodilatation, une bradycardie transitoire et une hypotension,[12] ainsi qu’une inhibition de la progression de l’artériosclérose (durcissement des artères).[13-15] L’administration de cannabinoïdes synthétiques a aussi démontré qu’elle diminuait la pression sanguine chez les animaux et n’a pas été associée avec une cardiotoxicité chez les humains.[16]

A ce jour, la recherche évaluant l’usage clinique des cannabinoïdes pour l’hypertension en est à ses balbutiements[17] et une grande partie des populations au risque potentiellement élevé se voit conseiller d’éviter de fumer du cannabis par des experts .[18]

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Incontinence

L’incontinence urinaire est définie comme une perte de contrôle de la vessie. L’incontinence peut résulter de plusieurs facteurs biologiques, y compris la faiblesse des muscles de la vessie et d’inflammations, ainsi que de lésions nerveuses associées à des maladies telles que la sclérose en plaques (SEP) et la maladie de Parkinson. On estime que plus d’un Américain sur dix âgé de plus de 65 ans souffre d’incontinence, surtout chez les femmes.

Plusieurs essais cliniques ont révélé que l’administration d’extraits dérivés du cannabis améliore le contrôle de la vessie. Par exemple, les chercheurs de l’Oxford’s Centre for Enablement en Grande-Bretagne ont rapporté que chez des patient.e.s souffrant de sclérose en plaques et de lésions à la moelle épinière, l’auto-administration de doses d’extraits de phyto-cannabinoïdes directement issus de plantes atténuaient l’incontinence, comparés à des patient.e.s sous placebo.[1] Dans une étude de suivi de 15 patients atteints de sclérose en plaques avancée., des chercheurs du London’s Institute for Neurology ont noté qu’une thérapie aux extraits de cannabis diminuait l’urgence urinaire, sa fréquence et la nycturie (« fuites » nocturnes). Ils en conclurent que « les extraits médicinaux de cannabis sont des traitements sûrs et efficaces pour les problèmes urinaires et les autres problèmes des patients avec une SEP avancée.[2]

Plusieurs essais cliniques montrent que l’administration d’extraits dérivés du cannabis améliorent le contrôle de la vessie. Par exemple les enquêteurs de l’Oxford’s Centre for Enablement in Britain ont déclaré que l’auto-administration de doses de cannabinoïdes extraites de la plante entière améliore le contrôle de la vessie par rapport au placebo chez les patients atteints de SEP et de lésions de la moelle épinière. [2]

Ces résultats ont ensuite été reproduits dans un essai multicentrique, contrôlé aléatoirement par placebo, impliquant 630 patients. Les chercheurs rapportent que les sujets ayant reçu des extraits de cannabis avaient vu une réduction de 38 pour cent des épisodes d’incontinence entre le début et la fin du traitement, tandis que les patients à qui on avait administré du THC isolé avaient eu une réduction de 33 pour cent de ces épisodes, ce qui suggère “un effet clinique du cannabis sur les épisodes d’incontinence.” [3] Les extraits ont aussi démontré pouvoir réduire les symptômes d’une vessie hyperactive sur des sujets jusqu’alors résistants à tout traitement.[4]

À la lumière de ces résultats, certains experts ont recommandé l’utilisation des cannabinoïdes comme agents potentiels de “deuxième ligne” pour le traitement de l’incontinence. [5] Toutefois, des essais similaires évaluant l’usage d’extraits de plante de cannabis doivent encore être conduits.

Bibliographie / Références

[1] Wade et al. 2003. A preliminary controlled study to determine whether whole-plant cannabis extracts can improve intractable neurogenic symptoms. Clinical Rehabilitation 17: 21‐29.
(Une étude préliminaire contrôlée pour déterminer si des extrais de la plante de cannabis peuvent améliorer les symptôme neurogènes résistants aux traitements)

[2] Brady et al. 2004. An open label pilot study of cannabis-based extracts for bladder dysfunction in advanced multiple sclerosis. Multiple Sclerosis 10: 425‐433. (Une étude-pilote ouverte sur des extraits de cannabis en cas de dysfonction de la vessie dans les formes avancées de sclérose en plaques)

[3] Freeman et al. 2006. The effect of cannabis on urge incontinence in patients with multiple sclerosis: a multicentre, randomized placebo-controlled trial. The International Urogynecology Journal 17: 636‐641. (Les effets du cannabis sur l’incontinence impérieuse chez les patients souffrant de sclérose en plaques: un essai multi-centrique randomisé, contrôlé contre placebo)

[4] Teresa-Maniscalco et al. 2017. THC/CBD oromucosal spray in patients with multiple sclerosis overactive bladder: a pilot prospective study. Neurological Sciences [online ahead of print] (Spray buccal au THC/CBD chez des patients SEP ayant une vessie hyperactive: Une étude prospective pilote [en cours d’impression]

[5] Kalsi and Fowler. 2005. Therapy insight: bladder dysfunction associated with multiple sclerosis. Nature Clinical Practice Neurology 2: 492‐501. (Analyses de thérapie: dysfonctionnement de la vessie associée avec la sclérose en plaques)

Migraine

La migraine est un syndrome de mal de tête récurrent qui, sans traitement, peut durer jusqu’à 72 heures. Environ 14 pour cent des Américains, surtout les femmes, souffrent de migraines. Les effets de la migraine incluent une douleur inter-crânienne pulsante, nausées, sensibilité à la lumière, vertiges, difficultés d’élocution et confusion, parmi d’autres symptômes.

Le système cannabinoïde endogène semble jouer un rôle significatif dans la physiopathologie de la migraine [1-3] et plusieurs études ont identifié des différences dans la production d’endocannabinoïdes chez les patients migraineux, comparés au groupe de contrôle.[4-7]

Le cannabis possède une longue histoire d’usage humain dans le traitement de la migraine.[8] La littérature spécialisée[9-10] and case reports[11-12] suggèrent que le cannabis est efficace pour à la fois le traitement et la prévention des maux de tête. Parmi les patients à qui l’on a recommandé du cannabis médical, au moins deux tiers d’entre eux a rapporté une diminution de leur usage de médicaments conventionnels pour traiter leur migraine.[13-14] Toutefois, d’autres rapportent de manière anecdotique n’avoir pas constaté de soulagement avec le cannabis.[15]

Une évaluation rétrospective portant sur 121 adultes avec un premier diagnostique de migraine a reporté, « La fréquence des maux de tête causés par la migraine a diminué de 10.4 à 4.6 maux de têtes par mois avec l’usage de cannabis médical. » De nombreux patients rapportent que l’inhalation de cannabis interrompt le déclenchement d’une migraine.[16] Des données d’essai clinique présentées en 2017 au 3ème Congrès de l’European Academy of Neurology a rapporté que l’administration quotidienne d’extraits de cannabis provoquait une diminution de 40 pour cent de la fréquence des migraines chez une cohorte de 79 patients souffrant de migraine chronique.[17]

Bien que les données cliniques demeurent à ce jour insuffisantes pour démontrer définitivement l’efficacité du cannabis ou des cannabinoïdes dans le traitement des migraines « il existe suffisamment de résultats empiriques et préliminaires, ainsi que des mécanismes neurobiologiques plausibles » pour légitimer des études plus poussées, et « il apparaît probable que le cannabis émergera comme un traitement potentiel pour certains migraineux. »[18]

Bibliographie / Références

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[10] Lochte et al. 2017. The use of cannabis for headache disorders. Cannabis and Cannabinoid Research 2 [open access journal].

[11] Ibid

[12] Robbins et al. 2009. Cluster attacks responsive to recreational cannabis and dronabinol. Headache 49: 914-916.

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[14] Sexton et al. 2017. A cross-sectional survey of medical cannabis users: Patterns of use and perceived efficacy. Cannabis and Cannabinoid Research 1: 131-138.

[15] Andersson et al. 2017. Psychoactive substances as a last resort – a qualitative study of self-treatment of migraine and cluster headaches. Harm Reduction Journal 14: 60.

[16] Rhyne et al 2016. Effects of medical marijuana on migraine headache frequency in an adult population. Pharmacotherapy 36: 505-510.

[17] EAN Congress Press Office. « Cannabinoids suitable for migraine prevention. » June 24, 2017.

[18] Lochte et al. 2017. op. cit.

Staphylocoque doré méticillinorésistant – SARM

De nombreuses infections bactériennes sont multi-résistantes aux médicaments. La plus importante de ces bactéries est indiscutablement le Staphylocoque doré résistant à la méticilline, fréquemment cité par son acronyme SARM ou “la superbactérie”. Cette bactérie est résistante aux antibiotiques standards, pénicilline incluse. Selon le Journal of the American Medical Association, le SARM est responsable de presque 20’000 décès dus à des infections nosocomiales en hôpital aux USA.[1]

On reconnait au cannabinoïdes des propriétés antibactériennes et antifongiques.[2-3] En 2008, des chercheurs de la Universita del Piemonte Orientale en Italie et de la Britainʹs University of London, School of Pharmacy, évaluèrent les propriétés de 5 cannabinoïdes séparés contre diverses souches de bactéries multi-résistantes aux médicaments, dont le SARM. Il ont constaté que tous les composés testés avaient montré “de fortes activités antibactériennes” et que les cannabinoïdes étaient des alliés “exceptionnels” pour stopper la prolifération du SARM.[4]

D’autres études ont rapporté que les composés non-cannabinoïdes de la plante possédaient également des propriétés antibactériennes contre le SARM et la malaria.[5-7]

Des tests cliniques sur l’usage de cannabinoïdes contre le SARM ont été conseillés, mais pas encore réalisés. Des experts précisant “Le Cannabis sativa … représente une source intéressante d’agents antibactériens à même de répondre au problème de la multi résistance aux médicaments du SARM ainsi que d’autres bactéries pathogènes.”[8]

Bibliographie / Références

[1] Klevens et al. 2007. Invasive methicillin-resistant Staphylococcus aureus infections in the United States. Journal of the American Medical Association 298: 1763‐1771. (Infections invasives du Staphylocoque doré méthicillinorésistant aux États-Unis)

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[4] Appendino et al. 2008. Antibacterial cannabinoids from cannabis sativa: a structure study. Journal of Natural Products 71: 1427‐1430.
(Cannabinoïdes antibactériens provenant du cannabis sativa: une étude structurelle)

[5] Radwan et al. 2008. Non-cannabinoid constituents from a high potency cannabis sativa variety. Phytochemistry 69: 26727‐2633.
(Composants non-cannabinoïdes provenant d’une variété puissante de cannabis sativa)

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[7] Ethan Russo. 2011. Taming THC: potential cannabis synergy and phytocannabinoid-terpenoid entourage effects. British Journal of Pharmacology 163: 1344-1364.

[8] Appendino et al. 2008. op. cit.

Sclérose en Plaques – SEP

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie dégénérative chronique du système nerveux central qui cause de l’inflammation, de la faiblesse musculaire et une perte de coordination motrice. Avec le temps, les patients ayant la SEP souffrent généralement d’invalidité permanente et, dans certains cas, la maladie peut être fatale. Selon la US National Multiple Sclerosis Society, environ 200 personnes sont diagnostiquées chaque semaine avec cette maladie qui frappe souvent la tranche des 20 – 40 ans.

Il y a pléthore de rapports cliniques et anecdotiques à propos de la capacité des cannabinoïdes à réduire les symptômes de la SEP, comme la douleur, la spasticité, la dépression, la fatigue et l’incontinence dans la littérature scientifique.[1-14] L’efficacité du cannabis est corroborée par des essais contrôlés par placebo. Des chercheurs de l’University of California de San Diego ont rapporté que l’inhalation de cannabis réduisait significativement les mesures objectives de l’intensité de la douleur et de la spasticité chez les patients souffrant de SEP et procuraient certains avantages sur les traitements actuellement prescrits.[15] Ces résultats furent ensuite publiés dans le Journal of the Canadian Medical Association. Les chercheurs ont conclu que « le cannabis fumé était supérieur au placebo pour la réduction des symptômes et de la douleur chez les patients souffrant de spasticité résistante aux traitements . »[16] Sans surprise, les patients atteints de SEP rapportent généralement se tourner vers la thérapie cannabique,[17-19] avec une étude indiquant que presque un patient SEP sur deux utilisent la substance à des fins thérapeutiques.[20]

Des modèles pré-cliniques suggèrent que les cannabinoïdes pourraient aussi inhiber la progression de la SEP, en plus de gérer ses symptômes. Écrivant dans le journal Brain, des chercheurs de l’University College of London’s Institute of Neurology ont rapporté que l’administration de l’agoniste cannabinoïde synthétique WIN55,212-2 procurait « une neuroprotection significative » dans des modèles animaux de sclérose en plaques. Les chercheurs ont conclu que « Les résultats de cette étude sont importants car ils suggèrent qu’en plus de la gestion des symptômes, … le cannabis pourrait aussi ralentir le processus neurodégénératif qui aboutit à une invalidité chronique dans la SEP ainsi que probablement d’autres maladies ».[21] Des chercheurs espagnols ont rapporté des résultats similaires, documentant le fait que « le traitement de souris EAE avec l’agoniste cannabinoïde WIN55,512-2 réduisait leur handicap neurologique et la progression de la maladie ».[22] Du CBD purifié a également démontré avoir des propriétés anti-apopoptiques contre les processus neurodégéneratifs qui sous-tendent de développement de la SEP dans les modèles animaux.[23] Des données cliniques rapportent que l’administration orale de THC pouvait stimuler les fonctions immunitaires des patients ayant la SEP, suggèrant le potentiel modificateur des cannabinoïdes sur les maladies inflammatoires ».[24] En 2016, les résultats d’un essai portant sur des enfants souffrant de SEP résistante aux traitements a également démontré que le dronabinol réduisait la spasticité chez la plupart des patients.[25]

Un nombre restreint d’essais contrôlés suggèrent qu’une thérapie au cannabis pourrait ralentir la progression clinique de la SLC chez l’humain.[26] Des données observationelles provenant d’une vaste étude ouverte sur 167 patients atteints de SEP a constaté que l’usage d’extraits « entiers » de cannabis végétal soulageaient les symptômes de douleur, spasticité et incontinence vésicale pendant une longue durée de traitement (la durée moyenne de participation à l’étude était de 434 jours), sans que les sujets aient eu besoin d’augmenter leurs doses.[27] Les résultats d’une autre étude ouverte de prolongation, d’une durée de deux ans, ont aussi rapporté que l’administration d’extraits de cannabis était associée avec une réduction à long-terme des douleurs neuropathiques dans un échantillon de patients SEP. En moyenne, les patients de l’étude avaient besoin de moins de doses quotidiennes et rapportaient un abaissement de l’échelle moyenne de la douleur en rapport avec la durée totale du traitement.[28] Les chercheurs ont suggéré que ces résultats seraient peu probables chez des patients souffrant d’une maladie évolutive, sauf si le cannabis en stoppait la progression.

Dernièrement, les organismes de réglementation en matière de santé de nombreux pays – incluant le Canada, le Danemark, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et le Royaume-Uni – ont approuvé la prescription d’extraits de cannabis végétal pour traiter les symptômes de Sclérose en Plaques. Les données longitudinales montrent que l’usage quotidien de ces extraits sont généralement efficaces et bien tolérés chez les patients, incluant ceux ayant une SEP résistante aux traitements.[29] Dans certains cas, des patients non-répondants à ces extraits ont finalement montré des bénéfices thérapeutiques dus à l’usage de cannabis végétal « entier ».[30]

Bibliographie / Références

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(Les extraits médicinaux de cannabis ont-ils des effets généraux ou spécifiques sur la sclérose en plaques? Une étude randomisée et contrôlée en double aveugle contre placebo sur 160 patients)

[6] Brady et al. 2004. An open-label pilot study of cannabis-based extracts for bladder dysfunction in advanced multiple sclerosis. Multiple Sclerosis 10: 425‐433. (Étude-pilote ouverte pour des extraits issus du cannabis contre les dysfonctions de la vessie lors de sclérose en plaques)

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(des cannabinoïdes dans le traitement de la spasticité et autres symptômes liés à la sclérose en plaques: Essai multicentrique randomisé et contrôlé contre placebo)

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[10] Wade et al. 2003. A preliminary controlled study to determine whether whole-plant cannabis extracts can improve intractable neurogenic symptoms. Clinical Rehabilitation 17: 21‐29.
(Une étude préliminaire contrôlée pour déterminer si les extraits de cannabis végétal peuvent améliorer les symptômes neurogènes résistants aux traitements).

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(Effets des cannabinoïdes sur la spasticité et l’ataxie associées à la sclérose en plaques)

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(Le cannabis est un agent thérapeutique pour les spasmes musculaires ou la spasticité)

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(Effets à court-terme de la thérapie au cannabis sur la spasticité dans la sclérose en plaques. Lieu: Université de San Diego, Sciences de la Santé, Centre pour la recherche en Cannabis Médicinal. Rapport à destination des législateurs et du Gouverneur de l’État de Californie)

[16] Corey-Bloom et al. 2012. Smoked cannabis for spasticity in multiple sclerosis: a randomized, placebo-controlled trial. CMAJ 10: 1143-1150.

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[20] Reuters News Wire. August 19, 2002. ʺMarijuana helps MS patients alleviate pain, spasms.ʺ
(“Le cannabis aide les patients à soulager la douleur et les spasmes”)

[21] Pryce et al. 2003. Cannabinoids inhibit neurodegeneration in models of multiple sclerosis. Brain 126: 2191‐2202.
(Les cannabinoïdes inhibent la neurodégénérescence dans des modèles de sclérose en plaques)

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[26] Pryce et al. 2015. Neuroprotection in experimental autoimmune encephalomyelitis and progressive multiple sclerosis by cannabis-based cannabinoids. Journal of Neuroimmune Pharmacology 10: 281-292.

[27]Wade et al. 2006.Long-term use of a cannabis-based medicine in the treatment of spasticity and other symptoms of multiple sclerosis. Multiple Sclerosis 12: 639‐645.
(Usage prolongé d’un médicament à base de cannabis dans le traitement de la spasticité et d’autres symptômes de la sclérose en plaques)

[28] Rog et al. 2007. Oromucosal delta-9-tetrahydrocannabinol/cannabidiol for neuropathic pain associated with multiple sclerosis: an uncontrolled, open-label, 2-year extension trial. Clinical Therapeutics 29: 2068‐2079. (Du delta‐9‐tétrahydrocannabinol/cannabidiol par voie oro-muqueuse contre la douleur neuropathique associée à la sclérose en plaques: Un essai ouvert non contrôlé prolongé de deux ans)

[29] M. Trojano. 2016. THC:CBD observational study data: Evolution of resistant MS spasticity and associated symptoms. European Neurology 75: 4-8.

[30] Secca et al. 2016. The use of medical-grade cannabis in patients non-responders to nabiximols. Journal of Neurological Sciences 15: 349-351.

Ostéoporose

L’ostéoporose est une maladie dégénérative du squelette caractérisée par une détérioration du tissu osseux. Les patients souffrant d’ostéoporose courent le risque de subir de multiples fractures et autres infirmités graves. Selon le US Surgeon General’s office (Bureau du Médecin-Général des États-Unis), approximativement 10 millions d’américains âgés de plus de 50 ans souffrent d’ostéoporose, et 34 millions d’autres risquent de développer la maladie.

Les premières références concernant le potentiel usage des cannabinoïdes pour la prévention de l’ostéoporose apparaissent dès 1990 dans la littérature scientifique.[1] Toutefois, à ce jour il n’y a eu aucun travail clinique pour enquêter sur l’utilisation de cannabis pour cette indication.

Les données précliniques indiquent que l’administration de cannabinoïdes freine le développement de l’ostéoporose, stimule la formation osseuse et réduit la perte osseuse chez des modèles animaux.[2] Une recherche de suivi, publiée dans les Annals of the New York Academy of Sciences rapporte que l’activation des récepteurs cannabinoïdes CB2 réduit les pertes osseuses induites expérimentalement et stimule la formation osseuse.[3] Les chercheurs ont également rapporté que des souris dont les récepteurs cannabinoïdes CB2 étaient déficients subissaient une perte osseuse liée à l’âge accélérée rappelant l’ostéoporose humaine.[4] Plus récemment, les chercheurs de la Hebrew University, département Bone Laboratory (laboratoire des os) ont évalué la capacité de l’administration de CBD à promouvoir le rétablissement de rats ayant des fractures du fémur. Les chercheurs ont rapporté « Le CBD a manifestement amélioré les propriétés biomécaniques dans la guérison du fémur après 8 semaines »[5]

En 2017, une étude de la population a rapporté « une association nulle » entre l’usage de cannabis et la densité osseuse, même parmi les sujets à risque.[6] 

Les scientifiques supposent  que la principale implication physiologique du système endocannabinoïde est de maintenir « un équilibre dans le remodelage osseux, protégeant ainsi le squelette contre la perte osseuse liée à l’âge, »[7] amenant certains experts à penser que les cannabinoïdes pourraient être « un nouvelle cible prometteuse dans le développement de médicaments anti-ostéoporose « [8]

Bibliographie / Références

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(Le récepteur cannabinoïde périphérique CB2 régule la masse osseuse)

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[8] Itia Bab. 2007. op. cit.

The Endocannabinoid/Endovanilloid System in Bone : From Osteoporosis to Osteosarcoma. Molecular Science April 2019

 

Maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson est une maladie évolutive du système nerveux central qui provoque tremblements, ralentissement des mouvements et rigidité musculaire. Il n’existe aucun remède contre la maladie de Parkinson, mais certaines médications conventionnelles sont utilisées pour traiter les symptômes de cette maladie.

Des données d’études rapportent que des patients atteints de Parkinson déclarent que le cannabis est hautement efficace pour atténuer les symptômes de la maladie, particulièrement dans le traitement des symptômes non moteurs.[1-3] Les données observationnelles confirment ces affirmations. Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, Département de neurologie, ont évalué les symptômes de la maladie de Parkinson chez 22 patients, avant et 30 minutes après avoir inhalé du cannabis. Dans l’un des essais, les chercheurs ont rapporté que l’inhalation de cannabis était associée avec « des améliorations significatives, après le traitement, dans les tremblements, la rigidité et la bradykinésie (ralentissement des mouvements). Aucun effet indésirable significatif de la substance ne furent observés ».[4] Dans un autre essai, les chercheurs ont constaté que l’inhalation de cannabis – autant à court qu’à long-terme – était associée avec un soulagement de la douleur amélioré.[5]  : « Cette étude ouvre la voie à d’autres stratégies de traitement de la maladie de Parkinson, spécialement chez les patients résistants aux médications usuelles. »

Séparément, dans un essai d’observation rétrospectif, les chercheurs ont évalué l’utilisation quotidienne de cannabis chez 47 patients atteints de Parkinson sur une période de plusieurs mois (allant de trois mois à 84 mois). La plupart (82%) des patients ont rapporté que le cannabis médical « améliorait leurs symptômes globaux ». Plus précisément, l’administration de cannabis était associée à une réduction des douleurs, de la raideur et des tremblements ainsi qu’à une amélioration de l’humeur et de la qualité du sommeil. Les participants étaient également moins susceptibles de déclarer avoir souffert de chutes après avoir commencé à consommer du cannabis. Les auteurs concluent: « Les résultats de notre étude démontrent que la plupart des utilisateurs avaient trouvé que le cannabis médical améliorait leur condition, et que ce traitement était sûr, sans effets secondaires majeurs. » [6]

L’administration de cannabinoïdes isolés pourrait aussi contrer divers symptômes de Parkinson. Selon une série de synthèses de cas publiées en 2014 dans le Journal of Clinical Pharmacy and Therapeutics, un traitement quotidien au cannabidiol réduisait les symptômes du trouble du sommeil paradoxal (RBD – mouvements oculaires rapides) chez les patients souffrant de Parkinson.[7] Par la suite, des données cliniques contrôlées contre placebo indiquent que l’administration de CBD est associée à une amélioration de la « qualité de vie » et du « bien-être »  des patients parkinsoniens.[8] Le composé a aussi démontré qu’il atténuait les symptômes psychotiques des patients atteints de la maladie.[9]

Par conséquent, quelques experts dans ce domaine supposent maintenant que « divers cannabinoïdes ou autres composés ciblant le système cannabinoïde endogène pourraient se montrer utiles pour le traitement des symptômes de la maladie de Parkinson »[10]

Bibliographie / Références

[1] Finseth et al. 2015. Self-reported efficacy of cannabis and other complementary medicine modalities by Parkinson’s disease patients in Colorado. Evidence‐Based Complementary and Alternative Medicine. In Print. (Efficacité auto-déclarée du cannabis et d’autres modalités de [traitement par des] médecines complémentaires par des patients atteints de la maladie de Parkinson au Colorado)

[2] Venderova et al. 2002. Survey on cannabis use in Parkinson’s disease: Subjective improvement of motor symptoms. Movement Disorders 19: 1102‐1106. (Enquête sur l’utilisation de cannabis dans la maladie de Parkinson: Améliorations subjectives des symptômes moteurs)

[3] Kindred et al. 2017. Cannabis use in people with Parkinson’s disease and multiple sclerosis: A web-based investigation. Complimentary Therapies in Medicine 33: 99-104.

[4] Lotan et al. 2014. Cannabis (medical marijuana) treatment for motor and non-motor symptoms of Parkinson disease: an open-label observational study. Clinical Neuropharmacology 37: 41‐44.
(Le cannabis médical comme traitement des symptômes moteurs et non-moteurs de la maladie de Parkinson: Une étude observationnelle ouverte)

[5] Shohet et al. 2017. Effect of medical cannabis on thermal quantitative measurements of pain in patients with Parkinson’s disease. European Journal of Pain 3: 486-493.

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[8] Chagas et al. 2014. Effects of cannabidiol in the treatment of patients with Parkinson’s disease: an exploratory double-blind trial Journal of Psychopharmacology 28: 1088‐1098.
(Effets du cannabidiol dans le traitement de patients souffrant de la maladie de Parkinson: un essai exploratoire en double aveugle)

[9] Zuardi et al. 2009. Cannabidiol for the treatment of psychosis in Parkinson’s disease. Journal of Psychopharmacology 23: 979‐983. (Le cannabidiol pour le traitement des psychoses dans la maladie de Parkinson)

[10] Venderova et al. 2002. Op. cit.

Extraits traduits de l’article de Nishi Whitely du 12 juillet 2017 « CBD and Parkinsons disease » cannabis_parkinson (PDF)

Syndrome de Stress Post Traumatique – SSPT

Le syndrome de stress post traumatique (SSPT) est une réponse de l’ordre psychiatrique à un événement traumatisant. Les symptômes du syndrome de stress post traumatique peuvent inclure des flashbacks (reviviscences d’événements), des cauchemars et une anxiété grave, ainsi que des pensées incontrôlables relatives à l’événement. Ces symptômes peuvent persister longtemps après l’événement déclencheur, et peuvent ne pas répondre aux traitements thérapeutiques conventionnels. On estime qu’un Américain sur dix souffre de stress post-traumatique.

On pense que le système cannabinoïde endogène joue “un rôle essentiel … dans l’étiologie du SSPT chez les humains.”[1] Les chercheurs supposent que “le cannabis pourrait atténuer la force ou l’impact émotionnel de souvenirs traumatisants à travers des mécanismes synergiques qui pourraient faciliter, chez les personnes atteintes de SSPT, le repos ou le sommeil et les rendre moins anxieuses et moins sujettes aux souvenirs en flashback. … De plus en plus, les preuves s’accumulent sur le rôle que les cannabinoïdes pourraient jouer sur l’apaisement des craintes et les effets antidépressifs.”[2] Des études montrent que l’administration de cannabinoïdes peut faciliter la purge des souvenirs effrayants tant chez l’humain que chez l’animal.[3-4]

De petits tests cliniques évaluant l’usage de cannabinoïdes isolés ont montré de bons résultats dans le traitement du SSPT. Un test israélien a rapporté en 2014 que l’administration conjointe de THC par voie orale “causait une amélioration statistiquement significative de la gravité des symptômes globaux, la qualité du sommeil, la fréquence des cauchemars et les symptômes d’hyperexitation (ou hypervigilance) liés au SSPT” dans un groupe de dix sujets.[5] Des rapports de tests séparés rapportent que l’administration de nabilone, un cannabinoïde synthétique, modère de manière sûre (sans danger) divers symptômes de stress post traumatique, insomnie, douleurs chroniques et cauchemars résistants aux traitements inclus.[6-7]

Les données provenant d’études observationnelles fournissent des données aléatoires. Une analyse rétrospective sur les symptômes des patients publiée en 2014 dans le Journal of Psychoactive Drugs a signalé une diminution des scores rapportés sur l’indice CAPS (échelle clinique d’évaluation du trouble post traumatique) de plus de 75 pour cent suite à la thérapie par le cannabis.[8]  Mais une étude observationelle plus étendue sur les sujets souffrant de SSPT a rapporté que “ceux qui n’avaient jamais fumé de cannabis avaient des symptômes significativement moins graves après quatre mois que ceux qui ont commencé ou continué leur usage après le traitement.”[9] De manière similaire, une étude cas-témoin de 2015 n’a trouvé aucune association entre l’usage auto-déclaré de cannabis et la gravité des symptômes de santé mentale sur un groupe de Vétérans ayant un SSPT probable.[10] Une étude séparée rapporte de manière similaire  » aucune association positive ou négative entre un usage de cannabis de base et la sévérité des symptômes de SSPT à la fin du traitement, par rapport à un usage antérieur de la substance. »[11] En 2017, une revue de la littérature par la Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health conclut, « Il y a des preuves provenant d’études de mauvaise qualité démontrant l’efficacité du cannabis inhalé, ingéré et du nabilone dans la réduction de certains symptômes du SSPT. »[12] Par conséquent, des experts conseillent actuellement les médecins d’ « utiliser leur jugement clinique propre pour évaluer les risques et bénéfices potentiels pour un patient donné. »[13] Deux associations militantes composées de vétérans de l’armée, The American Legion et AMVETS, ont exprimé leur soutien à l’accès des vétérans aux thérapies basées sur le cannabis.

Au moment d’écrire ces lignes, des données cliniques randomisées contrôlées par placeboévaluant l’impact du cannabis sur le SSPT sont en cours aux États-Unis et au Canada.[14-15]

Bibliographie / Références

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(Disponibilité accrue des récepteurs cannabinoïdes CB1 du cerveau dans le trouble du stress post-traumatique: une étude tomographique par émission de positrons)

[2] Passie et al. Mitigation of post-traumatic stress symptoms by cannabis resin: A review of the clinical and neurobiological evidence. Drug Testing and Analysis 4: 649‐659
(Atténuation des symptômes de stress post-traumatique par la résine de cannabis: Un examen des preuves cliniques et neurobiologiques)

[3] Rabinak et al. 2012. Cannabinoid facilitation of fear extinction memory recall in humans. Neuropharmacology 64: 396-402.

[4] Rabinak and Phan. 2014. Cannabinoid modulation of fear extinction brain circuits: A novel target to advance anxiety treatment. Current Pharmaceutical Design 20: 2212-2217.

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(Utilisation d’un cannabinoïde synthétique sur une population carcérale lors d’insomnies et de cauchemars liés au trouble du stress post-traumatique, de douleurs chroniques, de réduction des dommages et autres indications: une évaluation rétrospective)

[7] Fraser G. 2009. The use of a synthetic cannabinoid in the management of treatment-resistant nightmares in posttraumatic stress disorder (PTSD. CNS Neuroscience & Therapeutics 15: 84‐88. (L’utilisation d’un cannabinoïde synthétique dans la gestion des cauchemars résistants aux traitements lors de trouble du stress post-traumatique (SSPT))

[8] Greer et al. 2014. PTSD symptom reports of patients evaluated for the New Mexico Medical Cannabis Program. Journal of Psychoactive Drugs 46: 73‐77. (Rapports sur les symptômes du SSPT de patients évalués pour le Programme de Canabis Médical du Nouveau-Mexique)

[9] Medscape. December 15, 2004. ʺMedical marijuana may worsen PTSD symptoms, increase violence.ʺ  (“Le cannabis médical pourrait empirer les symptômes du SSPT et accroître la violence)

[10] Johnson et al. Mental health symptom severity in cannabis using and non-using Veterans with probable PTSD. Journal of Affective Disorders 190: 439‐442. (Sévérité des symptômes de troubles mentaux chez des vétérans souffrant probablement de SSPT, usagers et non-usagers de cannabis)

[11] Ruglass et al. 2017. Impact of cannabis use on treatment outcomes among adults receiving cognitive-behavioral treatment of PTSD and substance use disorders. Journal of Clinical Medicine 7 [online ahead of print]

[12] Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health. 2017. Medical marijuana for pots-traumatic stress disorder: A review of clinical effectiveness and guidelines.

[13] Stephanie Yarnell. 2015. The use of marijuana in post traumatic stress disorder: A review of the current literature. The Primary Care Companion for CNS Disorders 17 [E‐pub ahead of print].
(Utilisation de cannabis lors de troubles du stress post-traumatique: un examen des publications récentes)

[14] Vancouver Sun. September 13, 2016. « B.C. Scientists launch research trial into effects of marijuana on PTSD. »

[15] The Leaf Online. April 27, 2016. « PTSD cannabis study to finally move ahead. »

Bryan Krumm, 2016. Cannabis for posttraumatic stress disorder: A neurobiological approach to treatment. The Nurse Practitioner 41: 50‐54. (Le cannabis en cas de syndrome de stress post-traumatique: Une approche neurobiologique du traitement)

Prurit

Les démangeaisons (prurit) sont un symptôme courant associé à de nombreuses maladies de la peau, ainsi qu’un symptôme secondaire de diverses maladies graves comme l’insuffisance rénale et les maladies hépatiques. Les démangeaisons, contrairement à d’autres sensations cutanées, sont généralement le résultat d’activités du système nerveux central et ne sont typiquement pas traitées par les thérapies médicamenteuses standard.

Un examen de la littérature scientifique révèle trois tests cliniques enquêtant sur l’utilisation de cannabinoïdes dans le traitement du prurit. Écrivant dans le numéro d’août 2002 du American Journal of Gastroenterology, les chercheurs du Département de Médecine de l’Université de Miami ont rapporté le succès du traitement du prurit avec 5 mg de THC chez trois patients atteints d’une maladie cholestatique du foie.[1] Avant la thérapie aux cannabinoïdes, les sujets n’avaient pas répondu aux médications usuelles et avaient perdu leur aptitude au travail. Le soir suivant l’administration du cannabinoïde, tous les trois firent état d’une diminution des démangeaisons ainsi qu’une “nette amélioration” de leur sommeil, et purent finalement reprendre leur emploi. La résolution de leur dépression fut aussi rapportée par deux des trois sujets. Les chercheurs ont conclu que “Le Delta-9-tétrahydrocannabidiol pourrait être une alternative efficace pour les patients souffrant d’un prurit cholestatique résistant aux traitements usuels”.

L’année suivante, des chercheurs britanniques ont rapporté, dans le numéro de juin 2003 du journal Inflammation Research que l’administration périphérique de l’agoniste cannabinoïde synthétique HU-211 a réduit de manière significative les démangeaisons induites expérimentalement sur 12 sujets.[2] Les chercheurs avaient précédemment indiqué que l’application topique du HU-210 sur la peau humaine réduisait les douleurs induites pour l’expérience et les sensations aiguës de brûlures.[3]

Très récemment, des chercheurs du Wroclaw, Université de Médecine Polonaise, Département de Dermatologie, ont rapporté que l’application d’une crème à usage topique basée sur des endocannabinoïdes réduisait le prurit urémique et la xérose (sécheresse anormale de la peau) chez des patients hémodialysés.[4]

Trois semaines d’applications bi-quotidiennes de la crème ont “complètement éliminé” le prurit chez 38 pour cent des sujets de l’essai et ont “considérablement diminué” les démangeaisons chez les autres. Quatre-vingt un pour cent des patients ont signalé une “diminution totale” de la xérose suite à la thérapie aux cannabinoïdes.

A la lumière de ces résultats initiaux encourageants, certains experts en dermatologie pensent maintenant que les cannabinoïdes et le système endocannainoïde pourrait représenter “une nouvelle voie prometteuse pour une gestion plus efficace des démangeaisons.”[5]

Bibliographie / Références

[1] Neff et al. 2002. Preliminary observation with dronabinol in patients with intractable pruritus secondary to cholestatic liver disease. American Journal of Gastroenterology 97: 2117‐2119. (Observation préliminaire avec du dronabinol chez des patients atteints de prurit réfractaire secondaire à une maladie choléastique du foie)

[2] Dvorak et al. 2003. Histamine induced responses are attenuated by a cannabinoid receptor agonist in human skin (PDF). Inflammation Research 25: 238‐245.
(Les réponses induites par l’histamine sont atténuées par un agoniste du récepteur cannabinoïde dans la peau humaine)

[3] Dvorak et al. 2003. Cannabinoid agonists attenuate capsaicin‐induced responses in human skin. Pain 102: 283‐288.
(Les agonistes cannabinoïdes atténuent les réponses induites par la capsaïcine dans la peau humaine)

[4] Szepietowski et al. 2005. Efficacy and tolerance of the cream containing structured physiological lipid endocannabinoids in the treatment of uremic pruritus: a preliminary study. Acta Dermatovenerologic Croatica (Croatia) 13: 97‐103.
(Efficacité et tolérance de la crème contenant des endocannabinoïdes physiologiques sous forme lipidique dans le traitement du prurit urémique: une étude préliminaire)

[5] Paus et al. 2006. Frontiers in pruritus research: scratching the brain for more effective itch therapy. Journal of Clinical Investigation 116: 1174‐1185.
(Limites de la recherche sur le prurit: se gratter la tête pour une thérapie contre la démangeaison plus efficace)

Polyarthrite / Arthrite Rhumatoïde

L’arthrite rhumatoïde (RA) est une maladie inflammatoire des articulations caractérisée par des douleurs, des raideurs et un gonflement, ainsi qu’une perte de fonction des membres. On estime que l’arthrite rhumatoïde affecte un pour cent de la population, essentiellement des femmes.

La plante de cannabis est reconnue comme ayant des propriétés anti-inflammatoires, anti-arthritiques et anti-rhumatismales,[1] et le système endocannabinoïde est proposé comme un modulateur de RA.[2]

L’utilisation du cannabis pour traiter les symptômes de la RA est souvent auto-déclaré par des patients atteints de la maladie. En 2015, dans un sondage par questionnaire anonyme ciblant les patients usant du cannabis médical en Australie, 25 pour cent signalaient utiliser des cannabinoïdes pour traiter leur RA.[3] Une enquête de patients britanniques usant du cannabis médical a constaté que plus de 20 pour cent des répondants déclaraient utiliser du cannabis contre les symptômes de l’arthrite.[4] Un examen des patients enregistrés auprès de l’État afin d’utiliser le cannabis médical contre la douleur  a montré que 27 pour cent d’entre eux l’utilisaient pour soigner l’arthrite.[5] Néanmoins, il n’existe encore que peu de données cliniques en regard de l’usage de cannabis dans les cas de RA comme décrits dans la littérature.

En janvier 2006, les chercheurs de la British Royal Hospital for Rheumatic Disease ont rapporté le traitements réussi de l’arthrite avec des cannabinoïdes, dans le tout premier essai contrôlé évaluant l’efficacité d’extraits de cannabis végétal sur la RA.[6] Les chercheurs ont signalé que l’administration d’extraits de cannabis sur une période de cinq semaines produisait des améliorations statistiquement significatives sur la douleur lors de mouvements, la douleur lors du repos, la qualité du sommeil, l’inflammation et l’intensité de la douleur comparés au placebo. Aucun effet secondaire grave ne fut observé. Des résultats similaires ont été rapportés lors de tests de phase II plus petits, examinant l’utilisation d’extraits de cannabis administrés par voie orale sur les symptômes de la RA.[7] Un essai aléatoire, contrôlé par placebo, évaluant l’usage de cannabis vaporisé chez des patients souffrant d’ostéoarthrite a débuté en 2016 au Canada.[8] Cependant, le nombre limité d’études et leur courte durée « ne permet que des conclusions limitées au sujet des effets des cannabinoïdes sur les maladies rhumatiques ».[9]

Des données pré-cliniques indiquent également que les cannabinoïdes peuvent ralentir la progression de la RA. Dans le numéro d’août 2000 du Journal of the Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs du London Kennedy Institute for Rheumatology écrivent que l’administration de cannabidiol (CBD) supprimait la progression de l’arthrite in vitro et sur des modèles-animaux.[10] Les chercheurs concluant qu l’administration de CBD après l’apparition de symptômes cliniques protégeait les articulations contre des dommages importants et “bloquait efficacement [la] progression de l’arthrite”. L’administration quotidienne de l’agoniste cannabinoïde synthétique HU-320 a également été rapportée comme protégeant les articulations des dommages et améliorant l’arthrite chez les animaux[11], comme l’a fait l’administration de l’agoniste cannabinoïde HU-444.[12]

Résumant la littérature disponible dans le Journal of Neuroimmunology, des chercheurs du Tokyo’s National Institute for Neurosciences ont conclu que “La thérapie de la RA par les cannabinoïdes pourrait procurer un soulagement symptomatique des douleurs articulaires et des gonflements, ainsi que supprimer la destruction des articulations et l’évolution de la maladie.”[13] Plus récemment, des experts en la matière citent “des preuves croissantes suggérant que le système endocannabinoïde, surtout les récepteurs cannabinoïde 2 (CB”), ont un rôle important dans la pathophysiologie de la RA”[14] et pensent que de cibler ce système pourrait être une nouvelle thérapie pour la RA ».[15]

Bibliographie / Références

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[6] Blake et al. 2006. Preliminary assessment of the efficacy, tolerability and safety of a cannabis medicine (Sativex) in the treatment of pain caused by rheumatoid arthritis. Rheumatology 45: 50‐52.
(Évaluation préliminaire de l’efficacité, la tolérabilité et la sûreté d’un médicament au cannabis (Sativex) dans le traitement de la douleur causée par l’arthrite rhumatoïde)

[7] No author. 2003. Cannabis-based medicines. Drugs in Research and Development 4: 306‐309. (Médicaments basés sur le cannabis: les drogues dans la Recherche et le Développement)

[8] PR Newswire. « First Health Canada approved medical cannabis clinical trial starts patient recruitment, » June 23, 2015.

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[10] Malfait et al. 2000. The nonpsychoactive cannabis constituent cannabidiol is an oral anti-arthritic therapeutic in murine. Journal of the Proceedings of the National Academy of Sciences 97: 9561‐9566. (Le composant non-psychoactif du cannabis, le cannabidiol, est une thérapie orale anti-arthritique dans le modèle murin)

[11] Sumariwalla et al. 2004. A novel synthetic, nonpsychoactive cannabinoid acid (HU-320) with anti-inflammatory properties in murine collagen-induced arthritis. Arthritis & Rheumatism 50: 985‐998.
(Un nouvel acide cannabinoïde synthétique non-psychoactif (HU-320) ayant des propriétés anti-inflammatoires dans l’arthrite induite par du collagène chez les murins)

[12] Haj et al. 2015. HU-444, a novel, potent anti-inflammatory, non-psychotropic cannabinoid. The Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics. In print. (Le HU-444, un nouveau cannabinoïde anti-inflammatoire puissant et non-psychotrope)

[13] Croxford and Yamamura. 2005. Cannabinoids and the immune system: potential for the treatment of inflammatory diseases. Journal of Neuroimmunology 166: 3‐18. (Les cannabinoïdes et le système immunitaire: Traitement potentiel des maladies inflammatoires)

[14] Gui et al. 2015. The endocannabinoid system and its therapeutic implications in rheumatoid arthritis. International Immunopharmacology 26: 86‐91. (Le système endocannabinoïde et ses implications thérapeutiques pour l’arthrite rhumatoïde)

[15] Fukuda et al. 2014. Cannabinoid receptor 2 as a potential therapeutic target in rheumatoid arthritis. BMC Musculoskeletal Disorders 15: 275. (Le récepteur cannabinoïde 2 comme objectif thérapeutique potentiel lors d’arthrite rhumatoïde)

Apnée du Sommeil

L’apnée du sommeil est un problème médical qui se traduit par de fréquents arrêts de la respiration pendant le sommeil, pouvant aller jusqu’à dix secondes ou plus. Ce trouble est associé avec de nombreux désordres physiologiques, incluant fatigue, maux de tête, pression sanguine élevée, rythme cardiaque irrégulier, crise cardiaque et AVC. Même si l’apnée du sommeil n’est souvent pas diagnostiquée, on estime qu’approximativement quatre pour cent des hommes et deux pour cent des femmes d’entre 30 et 60 ans souffrent de cette maladie.

Des données limitées montrent que les cannabinoïdes pourraient être prometteurs dans le traitement des apnées du sommeil. Écrivant dans le numéro de juin 2002 du journal de l’American Academy of Sleep Medicine, des chercheurs du Département de Médecine de l’University of Illinois (à Chicago) ont rapporté “une puissante suppression” des apnées du sommeil chez les rats a qui on avait administré soit des cannabinoïdes exogènes, soit des cannabinoïdes endogènes.[1] Un autre essai sur des animaux a rapporté que des doses de THC synthétique injectées atténuaient apnée et renforçait les muscles des voies aériennes supérieures chez les rats[2]

Dans un contexte clinique, l’administration de dronabinol atténue l’apnée chez les adultes. Écrivant en 2013 dans le journal Frontiers in Psychiatry, des chercheurs ont conclu que l’administration de THC atténuait significativement les symptômes de ce trouble chez les patients souffrant d’Apnée du Obstructive du Sommeil dans un laps de temps de trois semaines. Les auteurs concluant « Le traitement au dronabinol pourrait représenter une alternative viable ou une thérapie d’appoint chez une sélection de patients souffrant d’AOS, »[3]

En 2017, un essai clinique sur 73 sujets souffrant d’Apnée Obstructive du Sommeil modérée à sévère a rapporté que l’administration de dronabinol avant le coucher réduisait la gravité des symptômes et améliorait la somnolence subjective.[4]

En 2017 également, une analyse des publications conclut : « De nouvelles études portant sur les cannabinoïdes et l’apnée obstructive du sommeil suggère que des cannabinoïdes synthétiques comme le nabilone et le dronabinol pourraient procurer des bénéfices à court-terme dans les cas d’apnées du sommeil, de part leurs effets régulateurs sur les apnées médiées par la sérotonine. Le CBD pourrait s’avérer prometteur pour les troubles du sommeil paradoxal et la somnolence diurne excessive, alors que le nabilone (THC) pourrait réduire les cauchemars associés aux SSPT et pourrait améliorer le sommeil des patients souffrant de douleurs chroniques. Les recherches sur le cannabis et le sommeil n’en sont qu’à leurs prémices et ont donné des résultats mitigés. Des recherches contrôlées et longitudinales additionnelles sont essentielles pour avancer dans notre compréhension des implications cliniques et des recherches. »[5]

Bibliographie / Références

[1] Carley et al. 2002. Functional role for cannabinoids in respiratory stability during sleep. Sleep 25: 399‐400. (Rôle fonctionnel pour les cannabinoïdes dans la stabilité respiratoire pendant le sommeil)

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[5] Babson et al. 2017. Cannabis, cannabinoids, and sleep: A review of the literature. Current Psychiatry Reports 19: 23.

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Christine Perras. 2005. Sativex for the management of multiple sclerosis symptoms. Issues in Emerging Health Technologies 72: 1‐4 (Le Sativex pour la gestion des symptômes de la sclérose en plaques)

Syndrome Gilles de la Tourette

Le syndrome de Gilles de la Tourette (TS) est un trouble neuropsychiatrique complexe d’étiologie inconnue qui est caractérisé par des tics vocaux involontaires. La gravité de ce trouble varie beaucoup suivant les patients. Même s’il n’y a pas de remède au Syndrome de Tourette, la pathologie s’améliore souvent avec le temps. Les experts estiment qu’environ 100’000 Américains sont affectés par le TS.

Un examen de la littérature scientifique révèle plusieurs tests cliniques examinant l’utilisation de cannabinoïdes pour le traitement du TS. Des chercheurs de l’École Médicale Allemande de Hanovre, département de Psychiatrie et Psychothérapie Cliniques, ont écrit dans le numéro de mars 1999 du American Journal of Psychiatry en rapportant le traitement réussi du Syndrome de Tourette par une dose unique de 10 mg de delta-9-THC administrée à un jeune homme de 25 ans, lors d’un test clinique non-comparatif.[1] Les chercheurs ont déclaré que l’intensité totale des tics du sujet sont tombés d’un niveau 41 à 7 dans les deux heures suivant la thérapie par cannabinoïdes, et que cette amélioration a été observée durant sept heures au total. Les auteurs ont conclu que « Pour la première fois, les expériences subjectives du patient qui a fumé du cannabis ont été confirmées par une échelle d’évaluation valable et fiable. »

Les chercheurs ont confirmé ces résultats préliminaires dans un test croisé randomisé, contrôlé contre placebo en double-aveugle, d’une dose unique de THC sur 12 patients adultes atteints de TS. Les chercheurs ont rapporté une “amélioration significative des tics et des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) après traitement avec du delta-9-THC comparé au placebo.”[2] Les chercheurs n’ont constaté aucune perturbation cognitive chez les sujets, suite à l’administration de THC[3] et ont conclu que “le THC est efficace et sûr pour le traitement des tics et des TOC dans le syndrome de Tourette,”[4]

Les chercheurs ont confirmé ces résultats dans un second test randomisé et contrôlé en double-aveugle contre placebo qui comportait 24 patients à qui on administrait des doses quotidiennes de THC pouvant aller jusqu’à 10 mg par jour, sur une période de six semaines. Les chercheurs ont rapporté que les sujets voyaient une importante réduction des tics après un traitement aux cannabinoïdes de longue durée,[5] et ne souffraient d’aucun effet préjudiciable à l’apprentissage, la mémorisation ou la mémoire verbale.[6] Une tendance à une amélioration significative de l’étendue de la mémoire verbale pendant et après la thérapie fut aussi observée.

Résumant leurs résultats dans le numéro d’octobre 2003 du journal Expert Opinions in Pharmacotherapy, les chercheurs conclurent que, pour les patients adultes souffrant de TS, “Une thérapie avec du delta-9-THC devrait être essayée … si les médicaments usuels échouent à atténuer les tics ou si leurs effets secondaires néfastes sont importants.”[7] Une autre revue scientifique conclut de la même manière: « [S]elon de nombreux experts, le THC est recommendé pour le traitement des patients adultes souffrant de TS, quand les traitements de première ligne ont échoué à atténuer les tics. failed to improve the tics. En conséquence, un traitement au THC devrait être considéré dans les cas de patients adultes résistants aux autres thérapies. »[8]

Une étude de cas de 2016 a rapporté que l’administration d’extraits de cannabis 2 fois par jour à un patient TS  résistant aux traitements a été associé à une diminution de 85 pour cent des tics moteurs du sujet et d’une réduction de 90 pour cent de ses tics vocaux. Les auteurs conclurent, « Nos résultats confirment les recherches précédentes suggérant que les cannabinoïdes sont un traitement sûr et efficace du TS adevrait être considéré dans les cas résistants aux autres traitements . »[9] Deux autres rapports de cas récents reconnaissent que l’administration quotidienne d’une thérapie au cannabis « procurait une amélioration importante des symptômes » chez les patients souffrant d’un TS résistant aux traitements.[10]

Plus récemment, des chercheurs de l’Université de Toronto ont évalué rétrospectivement la sûreté et l’efficacité de l’inhalation de cannabis chez 19 patients souffrant de TS. Les chercheurs ont rapporté  « Tous les participants de l’étude ont fait l’experience d’un soulagement de leurs symptômes cliniquement significatif, » incluant la réduction des symptômes obsessionnels compulsifs, de l’impulsivité, l’anxiété, l’irritabilité et les accès de rage. Dix-huit des 19 patients on vi la sévérité de leurs tics diminuer. Le cannabis a été « générallement bien toléré » par les sujets de l’étude. Ils concluent: « Globalement, les participants de l’étude ont fait l’experience d’améliorations substantielles de leurs symptômes. Ceci est particulièrement frappant étant donné que pratiquement tous les participants avaient échoué à au moins un essai de médication contre les tics. … En conclusion, le cannabis semble être une option de traitement prometteuse en cas de tics et symptômes associés. »[11]

Bibliographie / Références

[1] Muller‐Vahl et al. 1999. Treatment of Tourette’s syndrome with delta-9-tetrahydrocannabinol. American Journal of Psychiatry 156: 495.
(Traitement du syndrome Gilles de la Tourette à l’aide de delta‐9‐tétrahydrocannabinol)

[2] Muller‐Vahl et al. 2002. Treatment of Tourette’s syndrome with Delta-9-tetrahydrocannabinol (THC): a randomized crossover trial. Pharmacopsychiatry 35: 57‐61. (Traitement du syndrome de Tourette à l’aide de delta‐9‐tétrahydrocannabinol (THC): un essai croisé randomisé)

[3] Muller‐Vahl et al. 2001.Influence of treatment of Tourette syndrome with delta9-tetrahydrocannabinol (delta9-THC) on neuropsychological performance. Pharmacopsychiatry 34: 19‐24. (Influence du traitement du syndrome Gilles de la Tourette avec le delta‐9‐tétrahydrocannabinol (delta9-THC) sur les performances neuropsychologiques)

[4] Muller‐Vahl et al. 2002. op. cit.

[5] Muller‐Vahl et al. 2003. Delta 9-tetrahydrocannabinol (THC) is effective in the treatment of tics in Tourette syndrome: a 6-week randomized trial. Journal of Clinical Psychiatry 64: 459‐65.
(Le delta‐9‐tétrahydrocannabinol (THC) est efficace dans le traitement des tics du syndrome Gilles de la Tourette: un essai randomisé de 6 semaines)

[6] Muller‐Vahl et al. 2003.Treatment of Tourette syndrome with delta-9-tetrahydrocannabinol (delta 9-THC): no influence on neuropsychological performance. Neuropsychopharmacology 28: 384‐8. (Traitement du syndrome Gilles de la Tourette à l’aide du delta‐9‐tétrahydrocannabinol (delta 9-THC): aucune influence sur les performances neuropsychologiques)

[7] Kirsten Muller‐Vahl. 2003. Cannabinoids reduce symptoms of Tourette’s syndrome. Expert Opinions in Pharmacotherapy 4: 1717‐25.
(Les cannabinoïdes réduisent les symptômes du syndrome Gilles de la Tourette)

[8] Kirsten Muller-Vahl. 2013. Treatment of Tourette syndrome with cannabinoids. Behavioral Neurology 27: 119-124.

[9] Trainor et al. 2016. Severe motor and vocal tics controlled with Sativex. Australasian Psychiatry 24: 541-544.

[10] Jakubovski and Muller-Vahl. 2017. Speechless in Gilles de la Tourette Syndrome: Cannabis-based medicines improve severe vocal blocking tics in two patients. International Journal of Molecular Sciences 18: 1739.

[11] Abi-Jaoude et al. 2017. Preliminary evidence on cannabis effectiveness and tolerability for adults with Tourette Syndrome. Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neuroscience 29: 391-400.