Au début du mois de décembre, NORML France a posé ses vaporisateurs en Espagne. Une cannabis cup “underground” y était organisée : seuls des producteurs d’origine française y participaient.
Dans le cadre de nos missions de réduction des risques en milieux festifs, nous n’avons pas manqué l’occasion d’aller à la rencontre des usagers et usagères de cannabis. L’objectif : sensibiliser aux pratiques réduisant les risques de l’usage de cannabis.
La combustion reste la méthode la plus courante
Fort est de constater que la vaporisation est encore méconnue même parmi les amateurs de chanvre. La majorité d’entre eux connaissent les bienfaits, moins la méthode, ni les différents dispositifs disponibles permettant de consommer les fleurs et extractions de la plante. Il existe encore beaucoup de réticences parmi les usagers et l’on voit que la combustion reste le moyen principal de consommation de cannabis.
Aujourd’hui, on estime que seulement 2% des usagers de cannabis français consomment en vaporisation. Nous avons récemment réalisé un questionnaire auprès des usagers pour en savoir plus sur leur avis sur la vaporisation et connaître un peu mieux leur réticences.
L’extrême majorité des usagers de cannabis le fument : 86,4% des personnes que nous avons interrogées mélangent le cannabis avec du tabac lorsqu’il est fumé. La moitié d’entre elles a déjà essayé un substitut de tabac (trim ou fleurs CBD, noisetier, damiana,…), sans parvenir à remplacer le tabac dans la durée.
Autre enseignement, c’est qu’une grande partie des usagers, 69%, ont déjà essayé la vaporisation. Leur objectif principal est d’avoir une consommation plus saine et d’arrêter la consommation de tabac. Cependant, le rituel de préparation du joint, l’aspect plus pratique de cette méthode, la recherche des effets et le coût des vaporisateurs sont les principaux freins à une transition réelle.
De plus en plus d’usagers se tournent vers la vaporisation
Les bénéfices sur la santé restent la motivation la plus forte des usagers vaporisant leur cannabis. Vient ensuite la redécouverte des saveurs, l’aspect économique et la discrétion, sans oublier des effets plus marqués. Pour plus de la moitié des personnes interrogées, la transition a été faite en moins d’un mois et ce sont près de 70% d’entre elles qui ont arrêté complètement la combustion.
Le prix, l’entretien et la question de la batterie sont identifiés comme les principaux inconvénients de la vaporisation. Pour parvenir à y pallier, les usagers conseillent d’abord de prendre son temps, puis d’arrêter complètement le tabac et de ne pas hésiter à investir pour réussir. Réaliser un Tolerance Break (période d’abstinence d’au moins 10 à 20 jours) et s’aider d’une cigarette électronique sont aussi des conseils que l’on retrouve souvent.
Nous avons bien conscience des limites et des biais induits par notre questionnaire. Bien que notre méthodologie ne permette pas de définir si ces données sont représentatives, elles représentent bien les expériences qui nous sont partagées lors de nos interventions comme celle que nous avons fait à Barcelone.
Les talents français du cannabis
Bravo aux organisateurs de cet événement qui valorisent les savoir-faire. Et plus que de réunir les acteurs français, il contribue à faire remarquer à quel point la scène française du cannabis est vivante, vibrante. Malgré la prohibition qui cherche à étouffer l’art de cultiver du chanvre, nous avons ces incroyables compatriotes qui expriment leurs talents en toute illégalité en France jusque dans les pays plus libéraux en matière de cannabis.
Cette fuite des cerveaux, des mains vertes françaises est inévitable : ces femmes et ces hommes, qui font aujourd’hui rayonner le cannabis français à travers le monde, sont persona non grata sur le territoire national.
Nous en avons de célèbres et le regretté Frenchy Cannoli était un exemple des plus connus : né dans le sud de la France, il s’installa en Californie après avoir parcouru le monde pour faire valoir son expertise. Après lui, tant d’autres sont partis représenter la France à l’étranger pour pouvoir faire parler leur talent, légalement.
Bravo aux lauréats
Quel regret de les voir partir à l’étranger, ces maestros de la fleur, ces professionnels des extractions, sublimateurs des potentiels de la plante de cannabis. Et tandis qu’en France, ces hypocrites de la République fustigent les usagers de cannabis, réduisent et caricaturent la plante pour la faire passer pour la pire des drogues, la communauté francophone du cannabis, elle, s’active.
Plus que jamais, elle étend son potentiel partout où elle le peut à travers le monde. Et même si les politiques d’interdiction cherchent à l’étouffer voir l’éteindre, l’excellence cannabique française reste plus résiliente que jamais.
Bravo à tous les lauréats.