Le directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime a glissé dans sa contribution personnelle aux débats de la semaine prochaine à Vienne une référence ouverte à la dépénalisation de l’usage de stupéfiants comme une politique envisageable et relevant d’une certaine efficacité (une rareté dans la documentation officielle de l’ONU).

Dans ce rapport (disponible en cliquant ici) publié en fin d’année 2013, en préparation de la 57ème réunion de la Commission des Stupéfiants de l’ONU (où seront présent de nombreux militants prohibitionnistes et anti-prohibitionnistes du monde entier).

Voici le paragraphe qui suscite de l’espoir :

d) Faire la distinction entre les questions de criminalité et celles de santé publique, de telle sorte que l’action de justice pénale vise l’aspect criminel du trafic de drogues et que l’action de santé publique porte sur des mesures scientifiquement fondées de prévention et de traitement des personnes atteintes de troubles liés à l’usage de drogues, les toxicomanes étant considérés comme des patients traités pour une maladie chronique et non comme des criminels. Les personnes qui sont emprisonnées pour usage de drogues risquent davantage de souffrir de troubles liés à cet usage et de nombreuses autres affections, notamment du VIH, de la tuberculose et d’hépatites virales. Face au problème de la drogue, l’action de santé publique devrait envisager des mesures autres que la poursuite et l’incarcération des personnes atteintes de troubles liés à l’usage de drogues. Les conventions encouragent le recours à des mesures de substitution à l’emprisonnement, et “dépénaliser” la consommation de drogues peut être un moyen efficace de désengorger les prisons, de réaffecter les ressources au traitement et, au bout du compte, de faciliter la réadaptation, la requalification et la réinsertion des toxicomanes;

Quand il apparaît évident à tous les militants ou citoyens s’étant penchés sur la problématique de la prohibition, que seules des politiques libérales peuvent arriver à enrayer et le trafic, et la consommation de stupéfiants (et particulièrement de Cannabis, comme nous le montrent les exemples néerlandais, portugais…), il faut à l’ONU des dizaines d’années pour oser envisager des solutions alternatives au dogme prohibitionniste. Réjouissons-nous de voir poindre (de notre vivant) le début de ce qui pourrait bien être la fin de la prohibition à terme.

C’est désormais aux diplomates des pays représentés au sein de la CND de décider s’il faut orienter la politique internationale de lutte contre les drogues vers une approche où la liberté individuelle et les droits humains priment sur l’éradication de la demande en stupéfiants.

Les militants de Chanvre & Libertés seront présents à Vienne pour vous relayer l’état des débats et discussions.

Toutes les infos sur Vienne dans le sous-accueil VIENNA 2014 :
www.chanvre-libertes.org/what/vienna2014

Sources :

  • Contribution du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime : chanvre-libertes.org/wp-content/uploads/2014/03/V1388515f.pdf
  • Article de La Vanguardia : lavanguardia.com/vida/20140308/54402175997/la-onu-sugiere-por-primera-vez-la-despenalizacion-de-las-drogas.html
  • Merci à Jean-marc BQ pour le lien !