Communiqué :
Suite aux résultats des élections européennes ce dimanche 9 juin et la dissolution de l’Assemblée Nationale annoncée dans la foulée par le Président de la République, NORML France alerte sur la situation à venir des usagères et usagers de cannabis.
Après 7 ans de Macronisme décomplexé qui n’a fait que renforcer la politique prohibitionniste à l’égard des usagers de stupéfiants, nous envisageons maintenant le pire avec la possibilité de voir l’arrivée d’une majorité à l’Assemblée Nationale, et fort possiblement au gouvernement, de partis politiques dont on connaît les positions violentes et radicales sur le cannabis et ses usagers.
Les politiques de réduction des risques en danger
Un gouvernement d’extrême droite et de leurs alliés ne sera que la continuité voire l’aggravation des pratiques gouvernementales de ces dernières années. Nous avons pu constater une opposition totale à toute forme de légalisation et des prises de position pour un durcissement sans précédent des sanctions.
Au-delà du cannabis, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir pourrait marquer un coup d’arrêt dramatique aux politiques de réduction des risques et au travail des associations et militants engagés auprès des usagers de drogues. En cela, nous rejoignons les positions et appels de Médecins du Monde, de la Fédération Addiction, de la Ligue des Droits de l’Homme, du Syndicat de la Magistrature, de Techno+ et de AIDES, avec lesquelles NORML France a toujours travaillé en bonne intelligence.
Nous savons aussi que là où l’extrême droite arrive au pouvoir, elle s’emploie à détricoter nos droits. En Russie, en Hongrie, en Pologne, l’extrême droite persécute le cannabis et ses usagers de la façon la plus virulente ; en Argentine ou en Italie, l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite a signifié un retour en arrière sur les avancées cannabiques obtenues les années antérieures. Nous ne sommes pas dupes face à l’extrême droite.
Une vision tronquée des traditions françaises
Encore plus troublant, ces mouvements nationalistes radicaux nous trompent et nous manipulent, tirant profit d’une vision déformée des “traditions” françaises, sans jamais mentionner le chanvre (nom scientifique : Cannabis), une plante psychoactive et autochtone depuis son arrivée en hexagone au néolithique (sans parler des territoires d’outre mer).
Cette plante traditionnelle française, sauvage et cultivée reste associée à des valeurs de partage, d’ouverture, d’entraide et d’interconnexions culturelles avec la Méditerranée, l’Europe de l’Est, ou avec les territoires anciennement colonisés à travers le monde. Une tradition française qui dérange, et qui se réprime. Une tradition française dont les expressions culturelles contemporaines, urbaines et périurbaines, forment un patrimoine artistique et culturel français exceptionnel à chérir, plutôt qu’à éradiquer.
L’idée d’une politique des drogues compassionnelle en danger
Il est temps d’aborder sereinement et en conscience une nouvelle politique des drogues pour notre pays, co-construite avec, par et pour les premiers concernés : les citoyens liés au cannabis d’une manière ou d’une autre, déjà impactés par les mesures inefficaces imposées ces dernières années par un ministre de l’Intérieur déjà empreint des idées les plus réactionnaires.
La période de campagne ultra-raccourcie n’a pas donné le temps au sujet “cannabis” d’apparaître dans les programmes électoraux, nous empêchant de réaliser une analyse approfondie des propositions des acteurs politiques. Malgré cela, les positions des uns et des autres sur l’ensemble de l’échiquier politique français sont bien connues, en particulier les approches idéologiques contredites par la science en matière de politiques des drogues.
Un réel besoin d’interlocuteurs à l’écoute
Avec la possibilité d’un futur gouvernement et d’une assemblée majoritaire encore plus réactionnaires, nous craignons que la situation ne se dégrade davantage, ignorant nos préoccupations légitimes en matière de droits, de santé et de justice, aggravant ainsi la forte stigmatisation des usagers de drogues déjà en place tout en négligeant les enjeux sociaux, culturels et environnementaux liés au cannabis.
Quel que soit le résultat de ces élections, nous continuerons à rappeler aux députés et au gouvernement à venir qu’une juste régulation du cannabis reste une pierre angulaire essentielle d’une nouvelle politique des drogues, capable d’améliorer la sécurité et la santé publique sans oublier la revitalisation économique des territoires.
C’est pourquoi nous invitons tous nos partenaires, adhérents et sympathisants à se rendre en nombre aux urnes les 30 juin et 7 juillet prochains, en votant en toute lucidité et en connaissance de cause pour ces élections législatives anticipées.