Le Dabbing, cette pratique qui consiste à inhaler la vapeur d’une extraction de cannabis à travers une pièce de verre contenant de l’eau (bubbler/heady/dab rig) connaît une popularité croissante ces dernières années. La qualité de l’extrait, la température et la propreté du matériel sont des paramètres essentiels pour dabber dans de bonnes conditions.

Bien que cette méthode soit en plein essor et qu’elle ait la réputation d’offrir des arômes plus prononcés que de la vaporisation d’herbes sèches, il est crucial de l’appréhender pour minimiser les risques et maximiser ses bienfaits. Les concentrés (ou extraits) sont produits en séparant les principes actifs de la matière végétale. Les trichomes qui renferment les cannabinoïdes, terpènes et flavonoïdes, sont détachés de la surface des fleurs par divers procédés. Deux écoles s’opposent:

  • Les extractions réalisées à l’aide de solvants (butane, propane, CO2 supercritique, DME…), le BHO (Butane Hash Oil) étant indiscutablement le procédé le plus répandu.
  • Celles obtenues par traitement mécanique et thermique (solventless ou sans solvant), les Rosin, Ice water hash (6 stars/full melt…)

Lorsque ces concentrés sont réalisés correctement et ne contiennent ni résidus végétaux, ni traces de solvant, ils peuvent être vaporisés en pratiquant le Dabbing. Cette méthode de consommation demande de respecter certaines règles pour éviter tout dégagement de substances toxiques et pour profiter pleinement du potentiel de l’extrait. La température est de loin la plus importante (ne pas dépasser 320°C), vient ensuite la qualité et la propreté du matériel utilisé (dab rig/dab station). L’intérêt du dab face à la vaporisation de fleurs est qu’il permet l’administration de doses allant de 20 à 250 mg de principes actifs en seulement deux ou trois inhalations, ce qui peut être intéressant dans le cadre d’une consommation thérapeutique. Il peut aussi faciliter la transition de la combustion à la vaporisation en offrant un hit (contraction des voies aériennes supérieures) et un volume de vapeur comparable à celui de la fumée (saturation du volume pulmonaire).

Historique et définition du dabbing

Un peu d’histoire

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Avant les années 2000, les usagers utilisaient la méthode des « hot knives » pour consommer des extraits. Cette technique consistait à chauffer les pointes de deux couteaux jusqu’à ce qu’elles soient rouges, on déposait alors une petite quantité de concentré entre les lames et les vapeurs qui s’en dégageaient étaient inhalées.

Autour de 2005, la première version de la plate-forme de dab moderne (dab station) fut créée par le duo frère-sœur de souffleurs de verre Jacob (Hashmasta Kut) et Lucy Carson. Une plaque en titane était associée à une pièce en borosilicate. Les utilisateurs inhalaient la vapeur produite après avoir déposé un morceau de concentré sur la partie métallique préalablement chauffée (en savoir plus).

Cette invention marque alors le début du dabbing.

S’en est suivi l’arrivée des nails (clous) en titane qui ont précédé les bangers en quartz. Le titane ne retenant pas la chaleur de façon optimale, ces accessoires nécessitaient de dabber à des températures trop élevées pour vaporiser les concentrés (dégagements toxiques) et produisaient un goût métallique qui dénaturait les profils aromatiques des extraits. De plus, ce métal en vieillissant se corrode, de l’oxyde de titane (pellicule blanche) se forme à sa surface et ce composé est cancérigène.

Alors les bangers en quartz ont fait leur apparition, leur capacité de rétention calorifique étant idéale pour le dabbing. Ils permettent d’apprécier pleinement les arômes dégagés lors de la vaporisation car le quartz est un matériau neutre qui n’a aucun goût contrairement au titane.

Mais qu’est-ce que c’est?

Le dabbing est un mode de consommation qui requiert l’utilisation d’un dab rig (dab station). Le processus est extrêmement chaud et les températures de vaporisation se situent entre 200 et 300°C. Une plate-forme de dab typique est composée d’une pièce de verre borosilicate (bubbler, heady) avec une chambre pour l’eau, à laquelle est associé un petit seau en quartz (bucket banger, slurper) où sera déposé le concentré, ainsi qu’un cap dont la fonction est de restreindre l’arrivée d’air et déplacer l’extrait à l’intérieur du banger. En raison des températures élevées nécessaires pour dabber, deux techniques s’opposent:

  • Le « hot start », la pièce en quartz est chauffée avec une torche pendant 35-45 secondes avant de laisser redescendre la température autour de 300°C pour pouvoir y déposer l’extrait. Ensuite, il suffit de fermer le banger avec le cap et d’inhaler la vapeur produite à travers le bubbler.

Pour connaître la température du seau en quartz, il est fortement recommandé d’utiliser un thermomètre infrarouge, mais on peut également le laisser refroidir environ 80 secondes.

  • Le « cold start » consiste à déposer le concentré dans un banger froid, puis après avoir installé le cap, à chauffer le seau avec le chalumeau jusqu’à l’apparition de l’ébullition. On arrête alors la chauffe et on peut inhaler la vapeur.

Il est aussi possible de dabber avec un e-rig ou un e-nail ou encore de vaporiser des extraits avec un dab pen, ceux-ci permettent un contrôle électronique de la température.

Les différents outils et accessoires nécessaires au dabbing

Les pièces en verre borosilicate

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  • la verrerie scientifique, les artistes verriers s’inspirent des pièces de verre de laboratoire pour créer des bubblers avec des formes épurées et souvent en borosilicate incolore. Ces réalisations sont plus accessibles financièrement que leurs cousines citées ci-dessous.
  • la verrerie d’art (heady glass): les œuvres affichent des formes artistiques recherchées avec des couleurs variées qui peuvent même changer en fonction des conditions lumineuses (soleil, cfl, lumière noire). Elles sont originales, uniques et reflètent les inspirations de l’artiste qui les a réalisées.

Leurs différences ne se situent pas tant au niveau de la fonctionnalité mais concerne plutôt l’aspect esthétique.

Les seaux en quartz (bangers/slurpers)

Ils ont pour fonction de retenir la chaleur et d’offrir une grande surface de contact pour permettre au dab de se vaporiser. Deux formes de bangers en quartz dominent:

  • les buckets (seaux), le plus souvent de 25 ou 30mm de diamètre, n’ont généralement pas d’orifice d’arrivée d’air, le concentré se vaporise en étant en contact avec le fond du banger et le cap permet de le déplacer à l’intérieur pour optimiser l’échange de chaleur entre l’extrait et le quartz.
  • les slurpers (blenders), d’un diamètre inférieur aux buckets, possèdent des ouvertures à leur base, permettant à l’extrait de se déplacer sur les parois en tourbillonnant. Ils nécessitent l’utilisation de perles de différentes tailles pour augmenter la surface de vaporisation et obturer le haut du banger.

Les caps

Ils offrent une variété de formes, mais ne se différencient que par leur fonction. Ils ont tous pour utilité de restreindre l’afflux d’air et ainsi baisser la pression à l’intérieur du banger. Cela permet au concentré de se vaporiser à une température plus basse que ne l’autoriserait la pression atmosphérique (abaissement du point d’ébullition). Certains ont un seul orifice permettant de déplacer le concentré à l’intérieur du banger.

D’autres ont deux ouvertures ou plus et sont destinés à être utilisés avec des perles en borosilicate, en quartz ou encore en rubis (terp pearls), celles-ci se déplacent donc dans le banger augmentant ainsi la surface de contact avec l’extrait et le mouvement à l’intérieur du seau en quartz.

Les dabbers

Il s’agit de petites pièces habituellement en titane ou en acier inoxydable permettant de manipuler les concentrés et de pouvoir les déposer dans les bangers en toute sécurité.

Dabber design « Psyché »
Dabber manche en bois.

Les photos des dabbers ont été réalisées par l’artisan coutelier français @ap_knives


Les torches (chalumeaux)

Elles produisent une flamme extrêmement chaude pour chauffer les pièces en quartz et leur faire atteindre la température nécessaire pour pouvoir vaporiser les extraits.

Autres accessoires nécessaires

Tous les usagers désirant dabber dans de bonnes conditions doivent avoir à leur disposition des coton-tiges (tige en papier ou en bois obligatoire) ainsi que de l’isopropanol (avec un indice de 90% ou plus). Lorsque le banger a refroidi (pour éviter tout choc thermique) il faut nettoyer les résidus après avoir dabbé à l’aide d’un coton-tige préalablement imprégné d’iso, puis l’essuyer avec un second qui doit être propre et sec. Alors le quartz est prêt à être utilisé de nouveau.

Respecter les températures pour vaporiser afin de consommer en toute sérénité!

Les cannabinoïdes et les terpènes ont des températures d’évaporation qui se situent entre 120 et 250°C et des études ont montré que lorsqu’on reste sous la barre des 320°C, il n’y a pas de dégagement toxique (en savoir plus). Le respect de cette plage de température est la condition sine qua non pour pratiquer le dabbing.

Trois pratiques se distinguent:

  • Hot dabs: 300-320°C (570-600°F), l’effet recherché est alors la puissance, à cette température tous les composés de l’extrait sont vaporisés rapidement, mais la vapeur étant chaude et épaisse, celle-ci peut provoquer une contraction des voies aériennes supérieures induisant une toux.
  • Standard dabs: 260-300°C (500-570°F), on cherche alors à obtenir un bon compromis entre puissance et arôme, plus la température est basse et moins la vaporisation provoquera d’irritation, donc l’inhalation sera plus confortable lors du passage par le système respiratoire.
  • Low temp dabs: 200-260°C (400-500°F), c’est la méthode utilisée lorsqu’on souhaite une expérience la plus savoureuse possible, en contrepartie, du fait de la basse température, il va rester une flaque de concentré non vaporisé après avoir dabbé. Il doit toujours rester une petite quantité d’extrait, c’est le signe qu’aucune matière n’a été brûlée. Malheureusement avec le low temp dab, le volume d’extrait non vaporisé peut être important et assimilé à du gaspillage par certains.

L’art du verre (heady glass)

Le dabbing est indissociable de l’art du verre (borosilicate), les artistes verriers utilisent la technique du verre soufflé au chalumeau pour créer des pièces artistiques rivalisant d’esthétisme et de fonctionnalités. On retrouve des formes variées, des couleurs superbes, aussi diversifiées que le nombre de souffleurs de verre pratiquant cet art.

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Quelques exemples de concentrés :

Les concentrés peuvent être extraits à partir de fleurs fraîches ou séchées, ils offrent un éventail de textures et de concentrations en principes actifs. Qu’ils soient réalisés sans solvant ou avec, leurs aspects restent sensiblement similaires. Voici un petit aperçu de différents produits destinés au dabbing:

Ice water hash 6⭐️ cold cured (ou fullmelt)

ICE WATER HASH 6⭐️ COLD CURED (OU FULLMELT)
Concentration en cannabinoïdes: Jusqu’à 70%. Réalisé avec de l’eau et de la glace, le temps et l’intensité du processus de séparation ainsi que la taille du matériel de filtration peuvent permettre d’obtenir des trichromes dépourvus de résidus végétaux, ce qui lui permet de fondre complètement.

Rosin cold cured (ou budder)

Concentration: Entre 50% et 80%. Extraite à l’aide d’une méthode de filtration utilisant pression et chaleur, elle est obtenue soit directement à partir de fleurs séchées, soit à partir de hash (principalement réalisé avec des fleurs fraîches). (Le budder peut aussi être réalisé avec un procédé impliquant des solvants, par l’agitation du produit d’extraction pendant la purge en respectant certains paramètres, il est le plus souvent appelé “badder”.)

Cristaux (ou diamonds & sauce)

Concentration: Jusqu’à 99% (sans terp sauce). Après cristallisation des cannabinoïdes sous leur forme acide (THCA ou acide tetrahydrocannabinolique) lors de l’affinage à froid, la rosin subit une deuxième filtration avec l’application de pression et de chaleur pour séparer les cristaux de la terp sauce (terpènes et cannabinoïdes décarboxylés). (L’extraction avec des solvants permet aussi d’obtenir des diamants, la méthode consiste à laisser les cristaux se former dans une solution saturée (solvant + cannabinoïdes) dans des conditions précises.)

Les photos des concentrés ont été réalisées par un producteur/hash maker français expatrié.


Quelques points important sur la réduction des risques (RDR) dabbing

Risques aiguës connus :

Tachycardie, paranoïa, crise d’angoisse (attaque de panique), syncope vasovagale. Ces effets négatifs sont toujours bénins et se résolvent spontanément après quelques heures.

Risques chroniques ?

Cette pratique étant assez récente, il n’y a pas d’étude concernant son impact à long terme sur les voies respiratoires. Sachant que le dabbing est simplement de la vaporisation lorsque la plage de températures est respectée, les risques semblent plutôt restreints. Attention tout de même à la dépendance , la concentration en THC étant plus élevée que dans les produits traditionnels, il convient de rappeler que les risques d’addiction et les symptômes de sevrage sont réels et particulièrement dommageables pour les adolescents et les jeunes adultes.

Concentrés sans solvant !

Il est impossible d’éliminer totalement les traces de solvants même avec des procédés industriels de pointe (présence résiduelle), il vaut donc mieux privilégier les extraits réalisés sans solvant.

Doser précisément :

Il est préférable de toujours adapter la quantité à consommer en fonction de la teneur en THC du produit :

  • Dosage : unité/dose moyenne en cannabinoïdes : 40mg.
  • « Millidosing »: Utiliser des doses inférieures à 20mg permet de minimiser le risque de dépendance, mais aussi de réduire les risques de ressentir des effets négatifs lors du test d’un nouveau produit.

Températures :

Ne jamais vaporiser de concentrés à des températures supérieures à 320°C (610°F), au-delà, il se dégage des substances toxiques (méthacroléine, benzène…) qui peuvent induire des problèmes respiratoires (emphysème, bpco…) et cardiovasculaires (infarctus, AVC…), mais aussi des cancers (en savoir plus).

Propreté du matériel :

Changer l’eau d’un bubbler le plus souvent possible, ne jamais la laisser plus de 24h. Le nettoyer avec de l’isopropanol 99% après chaque session, il est possible d’ajouter du sel pour son côté abrasif, après l’avoir secoué énergiquement, rincer la verrerie abondamment avec de l’eau avant de l’utiliser à nouveau. Un banger doit être nettoyé après chaque dab, il peut aussi être immergé dans l’iso 99% pour compléter le nettoyage avec les coton-tiges. Préférer systématiquement des matériaux de qualité (borosilicate/quartz) en privilégiant des fabricants européens ou américains réputés pour leurs normes strictes.

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Pour aller plus loin :