Courir plus vite, aimer plus fort” affiche fièrement sur son profil Instagram Sha’Carri Richardson, usagère de cannabis et sprinteuse la plus rapide au monde. Présente à Paris après s’être qualifiée grâce à une performance exceptionnelle de 10,71 secondes sur 100 mètres, Richardson est le symbole de la lutte contre l’une des jambes les moins connues du mille-pattes prohibitionniste : Figure d’espoir pour son pays, elle fut interdite de concourir et privée de médaille depuis des années en raison de sa consommation de cannabis, y compris aux derniers JO de Tokyo en 2020.

Alors que les Jeux Olympiques de Paris 2024 battent leur plein en France, quelle est la pertinence de cette victoire personnelle de Sha’Carri —ou de la présence de Snoop Dogg lors de l’ouverture— dans le contexte du débat sur le cannabis dans le sport, de plus en plus “hot topic”? Parmi les 14 850 athlètes, 40 000 bénévoles, 20 000 journalistes, sur plusieurs sites à travers tout le pays, et les millions de spectateurs attendus, combien sont des usagères et usagers de cannabis ?

Alors que s’ouvre un nouveau chapitre sportif international avec Paris 2024, et à l’heure où les hostilités envers tous les amateurs de chanvre sont à leur apogée en France, il est plus que jamais opportun d’interroger le désamour de l’hexagone pour le chanvre psychoactif et les relations entre le cannabis et la pratique sportive.

Dans cet article en partenariat avec NORML.ORG, nous faisons le point sur les règles de l’Agence Mondiale Antidopage, la situation légale des athlètes qui consomment du cannabis, ses effets supposés et réels sur la pratique sportive, mais nous attirons aussi l’attention sur la situation des usagers, sportifs ou spectateurs, dans ce grand pays cannabique qu’est la France, où la guerre aux amateurs de marie-jeanne —qu’ils soient français ou étrangers— a connu un regain dramatique ces dernières années.

1. Cannabis & contrôle antidopage : Rappel de la situation au niveau international

C’est l’Agence Mondiale Antidopage (AMA, WADA en anglais) qui fixe la liste des substances et méthodes interdites en compétition. Pour qu’une substance soit considérée comme dopante, elle doit avoir le potentiel d’améliorer les performances et/ou de nuire à la santé des athlètes ainsi qu’à l’esprit de saine concurrence.

En 2004, dans la première liste de substances prohibées pour le Code Mondial Anti-Dopage, l’AMA ajoutait le cannabis à la liste des substances dopantes interdites au motif qu’il pouvait réduire l’anxiété et contribuer à de meilleurs résultats. Le cannabis ne répondait pas ou pas totalement aux critères d’absence d’“effet ergogène” ou amélioration de la performance (critère 1), de “risque réel ou potentiel pour la santé de l’athlète” (critère 2), mais bien uniquement au critère de “l’esprit du sport” (critère 3). On pensait également qu’il pouvait endommager le système respiratoire. La principale raison de l’interdiction du cannabis dans le sport reste cependant son statut illégal, considéré comme éthiquement inadéquat à la pratique sportive professionnelle.

Concernant uniquement le cannabidiol (CBD dérivé du Cannabis ou bien synthétique), l’interdiction fut levée en janvier 2018, après que l’AMA ait reconnu que celui-ci contribuait au traitement des blessures, sans avoir le profil-type des substances dopantes interdites. À la même date, des néocannabinoïdes de synthèse furent aussi ajoutés à la liste.

Au jour d’aujourd’hui, donc, l’AMA considère que les produits du cannabis contenant du dronabinol (delta-9-THC dérivé du Cannabis ou bien synthétique) sont interdits dans le cadre de la pratique sportive professionnelle, ainsi que les néocannabinoïdes et autres molécules de laboratoire imitant les effets du dronabinol.

L’AMA recommande aux athlètes d’interrompre leur consommation plusieurs semaines avant les dépistages, afin de s’assurer de l’absence de traces de métabolites du dronabinol (THC) dans l’organisme. Les sportifs peuvent cependant continuer d’avoir recours à des produits du cannabis contenant du CBD mais sans THC, ce qui implique d’être très vigilant. En pratique, seuls les isolats de CBD pourraient donc être consommés, car les produits issus d’extraits à spectre complet contiennent des traces de THC qui seront détectées lors des tests.

Pourtant, l’interdiction du cannabis de l’AMA ne concerne formellement que les journées de compétitions, c’est à dire à partir de 23h59 la veille. Ainsi, les traces de métabolites en dessous d’un certain seuil ne sont pas prises en compte. Cependant, il est fort probable que les usagers réguliers dépassent ces limites, c’est pourquoi il est possible aux athlètes ayant besoin d’un traitement au cannabis médical de demander une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (ATU, ou TUE en anglais) auprès de l’AMA.

À noter : en dépit de cette politique relativement souple de l’AMA, dans de nombreux pays, les Fédérations Sportives imposent aux athlètes des taux et limites très différentes, y compris encore souvent une absence totale de traces de métabolites du THC dans l’organisme, au motif de l’illégalité de celui-ci.

L’avenir de la classification du chanvre comme produit dopant

De nos jours, des voix s’élèvent contre le classement du cannabis comme produit dopant. Par exemple, une étude de juin 2023 constate que le cannabis n’est ni ergogène ni ergolytique (ni amélioration ni dégradation des performances) et que les risques sanitaires pour les sportifs ont été surestimés.

Pourtant, le problème majeur pour sa déclassification se situe au-delà de la science. La définition complexe, et difficile à interpréter, de “l’esprit du sport” (qui subordonne les objectifs d’excellence sportive, telle la performance et prévention des blessures, à une politique moraliste) offre un levier puissant aux prohibitionnistes pour défendre le maintien du statut dopant de la plante.

2. Des sportifs sanctionnés en compétition pour leur consommation de cannabis 

Cette rigueur des fédérations sportives est malheureusement régulièrement rappelée à notre mémoire. Au cours des dernières années, de trop nombreux exemples de sportifs sanctionnés ont illustré la rigueur des contrôles antidopage en matière de cannabis. Revenons sur quelques-uns des exemples les plus marquants.

Sha' Carri Richardson in 2023 (Wikipedia)

Sha’ Carri Richardson in 2023 (Wikipedia)

Sha’Carri Richardson

La sprinteuse américaine devait participer aux JO de Tokyo en 2021, mais a été suspendue pendant tout le mois de juillet suite à un test positif au cannabis. Elle avait eu recours aux cannabinoïdes pour l’aider dans un moment familial particulièrement compliqué, son automédication lui aura coûté sa participation au 100m.

Elle participera donc cette année avec l’édition des jeux de Paris 2024 à sa vraie première compétition olympique.


Ross Rebagliati en 2006 (Wikipedia)

Ross Rebagliati en 2006 (Wikipedia)

Ross Rebagliati

Le snowboarder canadien a également vu sa carrière sportive menacée quinze ans plus tôt, lors des JO de Nagano en 1998, où il sortit médaillé d’or, alors que le snowboard faisait son apparition comme discipline olympique. Quelques jours après avoir reçu sa récompense, le Comité International Olympique (CIO) la lui retira, suite à un contrôle positif au cannabis. Une semaine plus tard, le Tribunal arbitral du sport invalidait la décision du CIO et la médaille lui a été rendue, au motif que cette substance, à l’époque, était formellement absente de la liste des produits prohibés du CIO.


Brittney Griner en 2019 (Wikipedia)

Brittney Griner en 2019 (Wikipedia)

Brittney Griner

Plus récemment, en février 2022, la basketteuse américaine membre des Phoenix Mercury en WNBA, fut interpellée à l’aéroport de Moscou en possession d’un vape-pen contenant des phytocannabinoïdes (moins d’un gramme, accompagné d’une prescription médicale) au pays leader mondial du délire anti-cannabis. Condamnée à 9 ans de prison pour trafic international de cannabis, ce n’est qu’au bout de 10 mois qu’elle a pu être libérée grâce à un échange contre le célèbre marchand d’armes Viktor Bout (interprété en 2006 par Nicolas Cage dans le film « Lord of War »), qui était alors détenu aux États-Unis.


Cannabis et pratique sportive: effets constatés et manque de recherche

Beaucoup de sportifs rapportent consommer des cannabinoïdes pour améliorer l’état d’esprit, la concentration, l’endurance, l’apaisement musculaire, la récupération, le sommeil, etc. À titre d’exemple, certains coureurs d’ultra-marathon déclarent utiliser du cannabis pour réduire l’anxiété, la douleur et les nausées dans le but de mieux performer.

Malheureusement, rares sont les travaux de recherches concernant les pratiques sportives après avoir consommé du cannabis. Aucune étude n’a utilisé de tests d’exercice reproduisant les conditions réelles des sports où les athlètes disent utiliser les cannabinoïdes pour améliorer leurs performances.

Concernant la consommation après l’exercice physique, dans l’objectif de faciliter la récupération, il n’y a là aussi que très peu d’études disponibles. Pourtant, le potentiel anti-inflammatoire et antioxydant de certains cannabinoïdes semble attirer l’attention de la communauté scientifique et sportive.

3. La France : Pays du Chanvre & de la Prohibition

La France, historiquement un des plus importants pays du chanvre industriel en Europe occidentale, et toujours premier producteur européen de Cannabis pour des usages industriels, semble avoir perdu de façon forcée sa culture traditionnelle malgré des avancées légales récentes qui font perdurer des situations totalement paradoxales.

Avec ses liens coloniaux en Afrique et en Asie, mais aussi son histoire ancienne d’extraction de résine psychoactive du “chanvre indigène français” industriel (voir image ci-dessous), et jusqu’à sa culture populaire urbaine du cannabis des années 80 à nos jours, la France compte toujours un important nombre d’amateurs de cannabis en étant le plus gros consommateur du vieux continent.

Carte Postale des laboratoires DAUSSE

Une carte postale (circa 1915) du groupe pharmaceutique Dausse (aujourd’hui intégré à Sanofi) indiquant: “culture médicinales Dausse: chanvre indigène.” Pendant des décennies, Dausse cultivait des landraces (variétés anciennes) de chanvre industriel français, dans l’Essonne, pour en extraire un haschisch pharmaceutique vendu en pharmacie dans toute la France, et exporté à travers l’Europe (source: p. 214, dans : Bellenger, Remy (2016) Le Laboratoire Dausse, une histoire de familles (1824-1929). Paris : L’Hexaèdre).


La situation française en 2024

Alors que la loi actuelle sur le cannabis est toujours celle de lutte contre l’usage des stupéfiants, adoptée par des parlementaires ivres dans la nuit du 31 décembre 1970, la France reste le plus gros consommateur de chanvre psychoactif européen avec une très grande disponibilité des produits sur le marché noir et une des plus grande prévalence d’usage chez les jeunes.

Il faut aussi remarquer qu’en France, il n’y a toujours pas de vraie liberté d’expression sur l’usage de drogues. Il est par exemple illégal de dire que le cannabis peut avoir un effet positif sur la santé par exemple. Plus généralement vous pouvez être tenu responsable de provocation à l’usage de substances classées comme stupéfiantes qui peut aller jusqu’à une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende (Art. L3421-4 du Code de la Santé Publique).

Il est important de noter que la loi sur l’usage de stupéfiants, plus de 50 ans plus tard, a failli à ses deux missions principales : faire baisser le nombre d’usagers et réduire l’offre de drogues disponibles sur le territoire. Si l’on ne considère que le cannabis, le nombre de consommateurs à été multiplié au moins par 20 depuis et que l’offre de produits n’a jamais été aussi étoffée grâce aux nombreux points de ventes disponibles et aux “plugs” faisant de la publicité sur les réseaux sociaux et les messageries instantanées pour des services de livraison à domicile.

Gérald Darmanin se bouche le nez à la piscine.

Gérald Darmanin, grand sportif, fait la guerre aux usagers de stupéfiants.

Gérald Darmanin est le Ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron depuis 2020. Le niveau intellectuel, tout comme la compréhension du sujet complexe des politiques des drogues de M. Darmanin, sont illustrés à merveille par son philosophique slogan : “la drogue c’est de la merde”.

Concernant la stigmatisation et la répression de toutes les activités liées au cannabis, y compris l’usage, Darmanin a lancé les forces de l’ordre dans une “Guerre à la Drogue” (“la” drogue, mais laquelle ?) qui ferait pâlir d’envie le Nixon des années 70. Aidé par son acolyte Eric Dupond Moretti, Ministre de la Justice et avocat connu pour avoir défendu entres autres de grands dealers marseillais, Darmanin a articulé une chasse systématique aux usages qui commence par une pénalisation des consommateurs avec une amende de 200 € et une inscription de 10 ans au casier judiciaire pour simple usage ou possession —en lieu et place de la peine précédente de 1 an d’emprisonnement et de 3 750 € d’amende, qui n’était en fait alors que très exceptionnellement prononcée. Le nombre important de ces nouvelles amendes (qui ne sont pas payées dans environ 70% des cas, car en grande majorité infligées aux plus précaires) servent d’indicateurs de résultats pour le Ministre de l’Intérieur, alors que cette politique vaine vise exclusivement les usagers et non les distributeurs/dealers, en particulier les usagers les plus jeunes et/ou vulnérables consommant dans l’espace public.

Le gouvernement a même proposé à plusieurs reprises —une première mondiale— d’étendre l’utilisation des tests salivaires (utilisés pour les automobilistes) aux passants et aux personnes marchant simplement dans la rue… Des « tests salivaires pour tout le monde sur la voie publique » disait Darmanin.

Prohibition XXL & Corruption XXL

Il y a quelques mois, Gérald Darmanin a franchi un pas de plus dans sa lutte kafkaïenne contre le chanvre psychoactif, en mettant en place des dispositifs anti-stup coordonnés de très grande ampleur, pathétiquement appelés « Opérations places nettes XXL ». Ces actions, aussi fulgurantes qu’inefficaces, visent les points de deal des moyennes et grandes agglomérations (avec un appui aveugle des médias locaux pour mettre en avant les moyens déployés).

Jusqu’à présent, les 490 « opérations place nette XXL » qui ont eu lieu ont mobilisé 76 934 policiers et gendarmes sur 6 mois. Celles-ci n’ont permis de saisir qu’environ 4 tonnes de stupéfiants (ce qui ne correspond qu’à 3 jours de consommation nationale), et 20 millions d’euros (à peine 0,6% des 3 milliards d’euros annuels générés par le marché illicite dérégulé du cannabis en France).

Alors que les opération gaspillage d’argent publique XXL battaient leur plein, une des plus grosses prises avait lieu en avril 2024 dans un commissariat : la perquisition de la Brigade des Stupéfiants de Marseille (branche locale de l’OFAST, Office Français Anti-Stupéfiants) pourtant soi-disant réputée la plus professionnelle de France.

Ce n’est certainement pas la première fois que des soupçons (ou preuves) de corruption et d’implication active des forces de police et des hauts fonctionnaires dans les trafics. Cette histoire laisse une amère impression de déjà-vu (et en boucle) car en 2012, la Brigade Anti-Criminalité (BAC) de Marseille et ses « superflics » admirés par toute la proffession, était dissoute suite aux accusations de trafic de drogues et de rackett. L’OFAST Marseille d’aujourd’hui aurait-il repris les rênes du marché auparavant contrôlé par la BAC ? Ce ne serait sans doute pas si étonnant que cela, quand on sait que l’OFAST fut fondée suite au scandale « François Thierry » de corruption de haut niveau, où le révéré chef des anti-stup pour tout le territoire français s’était révélé être l’un des plus gros narcotrafiquants d’Europe. L’OCRTIS avait été renommée OFAST fondamentalement pour tenter de faire oublier le fait que le gouvernement français avait orchestré, organisé, et bénéficié de l’importation de plus de 15 tonnes de haschisch en France et dans d’autres pays voisins. L’affaire n’est pas terminée, alors que François Thierry repassera devant les tribunaux cet automne pour « complicité de trafic de stupéfiants » et « destruction de preuves ».

Imagineriez-vous le directeur de la DEA prouvé coupable de l’organisation du trafic de cannabis aux USA ? Ce serait le scandale du siècle. En France, pourtant, l’on enchaîne les scandales de corruption de plus haut niveau en lien avec le trafic de cannabis, sans que cela ne fasse lever le moindre sourcil.

Pour camoufler ces scandales de corruption à répétition, et l’inefficacité des ses actions (inefficacité, l’on est en droit de se demander, dûe à l’incompétence ou à certains intérêts cachés), le gouvernement s’appuie sur une communication tonitruante à grand renfort d’images percutantes et spectaculaires d’interventions policières. Une dépense d’argent public démesurée qui, en plus d’être inutile au vu des résultats, participe à la hausse de la violence en déstabilisant des territoires et réseaux de distribution auparavant établis et stables, générant des « guerres de gangs » ultra-violentes entre narcotrafiquants pour regagner du territoire et les points de vente fermés par les opérations de police.

Chanvre médicinal : une expérimentation bancale

Depuis le 26 mars 2021, une « expérimentation » du cannabis thérapeutique a été lancée, avec comme but avoué de tester la délivrance des produits au sein du système médical français et de tester l’efficacité du cannabis médical sur des indications biens définies (douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles, certaines formes d’épilepsie pharmaco-résistantes, certains symptômes rebels en oncologie). Initialement prévue pour 3 000 patients, l’expérimentation n’inclut à ce jour que 1 800 bénéficiaires. La fin de cette période de test, prévue au 26 mars 2024, à été prolongée jusqu’à fin 2024.

En mai, la Ministre de la Santé (et accessoirement une ancienne lobbyiste des alcooliers et producteurs de champagne) avait tenu des déclarations très négatives sur l’expérimentation, en annonçant la fin probable sans accès généralisé. L’arrêt de la dispensation de cannabis médicinal aux 1 800 patients actuellement bénéficiaires représenterait pourtant une violation grave et flagrante du droit à la santé, un droit fondamental prêt à être bafoué au soi-disant « pays des Libertés ».

Suite aux élections législatives inattendues de juin/juillet 2024, et au futur renouvellement du gouvernement, les conditions de la fin de l’expérimentation et la généralisation de l’accès ou non s’avèrent suspendues aux incertitudes des négociations politiques en cours au sein de l’Assemblée nationale.

Chanvre bien-être : l’outsider se frayant un chemin

Fait assez nouveau dans cette ambiance encore très prohibitionniste, depuis le milieu des années 2010 un marché du « cannabis CBD », légalement accessible via des CBD/Hemp Shops, s’est largement développé dans la majorité des villes françaises. C’est en partie dû au cas « Kanavape » gagné à la plus haute cour de justice européenne, contre l’État français qui cherchaient à interdire leur vape-pen de CBD, par les entrepreneurs français Sébastien Béguerie et Antonin Cohen.

Il est donc possible de trouver une grande variété de produits de cannabis “ultra-light” ou “bien-être” contenant moins de 0,3 % de dronabinol (THC). À noter, pour certains, l’appellation “ultra-light” permet de différencier ces produits légaux en France de ceux dits “light” et contenant jusqu’à 1 % de THC, en provenance de Suisse, par exemple, mais à priori illicites en France.

Dans cet environnement de produits du cannabis apparemment légaux, il subsiste encore de trop nombreuses interdictions. L’auto-production de « chanvre CBD » demeure interdite, la culture étant réservée aux agriculteurs ; l’usage public est banni ; la conduite de véhicules suite à la consommation de CBD, même sans être sous l’emprise cannabique, reste durement sanctionnée y compris par la perte du permis de conduire (de 6 mois à 2 ans selon les cas).

Malheureusement, il faut aussi rappeler qu’une partie de ces nouveaux acteurs du chanvre, attirés par les profits importants de ce marché émergent, n’ont pas eu de scrupules pour ajouter à leur catalogue toute une série de néocannabinoïdes et autres molécules semi-synthétiques mimant les effets du THC (THC-P, HHC, HHCPO, H4CBD….), pourtant aussi considérées comme stupéfiants en France.

4. Usagers de Cannabis & Jeux Olympiques : Conseils et Précautions (Do’s & Don’ts)

Les Jeux olympiques de Paris 2024 vont attirer de nombreux visiteurs du monde entier, y compris des pays où la consommation de cannabis est largement tolérée voire même légalisée. Il est crucial pour ces touristes de comprendre que la législation française concernant le cannabis est stricte et que toute infraction peut entraîner de lourdes conséquences pénales pour un fait qui peut sembler totalement anodin.

Nous recommandons donc aux consommateurs, s’ils cherchent à se procurer des produits, qu’ils soient légaux (CBD) ou illégaux, de les consommer dans un cadre privé afin d’éviter tout problème pouvant nuire à leur séjour dans notre beau pays.

Nous les invitons à se méfier des molécules synthétiques ou semi synthétiques pouvant être encore largement trouvées dans certains CBD shops malgré leur récente interdiction, spécialement sur les produits destinés à l’ingestion. Si vous décidez tout de même de les essayer, respectez les dosages et les recommandations d’usage en évitant tout mélange avec l’alcool ou d’autres substances.

Patients étrangers et cannabis médical en France

Patients : Pour les patients en provenance de l’étranger se rendant aux Jeux olympiques en France et souhaitant voyager avec leurs médicaments, il y a des précautions à prendre pour éviter les déconvenues à la douane.

  • Dans le cas des médicaments autorisés au niveau fédéral aux États-Unis (il s’agit en fait surtout de phytocannabinoïdes de synthèse comme le Marinol et Syndros, ou de CBD comme l’Epidiolex) ou pour les pays où le cannabis est légal au niveau national (Uruguay, Canada…) les patients devraient se procurer la documentation nécessaire, qui n’est malheureusement pas la plus aisée à obtenir. Lisez d’abord la page d’information sur (General Information for Travellers Carrying Medicines Containing Controlled Substances) et dirigez-vous ensuite vers le formulaire correspondant pour les États-Unis, qu’il vous faut faire valider par la DEA avant d’entreprendre votre voyage (en anglais, en français). L’ANSM (équivalent français de la DEA et FDA en une seule agence) vous émettra un certificat Schengen qui vous permettra de vous déplacer en France sans craintes de poursuites, ainsi que dans l’espace Schengen (most European continental countries).
  • Si vous êtes un patient des systèmes de cannabis médical des États des États-Unis (systèmes non-fédéraux), la situation est bien différente. Malheureusement, ces cas-là ne sont pas reconnus et ne peuvent pas donner droit à un certificat comme pour les pays où le cannabis médical est reconnu au niveau national. Dans ce cas là, les douanes considèrent le cas comme s’il s’agissait d’un usage non-médical, et l’importation est strictement interdite.

Les athlètes étrangers étant des patients de systèmes nationaux de cannabis médicinal doivent donc combiner à la fois le protocole de l’AUT de l’AMA, et le protocole ministériel mentionné ci-dessus.

NORML France lutte contre la prohibition en France, et nos bénévoles espèrent de tout coeur que la machine répressive ne s’attaquera pas à nos amis étrangers venant aux Jeux olympiques avec leur traitement. Cependant, nous connaissons la folie répressive française et nous serons disponibles pour assister les patients qui pourraient être victimes de répression pendant ces Jeux. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez été inquiété pour ces raisons.

Le conseil ultime que donne NORML France pour être sûr d’être un usager de cannabis sans risques de répression en France, c’est d’être une star comme Snoop Dogg. Il semble en effet que la prohibition ne concerne pas les célébrités qui relaient l’événement à l’international. Alors que la France a une politique des plus radicales en matière de répression des usagers de cannabis, un célèbre artiste américain, bien connu pour sa passion décomplexée pour la marie-jeanne, a été choisi pour porter la flamme olympique lors de la cérémonie d’ouverture, dans la ville populaire de Saint Denis en périphérie de Paris, bien connue pour ses nombreux points de vente. En effet, c’est bien à Snoop Dogg  qu’a été confié l’un des plus gros briquets jamais vu. Bien évidemment, il n’a pas pu l’utiliser pour allumer son blunt (en tous cas pas en public), mais c’est bien le seul usager qui n’aura pas à “Drop it like it’s hot”.

5. Conclusion

Alors que les athlètes poursuivent l’or, on le voit, les politiques du cannabis sont très très loin de monter sur le podium des lois rationnelles et raisonnables, au pays des droits humains. Grâce aux symboles comme Snoop, espérons que Paris 2024 marque le début d’une nouvelle ère où le sport comme la politique puissent embrasser non seulement la diversité humaine et des performances, mais aussi celle des perspectives sur le bien-être, la relaxation, et la médecine herbale et traditionnelle à base de chanvre, psychoactif ou non.


Cet article sera très prochainement publié sur le site de NORML.ORG en langue anglaise afin que le public américain puisse être avisé de la situation légale du cannabis et de ses usagers dans notre pays.


Pour aller plus loin : 

Crédit image à la une de l’article : Compte X de @SnoopDogg