C’est toujours avec la même émotion que les membres de NORML France ont découvert ces deux accidents routiers ayant entraîné la mort 5 personnes, dont une jeune enfant. Nous ne pouvons qu’adresser nos pensées aux proches de ces victimes. Personne ne peut fermer les yeux sur les drames qui se jouent chaque année sur les routes françaises.

Soyons clairs, nous déconseillons vivement de prendre la route en étant sous emprise de cannabis. Dans les heures qui suivent son usage, le THC entraîne une altération de la conduite. Aussi, de toute évidence, il ne faut jamais conduire un véhicule après avoir mélangé alcool et cannabis : les données sont sans appel, cela démultiplie les risques d’accidents mortels.

A ceux qui sont responsables de ces délits, la loi prévoit des sanctions qui doivent être appliquées par les autorités compétentes. Malheureusement aujourd’hui, cette loi est injuste. Le cannabis a ceci de différent avec l’alcool que certains de ces principes actifs (et leur métabolites) restent détectables plusieurs jours après un usage, sans pour autant que ces traces aient un impact sur la conduite.

Les deux cas récents semblent pouvoir illustrer cette dualité. D’un côté nous avons un conducteur qui a cumulé les pratiques à risque : alcoolémie, couplée à une probable ivresse cannabique, dépassement de la vitesse autorisée et conduite dangereuse. De l’autre, une jeune femme, sortant d’un parking en réalisant une manœuvre habituelle, renversant en marche arrière une jeune fille tombée de vélo (un drame malheureusement courant) : un usage de cannabis est détecté, mais pour l’instant rien ne permet de dire qu’elle était “sous emprise” au moment de l’accident de sorte que ce soit sa consommation qui ait entrainé ce terrible accident.

Ces deux mêmes cas ont néanmoins entraîné un déferlement sur la question de la conduite après avoir fait usage de stupéfiant, particulièrement de cannabis, évacuant d’un revers de main les risques liés à l’alcool ou à la vitesse, co-responsable dans le premier cas. A cette occasion, les données de l’accidentologie sont souvent partagées de manière trompeuse, en attribuant 1 accident sur 5 à un conducteur sous emprise de cannabis. Une occasion de plus pour diaboliser et criminaliser l’ensemble des usagers dont les plus responsables, incluant certains ne transgressant même pas la loi (usage de cannabis à dominance CBD ou usage légal passé dans un pays moins stigmatisants).

Mais alors comment faire ? Comment prévenir ces drames tout en étant juste pour les citoyens responsables ? 

5 PROPOSITIONS D’EVOLUTION DE LA LOI

  1. Abandonner les tests biologiques et former les forces de l’ordre à la réalisation de tests psychométriques pour déterminer les cas d’emprise de stupéfiants incompatibles avec la conduite ;
  2. Dépénaliser la conduite d’un véhicule à moteur après avoir fait usage de stupéfiants pour tous les produits dont l’usage entraîne un sur-risque moyen, tous taux confondus, inférieur à 2.
  3. Contraventionnaliser la conduite d’un véhicule à moteur sous une emprise de stupéfiants incompatible avec la conduite (sur la base des tests psychométriques).
  4. Débuter la mise en place du dispositif par des expérimentations régionales afin d’évaluer l’impact réel d’une telle politique sur la sécurité routière dans des études cas-témoin.
  5. Mener des études expérimentales à différents dosages de THC et CBD et chez différents types d’usagers, afin de tenter de mieux comprendre l’impact de l’usage aigu du cannabis sur les capacités de conduite ainsi que des études prospectives multicentriques (cohorte d’usagers réguliers, d’usagers occasionnels et groupe contrôle) pour déterminer avec plus de précision l’impact de l’usage du cannabis dans les accidents de la voie publique.

Ces transformations passent par une légalisation du cannabis, seul modèle permettant d’éduquer les consommateurs à un usage responsable de cannabis, de déterminer des lignes claires de bonnes pratiques liées à la conduite comme pour l’alcool, d’être juste avec ceux qui sont responsables et sévères avec ceux qui mettent en danger les autres usagers de la route.

Les retours des pays et États ayant légalisé sont mitigés. Il semble qu’une “légère hausse” des accidents routiers impliquant le cannabis ait été observée dans certains endroits, tandis que dans d’autres les tendances sont stables voire à la baisse. La hausse a parfois été identifiée de manière ponctuelle, uniquement les premières années suivant la légalisation et tend à diminuer et revenir à ces niveaux habituels avec le temps. En revanche, partout on note la difficulté du dépistage et la persistance des traces de THC dans l’organisme rendant souvent difficile l’établissement d’un lien de causalité entre les accidents et la présence de THC.

Pour en savoir plus sur l’accidentologie et le cannabis, découvrez notre dossier complet et plus globalement, toutes les ressources NORML France sur les liens entre cannabis et conduite.