Traduit d’un article d’Alexander Beadle
rédacteur scientifique pour Analytical Cannabis

La vaporisation du cannabis peut produire des effets renforcés -pour le meilleur ou le pire- par rapport à la combustion d’une quantité équivalente, selon une étude récente publiée dans le journal de l’American Medical Association, le JAMA Network Open. Cette étude, réalisée par des chercheurs du Johns Hopkins Medicine, est la première à relever des différences subjectives significatives entre les deux méthodes de consommation.                          

La popularité croissante de la vaporisation de cannabis                                      

Fumer la fleur de cannabis a été, pendant des décennies, la façon la plus populaire de consommation. Le cannabis étant largement prohibé il y avait très peu d’incitations à développer des façons plus saines que, par exemple, l’approche Européenne consistant à mélanger la fleur de cannabis avec du tabac pour la fumer (entraînant une addiction et des dommages renforcés). La contre-culture “hippie” des années ‘60 a amené avec elle l’usage de pipes à eau en verre, supposées purifier la fumée du cannabis à l’aide une filtration par l’eau, toutefois la prohibition ininterrompue des produits du cannabis n’a jamais permis à de nouvelles méthodes de consommation de s’imposer.

De nombreux états et pays prennent maintenant la décision d’arrêter cette prohibition du cannabis et nous commençons à voir d’avantage de produits et d’inventions centrés sur l’amélioration des méthodes de consommation. L’une des nouvelles méthodes, devenue la plus courante et populaire, s’appelle la vaporisation et se fait à l’aide d’un vaporisateur.

Au lieu de brûler directement le cannabis comme lorsqu’il est fumé, la vaporisation chauffe la matière végétale -ou le concentré- à des températures où les composés comme le THC sont nébulisés en une vapeur pouvant être inhalée. La vaporisation est souvent vue comme une méthode plus discrète de consommation, l’odeur caractéristique du cannabis étant bien plus difficile à détecter dans la vapeur, qui “voyage” moins loin que la fumée. Nombreuses sont les personnes conscientes que la vaporisation est une alternative plus saine que la combustion, car elle évite la production des dangereux composés toxiques qui seront ensuite inhalés en même temps que le THC et les autres cannabinoïdes.Vaporisation, vapotage. NORML France

Ces avantages font que la popularité de la vaporisation a fortement augmenté; des données provenant  d’une centrale de livraison de cannabis californienne, Eaze, montrent une augmentation annuelle de 400% du nombre de cartouches de concentrés de cannabis “prêtes à vaporiser” livrées (note NORMLfr: ce système s’appelle “vapotage” et diffère de la vaporisation par la forme liquide du produit et les adjuvants ajoutés). La vaporisation du cannabis devenant courante, l’étude et l’identification des risques ou différences par rapport aux autres méthodes de consommation est importante.

Méthodologie utilisée dans cette étude

L’étude comportait 17 participants, tous étant des usagers occasionnels de cannabis. “Usager occasionnel” étant déterminé par la non-consommation de cannabis durant les 30 derniers jours, vérifié par une analyse d’urine.

Le sentiment était que les études comparatives précédentes présentaient des limitations, comme l’étude de doses uniques de THC, un très petit échantillonnage, et la pratique exigeant des sujets qu’ils inhalent selon des schémas spécifiques. Pour corriger cela, chacun des 17 participants de cette étude a participé à six sessions de tests distincts séparés d’au moins une semaine, et ils étaient autorisés à suivre leur schéma respiratoire naturel personnel lors de l’inhalation du cannabis.

Chaque participant devait fumer ou vaporiser du cannabis contenant 0, 10 ou 25 milligrammes de THC. L’étude fut menée en double aveugle, de sorte que ni les participants ni le personnel délivrant les doses ne savaient quel taux de THC était consommé lors de chaque session. La vaporisation consistait à inhaler le cannabis vaporisé dans un ballon opaque, pour empêcher toute différence visuelle dans l’aspect de la vapeur selon les taux de THC. Pour les sessions “fumées”, un couvercle en métal servait à cacher le contenu du foyer de la pipe tendue aux sujets. Les dosages étaient obtenus en mélangeant une herbe placebo avec une variété à taux de THC élevé, obtenue auprès du programme du National Institute on Drug Abuse Drug Supply. Cela a créé des assemblages de différents taux de THC mais avec un poids similaire, pour éviter que le poids soit un facteur d’identification possible lors du double-aveugle. D’autres chercheurs employés s’assuraient en non-aveugle que l’intégralité des doses était consommée à chaque session.

Suite à cet usage, les participants devaient évaluer les effets subjectifs qu’ils ressentaient. Par exemple mais pas uniquement; la fatigue, la sécheresse de la bouche et les effets de l’ivresse, généralement agréables, en répondant à un questionnaire (Drug Effect Questionnaire – DEQ) précédemment publié et décrit dans le Journal of Analytical Toxicology. Les effets physiques furent étudiés à l’aide d’échantillons sanguins, d’enregistrement du rythme cardiaque et de la pression sanguine, ainsi que de tests étudiant les performances cognitives et psychomotrices du sujet lors de tâches données. Tous les effets furent analysés à divers moments-clé (en incluant une base de référence créée avant toute consommation de cannabis) et les résultats furent comparés en utilisant une analyse statistique permettant d’identifier chaque variation significative entre les méthodes de consommation.

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Crédit: iStock

Un effet plus puissant, de même que les effets indésirables

Les résultats du questionnaire révélèrent que les sujets qui avaient vaporisé le cannabis rapportaient en sentir davantage les effets que ceux qui l’avaient fumé. Ceci était particulièrement évident avec le dosage à 25 milligrammes, où le score moyen du DEQ était de 77.5 sur 100 après vaporisation, mais seulement 66.4 quand la même dose avait été fumée. Les sensations d’anxiété et de paranoïa rapportées étaient de 7 pour cent plus élevées quand la dose était vaporisée plutôt que fumée. Que ce soit au dosage de 10mg ou à celui de 25mg, les constats de bouche sèche et d’yeux secs étaient significativement plus fréquents après que les participants aient inhalé le produit par vaporisation.

Le temps de réaction était ralenti en moyenne de 120 millisecondes avec l’usage de tout dosage actif, fumé ou vaporisé, comparé au placebo. Toutefois les sujets ayant vaporisé se sont montrés significativement moins performants aux “Tâches d’Attention Partagée” que ceux ayant fumé les mêmes dosages. À la dose de 10 milligrammes, les résultats étaient en moyenne de 350 pour cent plus élevés avec la vaporisation et à la dose de 25 milligrammes ce chiffre montait à 500 pour cent, en comparaison avec ceux qui avaient fumé une dose de cannabis équivalente. De même, les tests sanguins ont révélé que les niveaux de THC dans le sang étaient plus élevés chez ceux ayant vaporisé le produit.

“Nos participants ont montré un fonctionnement nettement plus troublé après avoir vaporisé plutôt que fumé la même dose, ce qui dans le monde réel se traduit par une inaptitude à la conduite ou aux tâches quotidiennes plus élevée,” explique l’auteur principal, Tory Spindle Ph.D., au journal Newsroom at Johns Hopkins Medicine. “Il y a une vraie différence dans la quantité de cannabinoïdes trouvés dans le système sanguin selon qu’une même dose aie été fumée ou vaporisée, et par conséquent cela doit être pris en compte lors du dosage pour s’assurer d’une consommation de cannabis sûre.”

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En concevant une étude axée sur les usagers occasionnels, les chercheurs visaient à modéliser ce qu’un primo-usager moyen pourrait ressentir lors de son premier usage de cannabis. Suite aux différences entre les deux méthodes observées, il apparaît clairement que la vaporisation produit des effets plus intenses et plus visibles. Des études comme celle-ci pourraient aider des usagers de cannabis novices à prendre des décisions de manière informée sur ce qui pourrait être un plan d’administration sûr et contrôlé, adapté à leurs besoins individuels. De futures études sur des populations ayant un historique d’usage de cannabis plus varié ainsi d’autres portant sur divers types de vaporisateurs (par ex. les vaporisateurs à concentrés) et un éventail plus large dans la puissance du cannabis sont nécessaires. Les résultats pourraient se montrer bénéfiques à la fois aux usagers et aux professionnels du monde médical chargés de planifier des traitements au cannabis.

 

Plus d’information NORML France sur la vaporisation :

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