Nous prenons ce jour connaissance d’un sondage réalisé par notre partenaire ECHO Citoyen et par le think tank Terra Nova. NORML France félicite ces deux acteurs pour cette action pertinente et de qualité qui permet de démontrer, s’il était encore nécessaire, que les citoyens sont très largement favorables à un débat national intégrant l’ensemble des parties prenantes.
Le débat sur le chanvre et sa place dans notre société a toujours été éludé par le spectre du délit de présentation sous un jour favorable. Loin des positionnements idéologiques, nous considérons qu’il est nécessaire de faire intervenir la raison, la science et le droit au cœur d’un débat dépassionné. Si les citoyens souhaitent un débat sur la question, c’est parce qu’ils sont une grande majorité à considérer que le système actuel ne permet ni de réduire l’offre, ni de réduire la demande de cannabis. Dès lors, le constat d’échec de la politique actuelle est acté.
Nous alertons le gouvernement, et en particulier Madame la Ministre de la Santé Agnès Buzyn sur l’urgence à apporter des solutions concrètes concernant l’usage médical du cannabis. Va on encore discriminer et punir longtemps des personnes vulnérables souffrant d’un handicap qui ne cherchent qu’à améliorer leur état de santé ?
Les citoyens sont prêts pour ce changement: une très forte majorité se montre favorable à l’autorisation d’un usage médical encadré sur ordonnance. Ils sont aussi majoritairement favorables à un accès du cannabis sous toutes ses formes. Enfin, ils considèrent naturellement, mais dans une moindre mesure, que le cannabis devrait être remboursé par la sécurité sociale. La question de l’accès aux fleurs de chanvre et à leurs extractions à moindre coût pour les patients ne peut plus être écartée du débat, le chanvre étant utilisé à des fins médicales depuis des millénaires et par des millions de personnes légalement à travers le monde en 2018.
Cette nouvelle information confirme aussi l’avis clairement divisé de la population générale sur la question de la réglementation de la filière cannabis, traduisant le manque de connaissances sur les alternatives concrètes de régulations et leur conséquences positives pour les usagers et la société dans son ensemble.
Nous sommes conscients qu’un important travail d’information et d’éducation est encore à faire. La perception des Français sur le cannabis et sa régulation, et plus généralement sur les produits addictifs, est toujours galvaudée, à l’exception de la perceptions sur l’alcool et il nous faut continuer à normaliser le discours et les bonnes pratiques sur un sujet qui reste difficile à aborder en France.
En définitive, nous sommes satisfaits des résultats dans leur ensemble, car ils traduisent une évolution positive des perceptions de l’opinion publique et confirment notre ressenti et la pertinence de notre action. Mais nous pensons bien au-delà que la route est encore longue pour convaincre.
Pour aller plus loin :
- Document PDF – Synthèse de l’enquête ECHO & Terra Nova avec l’IFOP
- Terra Nova – Les Français et le cannabis
- Fédération Addiction – Communiqué de presse
- LeMonde.fr – Huit Français sur dix favorables au cannabis thérapeutique
Le problème est délibérément mal posé. Il ne s’agit pas de savoir si l’on est pour ou contre le cannabis en thérapeutique, mais d’avoir une connaissance précise du rapport bénéfices/risques, le seul critère qui vaille pour accepter ou invalider l’usage thérapeutique d’une molécule, en l’occurrence tel ou tel cannabinoïde parmi la centaine que recèle(en des proportions très variables, selon les cultivars) le cannabis. La plante entière, de par sa composition variable et son mode d’administration fumé, est complètement invalidé. Le tabac fumé, pour mémoire tue chaque année 69.000 personnes en France,or le cannabis est encore plus toxique. Les nombreuses études disponibles sur le THC l’invalident aussi en raison de son rapport B/R très mauvais; quant à la tentative grossière de recycler le concept cannabis avec le cannabidiol, les données disponibles, dont certaines peuvent ouvrir des pistes potentiellement intéressantes, sont si préliminaires et ténues que les mettre en exergue et leur réserver un tel engouement médiatique relève de la malversation intellectuelle.
Mr Costentin, le problème n’est pas mal posé. Ou plutôt il est surtout très mal posé par vous.
Que dire de tous ces gens de part le monde, scientifiques et gouvernements inclus, qui comme nous constatent et reconnaissent les bénéfices de la plante de cannabis en tant qu’agent thérapeutique efficace dans sa forme naturelle et qui en encouragent l’emploi pour soulager des pathologies? Qu’ils feraient mieux d’interdire cette science profane et non synthétisée en laboratoire, et abandonner leurs patients en sachant qu’un soin existe ! Soyons sérieux. La foi dans les vertus de la censure ne peut pas justifier un tel aveuglement qui engendre souffrances et morts inutiles.
OUI Mr Costentin, le cannabis soigne, ne vous en déplaise. On ne vous fera pas l’affront de vous renvoyer à lire toutes les publications scientifiques prouvant cela, mais nous pouvons vous assurer qu’elles existent bel et bien, ainsi que nombre de témoignages vécus, empiriques. Divers pays très respectables ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, Israël, le Canada et l’Allemagne pour ne citer qu’eux
Vous dites que “La plante entière, de par sa composition variable et son mode d’administration fumé, est complètement invalidé”. Complètement invalidée au point de vue laboratoire pharmacologique, effectivement. Par contre nous savons maintenant que nous avons besoin de recherches sur les différentes variétés de cannabis et ratios de cannabinoïdes versus diverses pathologies ou symptômes, en collaboration avec des médecins, des botanistes-cultivateurs et des patients.
Et quand- bien même il serait fumé, ce qui est le mode d’administration le plus malsain, le cannabis se révèle souvent efficace et rapide contre certains symptômes graves.
“Le tabac fumé, pour mémoire tue chaque année 69.000 personnes en France, or le cannabis est encore plus toxique.” Monsieur, est-ce la question ? Et est-ce « vraiment » vrai ? Et la « prohibition » a-t-elle empêché que le cannabis soit fumé, de plus en plus jeune ? Réponses : 3x non
L’engouement médiatique sur le CBD vendu en tant que complément alimentaire que, pour appuyer votre point de vue, vous nous reprochez, n’est pas de notre fait. De même, les historiens d’un proche futur s’indigneront effectivement que des “malversations intellectuelles” aient pu priver si longtemps des centaines de milliers de patients français d’un agent thérapeutique pourtant connu.
Vos propos ne sont plus crédibles, ni crus, et cela est un progrès.
Alexandra
Cher Dr Costentin,
Je suis ravi et honoré que vous ayez visité notre site internet et j’espère sincèrement que pourrez y glaner des informations intéressantes. Je suis médecin généraliste addictologue et j’ai épluché la littérature scientifique dans le cadre de ma thèse et de mes travaux pour NORML France. Mon expérience clinique et les études scientifiques se recoupent sur un point fondammental: les cannabinoides présentent une balance bénéfices-risque très favorable dans plusieurs indications (par ex sclérose en plaques, fibromylagie, maladie de crohn, schizophrénie, épilepsie) ou à visée symptomatique (douleur neuropathique chroniques, cachexie, spaticité). Tous les patients ne sont pas répondeurs, non le chanvre n’est pas une panacée mais il n’en demeure certainement pas moins fortement utile en médecine et possède notamment une très grande sécurité d’emploi, éprouvée depuis des millénaires et aujourdhui étayée cliniquement par des milliers d’études. Evidemment, le chanvre à visée médicale ne se fume pas, il se vaporise, s’ingère ou s’applique sur la peau, donc ne détournons pas le débat sur les modes d’administrations toxiques qui résultent de l’absence d’éducation aux bonnes pratiques et non du produit en lui même. Nos pharmaciens pourraient parfaitement produire et réaliser des extractions végétales sur prescription médicale, en demandant des dérogations à l’ANSM au vu de la sécurité d’emploi et des besoins immenses en France. Ces molécules pourraient soulager ou soigner de 300 000 à 2 millions de français, dans plus de 50 indications différentes. Nnous nous devons cher confrère, d’être au service et à l’écoute de nos patients qui souffrent en silence, de ne pas dénigrer tous ces vécus, qui plus est, lorsque leurs dires sont corroborés par les études scientifiques. Nous recevons tous les jours des témoignages de patients qui nous expliquent que le cannabis leur a permis de supprimer symptômes et handicap d’un coté, médicaments et pension d’invalidité de l’autres et dans certains cas de sauver des vies. D’autres patientent en tapant du poing pour accéder au Sativex ou cherchent des sites web fiables pour obtenir du CBD. D’autres enfin sont arrivés par un malencontreux hasard sur la case justice, voire prison. Nous devons valoriser et aider nos patients et non les discriminer et les priver d’un remède potentiel. Primum non nocere, les canabinnoides ont moins d’effets secondaires indésirables que les benzodiazépines, les neuroleptiques, les antiépileptiques ou les corticoides… Je vous invite Mr Costentin, avec tout le respect que je vous dois, à porter un regard neuf sur la question en vous penchant sur les travaux scientifiques répertoriés dans notre guide d’application Therapeutique . Je vous en conjure, au nom des milliers de patients impatients d’être reconnus comme usager médicaux et non comme addict ou délinquant, vous etes certainement enclin au vu de votre parcours émerite de saisir toute la justesse te l’intensité de ce propos.
Olivier Bertrand