Bâle, Suisse – La consommation de cannabis à haute teneur en CBD et faible en THC n’a pas d’impact négatif sur les capacités à conduire, selon les données d’essais cliniques publiées dans l’International Journal of Legal Medicine.

Une équipe de chercheurs suisses a évalué l’impact du cannabis à dominante CBD (moins de 1% de THC) sur les capacités de conduite en simulateur.

Conformément à d’autres études évaluant l’influence du CBD sur les capacités psychomotrices, les enquêteurs ont reconnu : « Aucune différence significative concernant la capacité de conduire n’a été trouvée entre les produits à base de CBD et le placebo. »

Cependant, les chercheurs ont rapporté que les participants ont néanmoins été testés positifs pour des traces de THC dans leur sang dans les heures qui ont immédiatement suivi leur consommation de fleurs de cannabis à faible teneur en THC. En conséquence, ils ont averti que certains consommateurs pourraient potentiellement enfreindre les lois sur la sécurité routière qui imposent l’absence de THC dans le sang, même si leur capacité à conduire n’a pas été impactée.

Des usagers dans l’incertitude

En France, la cour de cassation a récemment statué que la présence de THC dans la salive ou le sang suffisait à caractériser le délit de conduite après avoir fait usage de stupéfiant, même si la présence de THC relevait d’une consommation de cannabis à haute teneur en CBD. Cette décision est allée casser des décisions de justice où les conducteurs n’ont pas été condamnés après avoir réussi à prouver une consommation de cannabis à faible teneur en THC. Elle a plongé des milliers d’usagers de cannabis légal dans l’insécurité juridique, au même titre que tous les autres usagers de cannabis.

Au Etats-Unis, cinq États – l’Illinois, le Montana, l’Ohio, la Pennsylvanie et Washington – imposent diverses “limites per se” pour la détection de traces de THC dans le sang, tandis que dix États (Arizona, Delaware, Géorgie, Indiana, Iowa, Michigan, Oklahoma, Rhode Island, Utah et Wisconsin) imposent des normes de tolérance zéro comme en France. Dans ces États, conduire un véhicule avec des niveaux détectables de THC dans le sang constitue une infraction pénale aux lois sur la sécurité routière – même en l’absence de toute preuve démontrable de déficience psychomotrice.

Pour une approche rationnelle

NORML France s’est longtemps opposée à l’imposition de seuils de THC per se pour les cannabinoïdes dans la législation sur la sécurité routière, affirmant que la seule présence de THC et/ou de ses métabolites dans le sang, en particulier à de faibles niveaux, est un indicateur incohérent et largement inapproprié de déficience psychomotrice chez sujets consommateurs de cannabis.

Nous préconisons une approche non pas centrée sur la détection d’un seuil mais sur les aptitudes de conduite du conducteur, au travers de tests psychomoteurs.

En l’absence de ces dispositions, le maintien de ces lois est un moyen détourné de poursuivre les usagers de cannabis, illégaux comme légaux, et d’en décourager la consommation pour ces derniers, alors qu’elles devraient d’abord protéger les usagers de la route, de manière objective et rationnelle.

Le texte intégral de l’étude, « Effet de la vaporisation de cannabis riche en cannabidiol sur les taux de cannabinoïdes dans le sang et sur la capacité de conduire – Un essai clinique randomisé », apparaît dans l’International Journal of Legal Medicine.

 

Adapté d’un article original publié par NORML